45 partis politiques regroupés dans le GPS (Groupement des partis solidaires pour les élections de 2012) ont animé une conférence de presse le samedi 26 novembre 2011 à la Maison de la presse. Objet : attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la manière quelque peu cavalière avec laquelle le gouvernement est en train de conduire le processus électoral et les dérives inhérentes à cette situation.
Les 45 partis politiques qui composent le GPS dans lequel on retrouve des grosses pointures comme l’URD, le CNID Faso Yiriwa Ton, le MPR, le Sadi, la Codem, le RPM etc., en ont gros au cœur par rapport à l’organisation des consultations électorales de 2012. Aussi, sont-ils montés au créneau le samedi 26 novembre pour fustiger les dérives constatées dans la conduite cavalière du processus électoral par le gouvernement, lesquelles découlent, selon eux, de la marginalisation de la classe politique.
Le coordinateur du regroupement, le Pr. Younouss Hamèye Dicko n’a pas porté de gangs face à ce qu’il qualifie de ‘’non respect’’ envers le peuple malien. D’abord le GPS a cette amertume d’avoir adressé, sans suite, deux mémorandums relatifs au fichier électoral aux plus hautes autorités de la République : le premier à S.E monsieur le président de la République le 24 juin 2011 ; le second le 20 juillet 2011 au ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, avec amplification à monsieur le président de la République et à Mme le premier ministre. Cette attitude a donc sérieusement vexé le professeur Dicko et sa compagnie. Mais comme si cela n’avait pas suffit, expliquent-ils, le gouvernement s’est permis de prendre récemment d’importantes décisions par rapport à ces mêmes élections sans au préalable consulter la classe politique.
Il s’agit de l’adoption par le gouvernement du calendrier électoral en l’absence de concertation avec les partis politiques. Le couplage du 1er tour de l’élection présidentielle et du référendum. A ce niveau, Younouss Hamèye Dicko et ses partisans estiment que ‘’l’argument financier évoqué et servant de prétexte est sans objet’’. ‘’Ce même argument a été balayé au moment des débats sur le RAVEC. Un tel couplage est totalement inédit ! Jamais un référendum n’a cherché à se faire adopter par le collège électoral d’une élection présidentielle. Une telle disposition est illégale car un référendum se fait par un collège électoral spécialement convoqué à cet effet, ainsi qu’au vu de la loi électorale de 2006 encore en vigueur’’, a martelé le professeur Dicko. Par rapport à la prise en charge par l’Etat de la pièce devant servir à l’identification de l’électeur, le GPS indique que cette question n’a toujours pas reçu de suite favorable auprès du MATCL. De même que les difficultés rencontrées par les citoyens de nos villages et campagnes pour l’accomplissement des différentes opérations liées aux élections. ‘’ De nombreux citoyens des villages et campagnes ne sont pas en mesure d’aller vérifier leur présence sur les listes électorales, ou se faire recenser à cause de l’éloignement de leurs lieux de résidence ‘’, a souligné le conférencier Dicko avant d’ajouter qu’en raison des retards constatés dans l’acheminement des supports de la révision en cours des listes, le GPS reste dubitatif sur la qualité de ces révisions. En outre, a-t-il dit, la radiation des quelques deux millions de citoyens qui n’ont pas retiré leurs cartes d’électeurs en 2009 est totalement illégale et ne repose sur aucun fondement juridique.
Le GPS explique qu’il note également des contradictions dans le discours quant à l’implication des dispositions du projet de constitution dans le processus électoral en préparation. A ce niveau, Dicko souligne que lors de la rentrée des Cours et Tribunaux, ATT s’est permis de dire qu’il prépare cette constitution pour lui-même, le Mali et son successeur, alors qu’il suffisait pour lui de dire que la constitution sera faite pour le Mali. Aussi, le GPS regrette le fait qu’il n’existe même plus de cadre de concertation des partis politiques-MATCL. ‘’Ce ministère prépare unilatéralement les élections et cela constitue tout simplement un mépris pour les partis politiques, les premiers concernés. Ainsi, les partis politiques exigent-ils leur implication totale et entière dans toutes les étapes du processus électoral’’, a martelé le professeur Dicko.
Toutefois, il n’y a pas question pour le GPS de boycotter les élections, car disent-ils, cela fera l’affaire de ceux qui veulent mettre le feu au pays. Au contraire, le GPS est confiant qu’il va gagner les élections de 2012 s’il n’y a pas de triche et d’injustice.
Abdoulaye Diakité
Le professeur Dicko en veut-il à ATT ?
Au cours de cette conférence de presse, Younouss Hamèye Dicko, est apparu comme quelqu’un qui en veut sérieusement au chef de l’Etat. Pourquoi ? Allez-y savoir. Nous vous livrons quelques uns de ses propos : « Nous ne resterons pas les bras croisés et qu’on mène le pays là où on veut. Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est qu’on ne respecte pas le peuple malien et celui-ci se fera respecté. On va nous écouter ou on va droit dans le mur parce qu’on est proche du mur avec l’accumulation de cette série de maladresses dans la gouvernance. Notre sécurité d’homme est aujourd’hui en danger. Si les règles démocratiques ne sont pas respectées, nous protesterons le moment venu. C’est nous qui avons accepté d’être méprisés. On a eu tort de laisser un homme (Ndlr : ATT) faire tout seul et depuis un an on commence à voir des passages en force à l’Assemblée nationale. Et quand on laisse un homme faire tout seul, il y a un moment où il se croit infaillible et à la moindre contradiction, il se fâche et se dit qu’est ce que j’ai fait de mauvais ? Ce n’est pas ATT seulement, mais n’importe quel homme. Celui qui fait ce qu’il veut, au bon moment, les Maliens seront là pour le rappeler à l’ordre ».
A.D