Composition de nouvelle Ceni : La majorité s’accapare de tous les postes

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Hier 11 septembre 2011, les partis de l’opposition ont animé une conférence de presse pour, encore une fois, dénoncer la composition de la CENI décrétée par le Gouvernement. Une nouvelle configuration qui ne lui accorderait plus aucune place sur les dix qui reviennent aux partis politiques.

Dimanche 11 septembre 2011, «anniversaire du début de la guerre déclenchée par l’impérialisme américain contre les peuples opprimés du monde», les partis maliens de l’opposition parlementaire et extraparlementaire ont organisé une conférence de presse, dans la salle de réunion de la radio Kayira, pour protester contre le décret de nomination des membres de la nouvelle CENI, adopté, selon eux, lors du dernier Conseil des Ministres. Les principaux orateurs, Mohamed Ag Akératène (Sadi), Ahmed Cissé (Bara), Modibo Sangaré (UNFPR) et Nouhoum Kéïta (Sadi) étaient entourés du Collectif des conseils qu’ils ont constitué pour user de «toutes les voies de recours». Il s’agit de Me Mohamed Aly Bathily, Me Mariam Diarra et Me Bréhima Kanté, tous Avocats.

Dans une déclaration liminaire, les conférenciers ont relaté les faits et souligné les griefs qu’ils nourrissent à l’égard du Gouvernement. Selon eux, le Mali organise en 2012 des élections que le peuple espère transparentes, crédibles et sincères. Or pour cela, il faut une Commission Electorale Nationale et Indépendante objective, c’est-à-dire au sein de laquelle sont représentés équitablement la société civile, les partis politiques de la majorité et ceux de l’opposition. Mais visiblement, selon le constat fait par l’opposition, «le Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales (MATCL) s’est engagé systématiquement dans des manœuvres visant à exclure les partis politiques de l’opposition dans la mise en place de la CENI».

En effet, à leurs dires, après l’échec des nombreuses négociations entre majorité et opposition sur la représentativité et l’interprétation de la notion d’équité, le MATCL en est arrivé à faire adopter un décret qui ne donnerait apparemment qu’un seul poste à l’opposition. Or, selon les conférenciers, le bénéficiaire de cet unique poste, un certain Moussa Konaté, serait «un de ses hommes de main (de Kafougouna Koné, NDLR), transhumant politique de haut niveau ayant traîné sa bosse au Parti Ecologiste pour l’Intégration (PEI), puis au Parti Ecologiste du Mali, ensuite au PSD avant d’atterrir au PDES dont il est le Coordinateur à Lakamané dans la région de Kayes». Il serait également «le représentant permanent du Général Kafougouna Koné à la CENI», notamment en 2007 et 2009. Bref, l’homme ne serait pas un représentant de l’opposition et ne serait à la CENI que pour défendre les intérêts du Gouvernement et de sa majorité. Calcul : cette majorité gouvernementale a ravi la totalité des dix postes prévus pour les partis politiques, en ne tenant nullement compte du principe d’équité.
Quel sens donné à ce principe d’équité?

L’éclairage est donné par un des Avocats du Collectif de l’opposition, Me Mohamed Aly Bathily. Selon lui, équitablement ne veut nullement dire proportionnellement. Pour lui, dans le vocabulaire juridique universellement reconnu et adopté par tous, équité veut dire égalité. Dès lors, le juriste ne comprend pas que le Gouvernement et la majorité se focalisent sur ces notions, en ne parvenant pas à faire la différence entre le vrai sens des mots. «Un gouvernement incompétent qui, après 50 années d’indépendance et de formation d’éminents juristes dans les écoles du Mali et d’ailleurs, fait de la littérature et de la spéculation au lieu d’appliquer la loi et de dire le droit», déclare-t-il.

Selon lui, le principe d’équité défendu par la loi veut un partage égalitaire entre majorité et opposition ; autrement dit, chaque camp a droit à cinq représentants au sein de la CENI. Laquelle étant une structure de suivi, de certification des résultats des prochaines élections, d’arbitrage, dont la composition ne se soumet pas à la seule volonté de la majorité. Même si l’opposition ne compte qu’un seul parti contre 200 pour la majorité, elle a droit à cinq postes.

Quant à l’Etat, il n’aurait jamais dû sortir de son rôle de neutralité, surtout en publiant un décret qui n’est ni signé, ni daté, ni numéroté. D’où l’impossibilité, pour l’heure, d’attaquer ce document qui, juridiquement, n’existe pas. Toutefois, si le gouvernement s’entête et se hasarde à s’en tenir au décret «de» Kafougouna Koné, les partis politiques de l’opposition envisage d’autres actions, au cas où la justice ne tranchait pas en leur faveur. Mais sur ce point, les conférenciers sont sereins et font confiance à leur justice. Ils sont convaincus que le droit sera dit.
Cheick TANDINA
 

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