Ce 7 juillet, à partir de 00 Heure, s’ouvre la campagne pour l’élection présidentielle du 29 juillet prochain. Elle se déroulera pendant trois semaines et sera close le 27 juillet à minuit, donc à moins de 48 heures du scrutin. Cela, conformément aux dispositions du Décret N°2018-0398 du 27 avril 2018 portant convocation du collège électoral, de l’ouverture et de la clôture de la campagne à l’occasion de l’élection du président de la République. Cette élection sera le 6ème du genre depuis l’avènement du pluralisme démocratique au Mali grâce à la Révolution du 26 mars 1991. Avant ce tournant majeur dans l’histoire du Mali, celui-ci avait connu le régime de parti unique à travers l’US-Rda puis l’Udpm. S’agissant de la magistrature suprême du pays, il y a eu deux formules à la tête de l’Etat. D’abord (1959-1968), le système de Conseil de Gouvernement issu d’élections législatives. Le président dudit Conseil exerçait les fonctions de chef de l’Etat. Ensuite (après la décennie 1968-1978 de régime d’exception), notre pays institue le système de l’Exécutif dirigé par un président de la République, élu au suffrage universel direct (de 1979 à nos jours). Notre Dossier d’aujourd’hui permet de jeter un regard rétrospectif avec de pleins phares sur tous les résultats officiels définitifs des cinq (5) éditions des compétitions présidentielles au Mali. Lesquelles constituent une consultation électorale particulière qui donne droit aux citoyens maliens de désigner celui ou celle devant présider aux destinées du pays pour cinq (5) ans voire dix (10) ans en cas de réélection.
Dossier réalisé par La Rédaction.
Du président du Conseil du Gouvernement (chef de l’Etat) au président de la République
L’histoire de la fonction présidentielle (chef de l’Exécutif) a commencé dans notre pays avec la République Soudanaise en 1959 après la période de l’autonomie accordée par la puissance coloniale française à ses colonies d’Afrique à travers la Loi-cadre (1957-1959). Il convient de souligner que sous la République Soudanaise (1959-1960) puis sous la 1ère République du Mali (1960-1968), les constitutions respectives du 23 juin 1959 et du 22 septembre 1960 ne disposaient pas de président de la République comme Institution d’Etat (telle qu’actuellement). Pendant l’époque (1959-1968), le Président n’était pas élu au suffrage universel direct, autrement dit directement par le peuple. C’étaient plutôt ses représentants élus (députés) qui désignaient la première personnalité de l’Etat. Au terme des Constitutions citées ci-dessus, le pouvoir exécutif était exercé uniquement par le Gouvernement dont le président du Conseil doté des pouvoirs et prérogatives de chef de l’Etat.
Sur désignation unanime des députés, le 15 avril 1959, le président Modibo Kéïta (leader de l’Us-RDA dont il était le secrétaire général) avait été ainsi élu président du Conseil de Gouvernement (émanation de la majorité parlementaire), chef de l’Etat. Cette élection indirecte découlait donc du poids majoritaire de l’Union Soudanaise RDA qui avait remporté, à l’issue des législatives du 8 mars 1959, tous les 80 sièges à l’Assemblée Territoriale Soudanaise. C’est avec ce statut de chef de l’Etat qu’il a dirigé la République Soudanaise jusqu’au 22 septembre 1960, date de la proclamation de l’Indépendance de la République du Mali. Le système de l’exécutif fondé sur l’institution gouvernementale est reconduit de fait pour conduire les premiers pas du jeune Etat indépendant.
Ce dernier organise, le 12 avril 1964, les premières élections législatives du Mali avec la liste unique de l’US-Rda proposant les 80 députés. Le président Modibo Kéïta (toujours élu député) est automatiquement reconduit dans ses fonctions de chef de l’Etat jusqu’au coup d’Etat militaire du 19 novembre 1968 qui met fin à la 1ère République. Ses tombeurs instaurent un régime d’exception sous la coupe réglée d’un Comité militaire de libération nationale (Cmln) comprenant 14 officiers dont le lieutenant devenu colonel puis général, Moussa Traoré, chef de l’Etat. Celui-ci et ses compagnons mettront dix ans avant de doter le pays d’une nouvelle Constitution (2 juin 1974) qui fonde la 2ème République du Mali et entre en vigueur 1979. Elle institue un Parti unique de droit, l’Udpm (l’Union démocratique du peuple malien). Le secrétaire général de ce parti est systématiquement son candidat à l’élection présidentielle. Ainsi, le Général Moussa Traoré, seul en lice le 19 juin 1979, est élu président de la République avec 98,89% des suffrages exprimés. Il exercice un mandat de six ans et est reconduit lors du scrutin présidentiel du 9 juin 1985 avec 99,94% des voix des électeurs dont le choix était toujours limité au seul candidat de l’Udpm.
Réélu pour six ans à la tête du pays, le président Moussa Traoré n’arrive pas au terme de son mandat car, lui et le parti unique constitutionnel sont emportés violemment par le vent du renouveau démocratique d’essence pluraliste. Leur chute est engendrée par une insurrection populaire parachevée par le coup d’Etat militaire du 26 mars 1991. Ce changement de régime au relent révolutionnaire permet l’instauration du multipartisme intégral et la naissance de la 3ème République (Constitution du 25 février 1992). Depuis cette période jusqu’à nos jours, le Mali a ainsi organisé des scrutins présidentiels, législatifs et communaux. Tenues quasiment à des intervalles réguliers, ces consultations électorales ont mis en compétitions démocratiques les candidats appartenant à diverses sensibilités sociopolitiques.
Au cours des 26 années de pratique électorale pluraliste, notre pays a connu avec des fortunes diverses cinq (5) élections présidentielles. Celles-ci ont consacré les victoires successives du Pr Alpha Oumar Konaré (élu en 1992 et réélu en 1997), du Général à la retraite Amadou Toumani Touré (élu en 2002 et réélu en 2007) et de l’actuel chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéïta, élu en 2013. En termes de scrutins, ces présidentielles se sont déroulées effectivement en avril 1992 (deux tours), ensuite en mai 1997 (un tour), également en avril-mai 2002 (deux tours), puis en avril 2007 (un tour) et en juillet-août 2013 (deux tours). Le prochain scrutin du 29 juillet sera l’occasion pour les électeurs maliens de se rendre aux urnes pour la 9ème fois pour pouvoir voter le candidat de leur choix à l’élection du président de la République.