Communales du 20 novembre prochain : Le démon de la division à l’œuvre

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Plusieurs fois reportées sine die, les élections municipales sont à nouveau annoncées pour les 20 novembre prochain. Les dépôts des listes de candidatures ont été bouclés le jeudi dernier et le samedi, le gouvernorat du District de Bamako a procédé à l’affichage des listes. Comme à sa taille, la commune VI prend la tête de peloton des plus grosses pourvoyeuses de listes, avec 34 engagées dans la compétition en attendant l’arbitrage des juges pour leur validation ou non.

C’est dire que le compte à rebours a commencé dans les Collectivités, où les jeux politiques sont beaucoup plus compliqués. Il s’agit là des élections de proximité. Dans ces conditions, les combats de positionnement sur les listes sont très rudes. En Commune V, la bataille pour s’offrir la tête de liste a opposé deux ténors de l’ADEMA-PASJ, le maire sortant, Boubacar Ba, dit Bill et son adjointe de la Section V, Mme Katilé Kadiatou Sène. Finalement, la bataille a tourné à l’avantage de Me Katilé. Selon nos sources, il était deux heures du matin quand Bill laissait le champ libre à son challenger. Mais, futé qu’il est, il s’est retiré à contre cœur contre la proposition d’accepter deux éléments de son bord pour former le trio de tête avec Mme Katilé. La proposition a été acceptée par le bloc Katilé, qui caressait l’idée de mettre fin au mythe Bill en Commune V.

Bill sauve les meubles

Mais, l’ouvrage politique n’a pas été sans peine. Selon notre source, le combat a commencé depuis le mois d’août dernier où, après de longs mois de léthargie orchestrée à la Section du PASJ en Commune V, le secrétaire général de la Section, en la personne de Boubacar Ba dit Bill,  qui se trouve être le maire actuel de la Commune, un groupe de pétitionnaires a décidé de prendre des initiatives en réunissant des signatures des membres de la Section favorables à la reprise des réunions statutaires. La pétition a fait l’objet de correspondance adressée au Bureau de la Section. Mais, cette initiative lui a laissé de marbre. C’est ainsi que le même groupe enjoint à son adjoint, Mme Katilé de présider les réunions désormais, en l’absence du Maire/SG de la Section empêché. Ainsi, petit à petit, l’étoffe de son débarquement a commencé à être filée par ses camarades. Au moment où il s’est en rendu compte des enjeux, son sort avait fini par être scellé.

« Bill paie ainsi son mépris à l’égard de ses camarades », explique notre interlocuteur, qui l’accuse de regarder les autres de haut. Donc, c’est finalement Mme Katilé Kadiatou Sène, qui conduit la liste en  Commune V.

Tous ceux  qui se ressemblent ne s’assemblent pas forcement. En Commune VI, le maire sortant Souleymane Dagnon, aussi ambitionne de rempiler. Et, la Section, dirigée par Mahamane Touré, n’y voyait aucun inconvénient. Puisqu’il a été élu tête de liste des PASJ, à l’issue d’une conférence de Section, organisée en bonne et due forme. Mais, là aussi, Souleymane Dagnon fait face à une forte résistance d’une partie du PASJ, favorable au candidat malheureux du parti à la présidentielle de juin 2013, Dramane Dembélé.  Il s’agit du bloc conduit par l’ex-ministre Harouna Cissé. Une forme de bicéphalisme né de la dernière conférence élective de la Section VI du PASJ, qui a porté Mahamane Touré à la tête de la Section VI, au détriment du secrétaire général sortant, Harouna Cissé. En son temps, le Bureau national avait usé de tout son poids pour éviter la cassure. Mais, souvent en politique, certaines positions sont difficiles à concilier. Les deux camps ont continué à se tenir loin l’un à l’égard de l’autre. Jusqu’au moment de choisir les délégués à la conférence de Section pour le choix des candidats. Selon le secrétaire général, Mahamane Touré, que nous avons joint au téléphone, c’est à la veille de la conférence qu’il lui a été demandé de reconsidérer les positions. En réaction, il a répondu que depuis la Conférence élective des membres de la Section, sur recommandation du BEN, son Bureau a fait profil bas pour permettre au camp d’en face de rejoindre les rangs. Toutes les tentatives de réconciliations sont restées vaines dit-il. Et Harouna Cissé et ses amis sont restés en marge des activités du parti. Mais, il s’est dit ouvert à toutes les propositions.

