Les élections communales, régionales et du district de Bamako sont prévues pour le 25 octobre prochain. Dernier acte pour tourner définitivement la page aux différentes crises qu’a connues le Mali depuis 2012. Si le gouvernement s’active à organiser ces échéances électorales, la classe politique, de son côté, et comme d’habitude, joue à un jeu dangereux : le report de ces élections pour la énième fois. Comme le demande aussi la rébellion.
On savait cette classe politique actuelle irresponsable, dépassée, mais de là à jouer le jeu de la rébellion qui est d’empêcher la tenue de ces élections dans la partie septentrionale désormais considérée par elle comme son « territoire » (Azawad), il y a un grand pas que la classe politique malienne vient de franchir vers une autre crise.
Tout est fin prêt
Pourtant, les structures en charge de l’organisation de ces élections (CENI, DGE), se veulent rassurant. Le premier responsable de la Délégation Générale aux Elections (DGE), le Général Siaka Sangaré, interrogé par un confrère, est formel sur la tenue des élections : «Il faut que nous comprenions que nous devons nous adapter à ce contexte. Sinon quand est-ce que l’insécurité prendra fin dans le pays pour qu’on organise ces élections. Faut-il bloquer le fonctionnement normal des institutions à cause de cette situation ? » Pour lui donc, rien ne justifie un report. Même son de cloche pour la CENI.
Cependant, la classe politique, elle, demande le report à cause de l’insécurité qui prévaut dans certaines localités. Il faut se dire que la crise dite du nord du pays, est aujourd’hui plus politique que militaire.
La MINUSMA face à sa responsabilité
La mission onusienne présente sur le sol malien depuis la détérioration du climat sécuritaire dans les régions nord du Mali par le fait de la rébellion et des groupes armés qualifiés de narcotrafiquants, et de terroristes, a reçu comme mandat d’aider le gouvernement malien à restaurer la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire national et dans l’organisation des différents scrutins. Depuis que cette mission est là, une grande partie de son mandat, n’est pas encore remplie. Il s’agit, notamment, du désarmement et le cantonnement des groupes armés pour garantir la sécurité, le retour des réfugiés, le redéploiement des forces de défense et de sécurité maliennes sur l’ensemble du territoire. Un calendrier toujours renvoyé aux calendes grecques pour des motifs difficilement acceptables pour la majorité des Maliens qui commence à douter de la bonne foi de ses « protecteurs ».
Pour avancer vers la paix, le gouvernement malien a signé un accord de paix avec les groupes armés. Il faut dire que la MINUSMA avait fait de cet accord un préalable de son soutien au processus de sortie de crise au Mali. Mais la signature de cet accord, n’a rien changé au climat d’insécurité qui règne malgré le mandat spécial de la force Barkhane. Cette force « française » a reçu mandat de l’ONU de combattre le terrorisme sous toutes ses formes. Son bilan est très mitigé. La MINUSMA, elle, devrait s’occuper de l’aspect politique de la crise. En somme, elle devrait être du côté du gouvernement du Mali, aujourd’hui, pour garantir la tenue des élections communales et régionales. Mais, elle semble emboiter le pas à la CMA, le groupe rebelle signataire de l’accord, qui, comme toujours, « interdit » au gouvernement d’organiser des élections sur son « territoire ».
Il n’y a pas longtemps, la CMA, présente à Bamako dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord, a rencontré la classe politique malienne. Quelques heures après ces séries de rencontres, des partis politiques s’étaient élevés pour demander que les élections soient reportées. Est-ce à dire qu’ils ont été convaincus par la CMA dont les motivations sont connues : préserver le territoire de l’Azawad.
Cependant, tous les partis politiques qui plaident aujourd’hui pour le report de ces élections, ont déjà déposées leurs listes de candidatures pour ces élections et ont même commencé à battre campagne. Ce que certaines personnes n’hésitent pas à qualifier de fuite en avant ou de jeu d’hypocrites. « Pourquoi demander le report d’une élection dans laquelle vous vous êtes déjà engagés ? » s’interroge-t-on. « Celui qui ne veut des élections, n’a pas à se porter candidat ».
Pour la DGE, «un report aujourd’hui de ces élections communales, régionales et du district de Bamako peut être préjudiciable pour la démocratie et le processus de décentralisation». Est-ce le vœu de la classe politique malienne ?
