Un mois après son installation, la Commission dialogue et réconciliation peine à démarrer, et la frustration gagne de jour en jour les commissaires qui sont la cheville ouvrière de cette structure, qui doit servir de trait d’union entre les Maliens.
Aujourd’hui, la réalité est tout autre. Au lieu des commissaires, c’est le secrétariat général de la commission et ses membres qui bénéficient de tous les avantages et moyens. Les commissaires se tournent les pouces, laissés à eux-mêmes. Contrairement au secrétaire général et deux secrétaires généraux adjoints que compte la Commission. De 5 chargés de mission, le secrétariat général est aujourd’hui à une 20ème de chargés de mission, sans compter les standardistes, les chauffeurs et autres personnels d’appui. Alors que les commissaires se contentent de la salle de réunion comme bureau. Le président de la Commission a lui seul 3 voitures ; le secrétaire général et ses adjoints en ont chacun aussi, alors que les commissaires sont à leur propre compte. Deux commissaires ont même cessé de participer aux réunions, parce que la distance Bamako-Koulouba n’est pas une mince affaire.
Selon une source proche du président de la Commission, déjà une vingtaine de bureaux sont rénovés, et l’occupation se fera de façon progressive parce que les commissaires sont au nombre de 30 membres. Notre source ajoute que les revendications des commissaires sont nombreuses, mais sont en train d’être prises en compte. Certains commissaires ne croient pas en cette version, car ils voient le secrétaire général et ses adjoints rouler dans de belles voitures, avec de nouveaux téléphones portables, sans compter leurs primes faramineuses et supérieures à celles des commissaires qui, du reste, n’ont rien perçu depuis le début du travail. Et dire que la commission va commencer des missions de terrain dans les jours à venir.
C’est dire que les commissaires vont le faire à pied, parce qu’ils n’ont aucune voiture. Alors que le secrétariat ne va pas en mission. Pour ne rien arranger, le président de la République par intérim vient de nommer Tiébilé Dramé comme négociateur unique avec les groupes armés, c’est dire que la commission n’a plus son sens, ou elle ne sera qu’une commission de plus, qui ne pourra pas travailler de façon efficace. En tout cas, les commissaires sont interpellés ; ils sont dans l’obligation de parler, de donner des explications, sans quoi un jour ils seront interpellés par l’histoire.
Kassim TRAORE