Le gouvernement a suffisamment de blé à moudre pour précipiter le pays aux communales couplées aux régionales. D’abord, la fréquence et l’aire géographique des attaques djihadistes attachés à prouver qu’ils ont une capacité de nuisance, qu’ils peuvent frapper partout sur le territoire national. En clair, limiter géographiquement l’insécurité dans les régions septentrionales est assimilable à un refus de voir l’eau dans le fleuve. N’a-t-on assisté impuissant à la fuite d’aucuns chefs de villages au centre du Mali (dans la région de Mopti) exposés aux menaces des hommes fidèles au prédicateur radical Amadou Koufa. Leur présumée dénonciation aux autorités compétentes des faits et gestes d’individus suspects se payent dans le sang. Le Sud n’est pas mieux loti. Bamako, Nara et bien d’autres villes en sont la parfaite illustration. En somme, le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national devrait être l’aîné des soucis du gouvernement. On voit pas dans le contexte actuel comment le gouvernement peut relever le challenge sécuritaire avant le scrutin.
Ensuite, on ne peut faire bon marché retour de l’administration dont le repli est le fils de l’aggravation du climat d’insécurité. Tenez ! Le gouverneur de Kidal est retranché à Gao. Bien de préfets, de juges ont quitté leurs postes d’affectation pour des cieux jugés plus cléments. A moins d’étouffer le désir d’élections honnêtes, libres et transparentes, sinon on peut se gausser de l’absence physique de personnages clés dans l’organisation du scrutin. Aussi, le bon sens commande de songer au préalable au retour des réfugiés de Mauritanie, d’Algérie, du Niger et du Burkina Faso. Des esprits malins prônent l’abandon sur le quai des trois régions du Nord, en attendant que l’orage passe. Mais ne semblent point mesurer les risques de frustration, notamment le sentiment d’une partition de fait du pays. Et puis, comme indiqué ci-dessus, aucune région n’est à l’abri des attaques terroristes. Les faits sont têtus.
On peut s’agacer du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, ou de l’ancien ministre Oumar Ibrahim Touré, non moins président de l’Alliance pour la République (APR, mouvance présidentielle) et d’autres poils à gratter glissés dans la chemise du régime. Cependant, la sagacité de leurs analyses a des résonances dans l’opinion publique. La classe politique a formulé des réserves. Et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) est montée la semaine dernière au créneau. A ses yeux, la convocation du collège électoral viole l’accord de paix et de réconciliation signé le 15 mai et 20 juin derniers par le gouvernement et les groupes armés du Nord. Une prise de position clairement affirmée la semaine dernière au terme d’une rencontre avec les responsables de l’Union pour la République et la démocratie (URD).
Georges François Traoré
Ils sont tous les mêmes voleurs
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