Lorsque plusieurs béliers doivent partager le même repas, il y aura forcément de la bousculade et beaucoup de bruit à défaut de coups de tête. Ainsi en est-il de la commune IV de Bamako où on a l’impression de vivre une campagne électorale permanente, à cause d’une effervescence quotidienne liée à des enjeux stratégiques. Et pour cause !
Depuis quelques années, gagner des élections en commune IV du district de Bamako est tout un symbole : c’est la base politique de l’actuel président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, élu deux fois député dans cette commune. La première fois c’était en 2002, sur la liste de la Coalition Espoir 2002. La deuxième fois, c’était en 2007 au nom du Rpm, mais obligé qu’il était de passer par un second tour très suivi parce que mis en ballotage par un jeune loup aux dents longues issu de la société civile : Moussa Mara.
IBK président de la République, sa base politique se trouve très convoitée, aussi bien par ses partisans pour le rassurer que l’opposition pour laquelle gagner n’importe quel scrutin dans ce fief politique du président de la République est très symbolique.
Mais depuis quelques années, le Yéléma de Moussa Maras impose au niveau de la mairie et prouve, si besoin en était encore, que la commune IV reste bien sa base politique.
L’on comprend alors les enjeux qui fondent cette effervescence politique en commune IV du district de Bamako où en dehors de Moussa Mara et IBK dont c’est la base politique, c’est aussi le lieu de résidence du Professeur Dioncounda Traoré, puisqu’il habite au quartier Lafiabougou. Résidence qu’il n’a pas quittée, même lorsqu’il était d’abord président de l’Assemblée nationale et ensuite président de la République sous la transition qui a suivi le coup d’Etat du capitaine devenu général, Amadou Haya Sanogo. A cette influence de Dioncounda Traoré au nom de l’Adema, il faut ajouter celle du ministre du Commerce, Abdoulkarim Konaté dit Empé, secrétaire général de l’Adema. Lui aussi est de la commune IV de Bamako, plus précisément de l’historique quartier d’Hamdallaye.
Tout récemment, Assétou Sangaré, elle aussi du quartier Hamdallaye où d’ailleurs e joue un tournoi de football organisé par le club de ses amis, vient de créer le Parti pour le renouveau et le développement (Prd) dont le siège est en commune IV, plus précisément à Lafiabougou. La commune IV est sa base politique où elle était arrivée en deuxième position lors des élections législatives passées, sur liste du parti Yéléma, où elle était en ce temps la secrétaire générale.
Le candidat à la Présidentielle, Hamadoun Touré, ancien directeur général de l’Union internationale des télécommunications, a aussi son siège (Mouvement Kayira) en Commune IV de Bamako.
Tout comme de grands partis politiques – et pas des moindres- sont domiciliés en commune IV où il y a leur siège national. C’est le cas des Fare de Modibo Sidibé, du RpDM de Cheick Modibo Diarra, du Cnas Faso Héré du Dr Soumana Sacko, pour ne citer que ceux-là. Mais en plus, de forts mouvements de la société civile qui ont fait parler d’eux ces dernières années s’activent en commune IV qui est leur base. C’est le cas de Kawral-Renouveau, une association bien ancrée dans les quartiers de cette localité, tout comme le jeune maire de la commune IV issu de la société civile, Assane Sidibé. Si l’on y ajoute le jeune chroniqueur et leader du Cdr, Mouhamed Youssouf Bathily, qui est de la commune IV, le cocktail politique devient assez détonnant.
A.B. NIANG