Composition de la majorité présidentielle : Le Parti SADI est-il victime d’ostracisme?

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Depuis plusieurs mois le courant ne passe plus entre le Parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance et ses alliés de la mouvance présidentielle. Les raisons de cette brouille remontent à la signature de la Convention des Partis Politiques de la Majorité Présidentielle (CMP). Lire notre commentaire.

Dr Oumar Mariko
Dr Oumar Mariko

Cette convention est le résultat d’une lutte d’influence entre le RPM (Rassemblement pour le Mali), la force locomotive de la majorité présidentielle et le Premier ministre Moussa Mara le chef de l’exécutif. Les deux camps s’étaient livrés à une bataille féroce pour le contrôle du leadership de cette majorité. Au départ il y a eu cette initiative du Premier-ministre «visant à mobiliser les forces politiques de la Majorité présidentielle pour la mise en œuvre efficace et efficiente du Projet de société du Président de la République.

Cette initiative passe par une meilleure information des Maliens afin d’obtenir leur soutien dans la mise en œuvre du projet présidentielle à travers un programme de Gouvernement, la mise en place d’un cadre d’échange entre les institutions et la Coordination de la majorité présidentielle pour assurer une meilleure visibilité de l’action gouvernementale et amener les partis de la majorité à formuler au Premier ministre des propositions de solution aux grandes préoccupations de la nation. Enfin, elle vise à ce qu’on parvienne à une gestion concertée des institutions de la République en tenant compte des compétences existantes au sein de la Majorité». Afin de donner corps à cette initiative, un organe d’exécution appelé directoire a été mis en place.

Les premières escarmouches ont surgi lors de la mise en place du directoire et de son lancement officiel. Dans une correspondance adressée au Premier ministre, le RPM rappelle au Premier ministre que la mise en place de cet organe n’est pas de son ressort et qu’il lui revient de droit. La réponse du chef de l’exécutif ne se fait pas attendre. Il accède à la demande du RPM et fait profil bas. Requinqué par cette «victoire» qu’il vient d’obtenir sans coup férir, le RPM remet au goût du jour son fameux projet de Convention des Partis politiques de la Majorité présidentielle.

À l’exception notable de SADI, les autres partis ont signé la Convention. Le Parti SADI argumente que le débat autour du projet de convention n’était pas la priorité. «Il faut d’abord assurer la cohésion et la solidarité au sein de la Majorité présidentielle, œuvrer ensemble pour renforcer sa capacité à conduire un processus participatif massif de construction d’une plate-forme politique en lieu et place d’une Convention capable de répondre aux enjeux fondamentaux de souveraineté, d’indépendance nationale, de consolidation de la paix, de démocratie et de construction d’un nouvel Etat capable de garantir un avenir meilleur à tous les fils du pays», soutient-il dans une correspondance signée de son Secrétaire Administratif Nouhoum Keita et adressée au RPM.

Et pour être plus explicite, la lettre souligne que «le Parti SADI, conformément aux instructions du Bureau politique, décide de suspendre sa participation au débat projeté au sein de la Majorité présidentielle et va s’engager à œuvrer à ce que la Majorité revienne dans le processus d’une démarche collective de réflexion pour la mise en place de cette plate-forme politique afin de rallier toutes les forces acquises au changement. Cette démarche n’exclut nullement une reconnaissance du fait majoritaire qui est naturel en démocratie et doit s’exprimer clairement.

Mais ce fait majoritaire doit tenir compte de la pluralité des expressions et des sensibilités des autres composantes de la majorité. Il ne doit pas s’illustrer sur la base du seul projet de société du Président de la République. L’extrême fragilité du pays dans un contexte de mainmise et de domination étrangère est une donnée essentielle que nous devons intégrer dans nos démarches communes. Aussi, il convient de noter que les forces du changement n’ont pas de projet de société commun. Ce qui nous oblige à un minimum de plate-forme de gestion de l’Etat dans laquelle chacun doit se reconnaître».

Cette correspondance a créé un froid dans les relations pourtant très suivies entre les deux Partis qui se rencontraient très régulièrement et le plus souvent sur demande de SADI. Il faut cependant rappelé qu’il existait déjà des antécédents fâcheux entre les deux alliés : le débauchage entrepris par certains dirigeants du RPM contre le Groupe parlementaire SADI-Ex FARE. Les dirigeants du Parti SADI ont exprimé publiquement à leurs camarades du RPM leur confusion quant à la sincérité de leur partenariat, même si ils se sont entendus dire que cette regrettable démarche n’est pas le fait d’une décision politique partagée au sein de leur parti. Au résultat, le groupe parlementaire a volé en éclat et les ex-FARE ont rejoint le RPM avec armes et bagages. Il y a aussi la composition et le renouvellement du Bureau de l’Assemblée Nationale et des Commissions dans lesquels le Parti SADI n’a pas obtenu la position qui correspondait à son poids à la Représentation Nationale. Il est pourtant la 4è force politique de la Majorité après le RPM, l’ADEMA et la CODEM !

Dernière illustration des rapports tendus entre SADI et ses alliés de la majorité : son exclusion décrétée de fait à la rencontre récente entre le Président de la République et les Partis politiques (Majorité comme opposition) sur la situation politique nationale. Il est aussi établi que depuis janvier 2014, sa demande d’audience auprès du Président de la République est restée sans suite. Entre temps, celui-ci a reçu plusieurs forces politiques, sociales et syndicale du Pays. S’agit-il d’une punition à l’encontre d’un allié trop indépendant et difficile à contrôler?

Le Parti SADI qui ne rate aucune occasion pour dire à ses alliés que le pays n’a pas pris la direction du changement va-t-il tirer les conséquences de cette situation? Les prochains jours nous édifieront surtout qu’il tiendra à Sikasso les 13 et 14 décembre prochains son 4è congrès ordinaire.

Maïmouna S BALLO

 

 

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