Concertations régionales de Bamako : Le premier ministre donne le coup d’envoi

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En termes de déconcentration, le Mali comprend 410 circonscriptions administratives composées de 19 régions, 1 District, 60 cercles et 330 arrondissements.

Mais 56 de ces circonscriptions ne sont pas encore fonctionnelles

Dans le cadre de la réorganisation territoriale du Mali, le gouvernement avait procédé, par la loi n°2012 -017 du 2 mars 2012, à la création de nouvelles circonscriptions administratives régionales, faisant ainsi passer le nombre de régions de huit à dix-neuf. La réorganisation territoriale inachevée de 2012 a eu pour conséquences principales la création d’entités administratives non opérationnelles et l’impossibilité pour les populations de ces entités de participer entièrement, faute de listes électorales appropriées, aux élections.

Pour corriger les insuffisances constatées, le gouvernement se propose de soumettre les avant-projets de loi à l’examen de conférences régionales sur l’ensemble du territoire. Hier, le coup d’envoi de ces importantes assises a été donné par le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga à la faveur des conférences régionales du District de Bamako qui se tiennent au gouvernorat. L’ouverture des travaux a eu lieu en présence de plusieurs membres du gouvernement, des représentants des communautés traditionnelles et religieuses ainsi que de nombre d’invités. La rencontre de trois jours vise à rapprocher davantage l’administration des populations; à redimensionner les grands espaces pour permettre à l’Etat de mieux encadrer les collectivités territoriales et à favoriser l’atteinte des objectifs de développement économique, social et culturel. Outre l’administration publique, les participants sont issus de la société civile (Association des collectivités, cercles du Mali, Association des municipalités du Mali, représentants des chefferies traditionnelles; représentants des chefs religieux, etc). Premier à s’exprimer tout naturellement, le maire de la commune IV, Adama Bérété, a salué les autorités pour le choix porté sur sa circonscription afin d’abriter cet important événement. L’édile a aussi indiqué qu’aucun pays ne peut, aujourd’hui, se développer sans la réorganisation de son territoire. A sa suite, le gouverneur du District de Bamako, le colonel Débérékoua Soara, a précisé que pour la conduite de la circonscription administrative, il est assisté des membres de son cabinet et de 43 agents d’exécution.

«La complexité et la multiplicité des attributions dévolues au gouverneur ne lui permettent pas de fournir à souhait des services de qualité aux communes, dont il assure la tutelle, aux services techniques déconcentrés et aux usagers des services publics. D’où l’épineuse question de la sous administration du District de Bamako», fera-t-il remarquer.

Pour terminer, le gouverneur de la capitale a pris l’engagement de soumettre à l’instance nationale de validation du projet de réorganisation territoriale, des propositions pertinentes fondées sur les réalités socio-culturelles et économiques du District permettant la promotion d’un développement local et régional équitable et durable.

Ouvrant les travaux, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, a rappelé qu’en termes de déconcentration, le Mali comprend 410 circonscriptions administratives composées de 19 régions, 1 District, 60 cercles et 330 arrondissements. Mais 56 de ces circonscriptions ne sont pas encore fonctionnelles. En termes de décentralisation, selon le ministre Ag Erlaf, le pays compte 825 collectivités territoriales dont 10 régions, 1 District, 60 cercles et 754 communes. Il a regretté que 63 collectivités territoriales ne soient pas encore dotées d’organes délibérants et exécutifs.

«La réorganisation territoriale proposée aujourd’hui aux Maliens et qui se discute sur l’ensemble du territoire s’apparente à une révolution par l’innovation qui réside dans le fait que, pour la première fois, en République du Mali, un gouvernement décide de soumettre un avant-projet de réorganisation administrative du territoire à l’avis des citoyens regroupés de manière inclusive au niveau de chaque région administrative», a argumenté le ministre.

Pour le chef du département de l’Administration, l’objectif de toute réorganisation du territoire est de permettre au gouvernement, hier comme aujourd’hui, d’administrer le territoire et de réunir les meilleures conditions du moment pour son aménagement, dans sa diversité géographique et humaine. Et Mohamed Ag Erlaf d’énoncer que les conférences régionales sont le début d’un processus qui nous permettra de construire durablement notre pays. «Que les conférences soient un lieu d’expression démocratique de nos avis et suggestions divers et pluriels, mais tous constructifs d’un avenir commun. Plus particulièrement, aucune proposition ne devrait être acceptée si elle devait mettre en cause des solidarités locales fondées sur l’Histoire, la culture, les coutumes, les modes de vie et de production», a-t-il invité.

Lors de son intervention, le Premier ministre a noté que c’est la première fois que l’Etat organise des consultations démocratiques sur la réorganisation administrative du territoire. Pour Soumeylou Boubeye Maiga, cet exercice traduit la volonté de rendre irréversible la nature décentralisée de notre République, d’approfondir aussi la proximité de l’administration des administrés de manière à rendre plus efficace l’action publique dans les différents secteurs, et de manière à rendre aussi plus rationnelle l’organisation administrative.

Depuis l’annonce des concertations, selon le chef du gouvernement, les autorités du pays ont enregistré de nombreuses interrogations et inquiétudes sur le statut de chacun. «Nous avons toujours apporté la même réponse en disant que le gouvernement restera attentif aux résultats des concertations, trouvera un autre niveau de synthèse pour décider de ce qui sera adopté définitivement en ce qui concerne les circonscriptions administratives et les collectivités territoriales», a assuré Soumeylou Boubeye Maiga.

De même, le premier chef de l’administration malienne dit avoir fait le pari de faire confiance aux citoyens, de les laisser s’exprimer et de dire que ce n’est pas dans des Etats-majors des partis que l’avenir du pays est décidé sur les questions aussi fondamentales. Avant de regretter les récupérations et manipulations politiques qui se sont amplifiées ces derniers temps autour de l’initiative. «J’invite, sur l’ensemble du territoire, tous ceux qui pensent avoir quelque chose à dire, d’aller le défendre dans les assemblées qui vont se tenir. Dans les débats démocratiques, nous avons toujours considéré la politique de la chaise vide comme un manque de confiance en soi-même. Pour notre part, nous n’allons pas nous laisser distraire par ces tentatives, nous allons continuer cet exercice, le moment venu, nous prendrons les décisions qui s’imposent…», a martelé le chef du gouvernement.

Avant de terminer, le PM a souhaité aux participants d’avoir des travaux constructifs. «C’est cet appel que je voudrais lancer ici à Bamako, mais pour l’ensemble du territoire, pour que les citoyens gardent leur confiance en leur capacité collective de construire un destin commun», a-t-il conclu .

Massa SIDIBé

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