Tièmoko Traoré
Merci Tiemoko,
Très bon article, et comme tu le dis assez bien, le comportement de nos politicards est honteux et surtout un manque total de respect au peuple Malien. Il faut que le ministère de l’Administration territoriale nous donne les statistiques des dépôts de candidature au niveau national. Je suis quasiment que l’ADEMA est présente au moins dans 95% des circonscriptions en liste ADEMA ou en regroupement de partis politiques. Tout comme l’URD d’ailleurs.
Depuis que Tiemoko est le président de l”ADEMA, est-ce qu’il est jamais arrivé a Fana (140 km de Bamako)? Soumaila Cisse, depuis qu’il est élu député de Niafunke après avoir acheté les voix des électeurs, combien de fois est-il arrivé dans cette ville?
Tout au moins s’ils tenaient compte du dépôt de candidatures de leurs militants sur l’ensemble du territoire national. Leurs militants a la base savent la souffrance de leurs concitoyens et la mauvaise gouvernance des maires en fonction actuellement.
Penses-tu que le CMA voudra jamais une élection au Mali? Je le répète, si leurs mentors, notamment la FRANCE, étaient surs de la popularité des rebelles, ils auraient demande un referendum d’autodétermination. La seule façon de les mettre au pas est d’organiser les élections et toutes les organisations internationales sont unanimes pour dire que dans une démocratie le fusil n’a pas de place.
Je veux demander a l”URD qui est en phase avec le CMA pour le report des élections. Sur combien de points sont -ils en accord? Même sil’URD est de l’opposition, je crois qu’ils doivent avoir la notion d’Etat avec comme seule convergence de vue: LE MALI et rien que le MALI uniquement.
Ceux qui demandent le report, ont-ils financé une seule liste de candidature? Est-ce possible de changer la règle du jeu en plein match? Ont-ils tenus compte de l’effort déployer par la base pour constituer ces dossiers de candidatures? Que vont devenir ces milliers de candidatures? Quel sera l’impact sur les populations qui aspirent changer de la mauvaise gouvernance de la majorité des maires élus en 2015? Deux de plus sur le mandat c’est trop et ça tue la démocratie.
Je demande a nos politiciens d’ouvrir leurs yeux et de voir ce qui se passe ailleurs. Tant que les armes ne sont récupérées après la mise en oeuvre de l’accord de paix, ces bandits ne seront pas neutralises.
Nos politiciens sont allés jusqu’à inventer un “gentleman agreement” avec les rebelles avant de tenir les élections. Comme ils sont anglophones pour ne pas toucher aux sensibilités des maliens, nous traduirons par “Accord entre des galants”. S’ils ne dorment pas debout comment peuvent-ils demander un accord de ce type avec des gens qui sont prêts a ce tirer la-dessus a tout moment et en tout lieu?
C’est absolument honteux d’être Malien avec le comportement des anciens députés, anciens ministres, etc. de ce pays.
Si le gouvernement n’organise pas ces élections le 25 octobre 2015, la CMA sera en droit absolu de demander la présidence de la république par rotation et non par élection sachant bien sur que la démocratie est la règle de la majorité, comme le demande le déjà et indirectement le président du SENAT français en visite a Alger.
Je rejoins absolument le General Sangare, un chevronné des élections de part le monde et j’encourage le ministre de l’Administration que je connais depuis 1975 de persévérer car nous devons tous savoir qu’on peux pas des omelettes sans casser des oeufs. Le Mali ne doit absolument pas se plier a des injonctions des politiciens véreux et des rebelles sans assise sociale et qui se plaisent a empêcher les enfants d’aller a l’école pendant 4 ans, détruisent les quelques réalisations faites pour leurs parents, rançonnent quotidiennement leurs pauvres parents, etc.
Ces élections doivent être surtout organisées pour ces populations qui ne pourront pas voter par la faute de leurs “enfants”.
Allons aux élections comme au Senegal, en France, en Afghanistan, en Espagne, en RD Congo, au Sud Soudan, etc.. et les partielles sont organisées plus tard. Ce n’est pas un crime et cela ne présente aucune option de partition du pays et au contraire une initiation du processus de restauration de la sécurité et la paix au Mali. Les élections seront organisées Commune par commune suivant le processus de retour de la paix dans la localité.
Merci, bon entendeur salut!!!
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