« Malheureusement, les gens parlent de réconciliation, mais quand on leur demande de faire des propositions concrètes, ils restent muets. Parce qu’à ce niveau de travail, il n’était plus possible d’entreprendre quelque chose en leur faveur. Et pour cause, la conférence de section est le couronnement d’une procédure de sélection qui commence depuis les comités à la base. Et, le hic qui fait tilt ici, c’est que les amis d’Harouna Cissé depuis la conférence élective des membres de la Section, ont cessé de participer aux activités du parti depuis les comités. Or, ce sont les comités qui proposent les candidatures. Comment des camps qui se regardent en chiens de faïence peuvent s’unir pour affronter ensemble les défis ? », s’interroge-t-il.

Dans tous les cas, en commune VI, les militants de l’ADEMA-PASJ vont rangs dispersés. Selon nos sources, une partie du groupe, notamment Awa Koné de Banankabougou, Issa Traoré de Missabougou et Abadalla Diarra, est allée en alliance avec le mouvement politico-religieux Sabati 2012. L’autre aille est inscrite sur la liste de l’APM-Maliko de l’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Modibo Kadjoké. Mais, approché par nos soins, l’ancien chef de cabinet du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, non moins ancien maire signataire de Sénou, Lazare Tembelly dira que son parti ne souffre d’aucune division, sans rentrer dans les détails bien sûr.

Le RPM aussi atteint par le démon

Dans le parti majoritaire, le démon de la scission y est aussi à l’œuvre. En tout cas, en Commune VI, les Tisserands vont en rangs dispersés. D’un côté, le secrétaire général de la Section VI des Tisserands, Baba Sanou, conduit une liste et de l’autre, le secrétaire général de la sous-section de Banankabougou, Ibrahim Diallo aussi, conduit une autre liste, constitué des membres de sa sous-section et les mécontents RPM d’autres quartiers. C’est la liste dénommée « Alternative Pour la Commune VI » (APC).

La constitution unilatérale de liste est à l’origine du divorce. Selon nos sources, l’histoire remonte aux premières dates avortées des élections communales et régionales. A cette occasion, Baba Sanou fort de sa position, s’était cru en territoire conquis pour avoir imposé une liste établie en catimini dans un Hôtel dans la Commune, qui exclut la sous-section de Banankabougou du jeu électoral. En réaction, il lui a été demandé de revenir sur la liste, mais sans succès. Toutes les démarches sont restées vaines. C’est pour cette raison, que la sous-section de Banankabougou a décidé de claquer la porte pour se porter candidat en Indépendant. Mais, selon nos sources, le divorce n’est que provisoire. Une fois les élections terminées, ils rejoindront la famille. Car, chaque camp s’estime être le plus fort. Il s’agit donc de jauger ses capacités de mobilisation de part et d’autre. Comme l’élection est le meilleur baromètre de mesure politique, donc chaque camp veut savoir son poids politique réel dans la Commune pour peser sur les décisions de la Section.

Comme pour dire que l’ADEMA et le RPM risquent d’être victimes de leur position de dominance. Ce qui n’est pas sans conséquence sur leur performance dans les urnes. Les deux partis devraient faire preuve d’intelligence politique comme l’a fait Bill en Commune V qui a perdu, mais en bon stratège, a réussi à sauver les meubles dans son parti. Il a évité la cassure de son parti. Or, malgré les assurances de notre interlocuteur du RPM, après le scrutin, la conciliation n’est pas garantie. Idem pour le PASJ.

M. A. Diakité

 

 

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