Concertation entre le ministère de l’Administration et les partis politiques :Le gouvernement renvoyé à ses responsabilités pour fixer les dates d’élections en 2012Le choix du fichier électoral divise les partis politiques

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Nous avions vu juste en annonçant dans notre édition précédente que le report des élections générales de 2012 allait figurer en filigrane dans les débats lors de la rencontre entre le ministère de l’Administration territoriale et les partis politiques hier, dans la matinée, au Gouvernorat de Bamako. En effet, après la présentation des résultats provisoires de la première phase du RAVEC, le général Kafougouna Koné a précisé que le nouveau fichier électoral ne pourra voir le jour qu’après l’étape de correction des anomalies qui durera jusqu’au 30 juin prochain. Sans aller droit au but, il a exprimé deux préoccupations. D’abord, il aurait souhaité que le fichier du RAVEC ne soit pas expérimenté lors de la prochaine présidentielle et surtout, dira-t-il : ” Il nous faut gérer le temps “. En réponse, les partis politiques ont mis le gouvernement face à ses responsabilités pour la tenue du scrutin en 2012, tout en étalant leurs divergences en ce qui concerne le fichier utilisable pour lesdites élections.

La rencontre d’hier a permis aux représentants des partis politiques de renouer avec un cadre de concertation mis en veilleuse depuis presque deux ans par le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales. Mais selon ce dernier, il n’y avait pas de sujet intéressant à discuter au niveau de ce cadre, c’est pourquoi il a attendu la fin de la première phase du Recensement administratif à valeur d’état civil (RAVEC) pour rencontrer les partis politiques afin de leur présenter les premiers résultats en attente de correction.

Mais en réalité, la question du fichier électoral qui agite le landerneau politique est le principal mobil de cette rencontre, à laquelle le gouvernement accorde une grande importance. Pour la circonstance, le ministre Kafougouna était accompagné de son collègue chargé de la Communication et porte-parole du gouvernement, Sidiki Konaté, du général Siaka Sangaré patron de la Délégation générale aux élections (DGE), du secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale, Boubacar Sow et du gouverneur de Bamako, Souleymane Diabaté.

Du côté des partis politiques on a noté, entre autres, Dr Abdoulaye Amadou Sy de Mplus Ramata, Aba Touré de l’URD, Tiébilé Dramé du PARENA, Bakary Konimba (Bakary Pionnier) du RPM, Pr Amadou Touré de l’UMP, Oumar Hamadoun Dicko du PSP, etc. Remarquons au passage que les femmes, qui aiment tant s’agiter sur les questions électorales ces derniers temps, n’étaient que cinq, perdues dans une forêt d’hommes pour discuter d’un sujet aussi important pour l’avenir de la démocratie malienne.

Selon les explications qui ont été servies à l’assistance, le RAVEC vient de boucler sa première phase le 31 janvier dernier. Depuis cette date, est entamée une autre étape, celle de correction des anomalies qui durera jusqu’au 30 juin 2011. C’est après seulement qu’interviendra le processus de prise en charge de la délivrance des cartes d’identité et autres documents sécurisés par un code NINA alphanumérique. Selon la présentation faite, le fichier électoral, qui n’est qu’une application du RAVEC, n’interviendra qu’à ce moment-là.

Le décor ainsi campé, le général Kafougouna dira qu’il a deux préoccupations : d’abord il n’aurait pas souhaité que le fichier soit expérimenté lors d’une élection aussi importante que la présidentielle et ensuite, ” il faut gérer le temps parce qu’il y a une question de temps “. En d’autres termes, il faut aller aux élections avec l’ancien fichier ou attendre un hypothétique fichier du RAVEC qui pourrait perturber le calendrier électoral. Sentant le piège, comme l’a du reste précisé M. Cissé, du BARA, les représentants des partis politiques ont voulu exigé que Kafougouna leur garantisse, séance tenante, que les élections auront bien lieu en 2012 et au besoin annoncer les dates prévues. Ce que le ministre a naturellement esquivé, ramenant cette responsabilité au niveau du gouvernement qui est habilité à se pencher sur la question. Précision a été aussi faite par les acteurs politiques, qu’il n’y a pas de petite élection pour y expérimenter un fichier. Alors, autant utiliser celui du RAVEC dès la prochaine présidentielle, à condition qu’il soit opérationnel. C’est là que les avis des politiques vont commencer à diverger.

En effet, face au difficile choix entre l’utilisation du fichier caduc de la DGE, bâti sur les données erronnées du Recensement administratif à caractère électoral (RACE) et un nouveau fichier tiré du RAVEC, les partis politiques y sont allés en rangs dispersés. Si les uns préfèrent qu’on enterre hic et nunc l’actuel fichier pour ne travailler qu’avec celui qui sera tiré du RAVEC, d’autres pensent que le fichier de la DGE, sur la base d’une étude effectuée par ce service, pourrait être amélioré et utilisé. Un troisième groupe coupe la poire en deux en prônant que le ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales travaille sur les deux fichiers pour mettre les partis politiques à l’abri de toute surprise désagréable, notamment en cas de non disponibilité du fichier RAVEC. «Ce n’est pas parce que les nuages sont au ciel que l’on vide les jarres déjà pleines», dira Mme Diallo du Parti des écologistes.

Notons que dans l’intervention des partis politiques, même si on évitait de le dire expressément, cela revenait en filigrane comme un leitmotiv : pas question de report des élections de 2012. Ce qui veut dire qu’il y a de fortes chances que le fichier de la DGE, tant critiqué, soit utilisé et tant pis pour les principes de transparence et de fiabilité. Ce sera,de toute façon un choix des politiques !

Amadou Bamba NIANG

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