Commémoration du 8 juin: Ce qu’il faut concéder à ATT

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ATT a célébré hier avec la presse nationale et internationale  ses neuf ans de pouvoir. Sentiments partagés, on l’imagine, pour quelqu’un qui doit quitter le pouvoir dans quelques petits mois. Mais acte noble qui change à jamais le regard que la postérité va porter maintenant sur l’homme du 26 mars, désormais doublé de l’image de « ATT le Bâtisseur. » En effet, sans frais, le président de la République  valorise désormais son passage à la tête de l’Etat en respectant, comme il n’a cessé de le proclamer, le terme de son mandat. Désormais, il ne s’agit plus donc de pousser un homme vers la sortie mais d’apprécier ses réalisations dans un pays qui a changé en peu de temps. Grosse ombre, cependant, au tableau : la situation au Nord sous le contrôle de bandits sans lois ni foi. Et, malheureusement, c’est bien ATT qui a favorisé la chienlit. A lui alors de nettoyer maintenant les écuries d’Augias avant de rendre le tablier s’il veut laisser aux Maliens  une image sans tâche.
 

Le président de la République a donc sacrifié hier à un rituel consacré : sa rencontre annuelle avec la presse nationale et internationale pour commémorer l’anniversaire de son arrivée au pouvoir, le neuvième du genre cette année, et faire le point du bilan politique à la tête du pays. Conformément à son credo, Amadou Toumani Touré garde le contact avec les hommes de media, un mini bain de foule apprécié de nos confrères au delà de l’acte de civilité politique.

La cérémonie d’hier avait ceci de particulier que c’était le dernier exercice du genre, car le 8 juin prochain le Président ATT devant céder la place au citoyen Amadou Toumani Touré. On imagine donc l’homme hanté par l’image qu’il voudrait laisser aux Maliens après dix ans à Koulouba.  

Cette question existentielle, qui fixe les hommes d’Etat dans le temps et dans l’espace au point d’en faire des esclaves de leurs propres images, ne peut pas être la préoccupation première de l’homme de la rue, subjugué lui, par son quotidien. Et pour rester dans le registre du jour, ATT a donné une orientation nouvelle au Mali et a imprimé un rythme de développement économique dont le maintien sera un défi majeur pour son successeur.

Villes modernes, mais catastrophe écologique
Qu’on imagine qu’après Alpha Oumar Konaré qui a doté le pays d’infrastructures qui ont permis le bon déroulement de la CAN 2002, le Mali est aujourd’hui désenclavé avec des accès à la mer par tous les pays voisins, à l’exception de l’Algérie. Les infrastructures routières sont l’une des plus grandes réussites de ATT, tant et si bien que le Mali peut même utiliser les Ports de pays comme la Guinée Bissau ou la Gambie, avec des avantages certains comparatifs par rapport aux débouchés traditionnels d’Abidjan et de Dakar. La route Niono, Niafunké Tombouctou, en cours de réalisation, finira de désenclaver définitivement les régions nord de notre pays. Il est bon de souligner que les infrastructures routières sont fondamentales dans le développement d’un pays et ce qui a été réalisé ces vingt dernières années au Mali est presque une exception sur le continent. Quant au visage de nos villes secondaires ou capitales régionales, pour l’essentiel, ce sont des villes modernes qui émergent chaque jour, à l’image de Kidal naguère campement nomade en une cité avec toutes les commodités modernes dont la Télé nationale, les rues bitumées ou pavées. La politique du logement social avec les nombreuses cités « ATT bougou » a fait le reste. Il est vrai, par ailleurs, qu’il faut repenser désormais cette politique qui profite peu aux vrais pauvres et qui, parfois même, tourne à la catastrophe écologique quand on se croit obligé de détruire des forêts centenaires, rien que pour créer de nouveaux quartiers.

 Au plan sportif, même si les résultats ne suivent pas toujours, après les régions, ce sont les cercles et toutes les villes moyennes qui sont en train d’être dotées de stades modernes de football et autres infrastructures modernes qui placent le Mali juste après de grands pays comme l’Afrique du Sud mais devant beaucoup de nos voisins, y compris les pays du Maghreb. A tout moment, notre pays peut donc abriter n’importe quel grand évènement sportif africain.

Pacifier le Nord et le débarrasser des hors-la-loi
Mêmes efforts louables en ce qui concerne l’enseignement même si la gestion humaine est restée catastrophique. L’Université de Bamako a, en si peu de temps, accueilli des records d’effectifs, après avoir créé un nombre impressionnant d’infrastructures. Les lycées et autres écoles secondaires essaiment aujourd’hui le pays jusque dans les sous- préfectures et les villages. On peut continuer sur cette note positive car, autant il faut être critique quand il le faut, autant il est bon de rendre à César ce qui lui appartient. Là où les choses se sont franchement gâtées pour le chef de l’Etat, c’est sa gestion catastrophique de la crise au nord qui engage sa responsabilité personnelle. Malheureusement, l’homme ne semble réaliser sa faute car, pour tout le bien qu’on pourrait penser de lui, il n’aurait jamais dû léguer à son successeur un pays au bord de l’effondrement. En mettant un prix immérité à son image d’homme de paix, il a mis en position de force les forces les plus déloyales à la République, en fait des apatrides que l’on peut retrouver dans toutes les aventures. Vingt ans déjà que des gens de cet acabit prennent en otage notre nation ! Il est bon que ATT se rachète devant le peuple en pacifiant définitivement les régions nord et à les débarrasser de tous ces criminels, trafiquants et autres apatrides.
La Rédaction
  

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