Las de l’anonymat et du refus de Moussa Mara de signer une alliance avec les grands partis politiques, la coordination du parti Yelema en commune V a rendu le tablier pour adhérer au Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES). En dehors des perspectives qu’offre le PDES aux démissionnaires, cette saignée du parti Yelema serait due à des divergences graves entre les têtes pensantes de cette jeune formation politique.
Vendredi dernier, 10 décembre, au siège national du PDES, une cérémonie de bienvenue a été organisée à l’honneur de ceux qui ont quitté le parti Yelema pour le PDES. En plus d’une foule de jeunes militants venus des différents quartiers de la commune, de hauts responsables du PDES ont pris part à l’adoubement des nouveaux militants. Il y avait notamment Jeamille Bittar, le 1er vice président du PDES, Abdoulaye Diop, 5è vice président et le député Foutanga Sissoko dit Babani.
C’est pour des raisons de leadership que Cheickné Camara, précédemment président de la coordination de Yelema en commune V, et ses camardes ont mis fin à leur collaboration avec Moussa Mara, évoquant de multiples raisons. Dans la lettre de démission de la coordination qu’il dirigeait, Camara emploie un ton qui ne trompe guère sur les problèmes internes du parti qu’il a quitté: «Notre parti souffre d’un certain nombre de maux qui n’échappent à l’attention d’aucun observateur avisé. C’est pourquoi notre coordination ne se retrouve plus dans ce parti où les idéaux fédérateurs de justice, d’équité, de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ne sont plus respectés… Vous me permettez de focaliser mon propos sur un certain nombre de tares qui motivent cette démission. Il s’agit d’abord de la question du leadership qui, malheureusement, se transforme de jour en jour en culte de la personnalité et en mépris des autres et de leurs initiatives».
Ce qui faisait particulièrement mal aux responsables de la coordination de la Commune V de Yelema était le fait de passer en second plan. Et, selon Camara, au sein de Yelema la vassalité semble être devenue la règle au mépris d’une collaboration sincère, faite de respect et de considération mutuelle.
Pire, les démissionnaires estiment que Yelema souffre d’un manque criard de ressources humaines de qualité. « Et les rares qui existent sont si mal exploitées qu’elles moisissent dans l’ombre et n’ont aucune opportunité de faire valoir leur compétence, leur talent ; finissant ainsi dans la lassitude, voire l’abandon en laissant la médiocrité s’ériger en règle dont le seul mérite et la seule gloire nous condamne à passer le plus clair de notre temps à placer des virgules et à mettre des accents au lieu de débattre de manière profonde et féconde des grandes questions de l’heure», indique la lettre de démission.
Par ailleurs, souligne la lettre de démission, Yelema se trouverait dans l’incapacité de mobiliser les ressources financières dont il a besoin pour faire face à ses obligations de parti politique crédible. La stratégie qui consiste à vouloir compter sur les maigres ressources de militants majoritairement désœuvrés et pauvres, mais tout de même convaincus par le discours et les valeurs du parti, est vouée à l’échec. «Nourrir la prétention et l’illusion que des paysans et des petits fonctionnaires de l’intérieur, victimes de paupérisation, vont financer le parti au détriment de leur provision alimentaire n’est qu’une chimère qui se confirme quotidiennement au regard de l’incapacité du parti à percer dans ces zones», souligne Camara.
Pire, pour ceux qui ont rendu le tablier, l’idée selon laquelle la stratégie politique de Yelema va consister à refuser toute alliance avec les grands partis de la place, au nom du changement, est considérée comme suicidaire à tous les égards. En réalité, cette décision aurait été prise par Moussa Mara, qui souhaiterait être seul maître à bord, sans concerter la base du parti. Mais pour les démissionnaires, une alliance ouvrirait la voit de la gestion du pouvoir à Yelema.
Soumaïla T. Diarra