La place à laisser au 22 Septembre de cette année est un défi sociétal que l’ORTM cherche à relever. Notre « boîte à images » nationale s’engage, dans les jours à venir, à « croquer » avec nous des moments de souvenirs et de réflexion, mais aussi comme un seuil d’engagement élevé dans la recherche d’archives opérants.
Le 22 septembre prochain sera ainsi que chaque jour qui arrive nous imposera ses délais au Nord comme au Sud. Nos compatriotes sont partagés entre deux attitudes : l’espérance et la confiance. Mais que dira-t-on de la persévérance ? En ces jours d’épreuve donc, nous refusons d’abandonner la route. Il nous faut bien conclure, et nous allons dire, à la suite du poète Apollinaire : « Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores ! Etonnons-nous des soirs, mais vivons les matins ».
Le dictatum de Bamako
Le 22 septembre 1960, notre pays devenait indépendant. Au-delà du symbole, l’ORTM nous dévoilait, avant-hier soir, au JT de 20 h, la salle mythique du Lycée technique de Bamako, stylisée à l’occasion comme un lieu propre de notre mémoire nationale. C’est ici que l’étincelle jaillit, il y a de cela 52 ans, après trois jours du Congrès extraordinaire convoqué par le parti de l’US-RDA au sortir d’une saison fédérative à Dakar dont il fallait tirer tous les enseignements. Y aura-t-il cette année des manifestations de la démesure face aux défis sécuritaires à relever ? Aujourd’hui, le Mali se regarde dans un miroir, et nous ne pouvons pas non plus glisser dans une affirmation outrancière de notre souveraineté. Mais nous le dirons avec des mots qui doivent être compris de tous comme l’ORTM nous y invite. Car rappelons-le encore une fois, ce 22 septembre 1960, des questions furent soulevées et qui montrent la question de l’indivisibilité des citoyens maliens dans notre société politique. C’est un champ politique propre, avec le vouloir vivre ensemble dans toutes les couches de nos populations. Mais que s’est-il donc passé ce jour du jeudi 22 septembre 1960 ? On nous dira qu’une foule est partie du Collège technique de Bamako pour se diriger bruyamment vers le siège de la représentation nationale à Bagadadji. Des congressistes venus de tous les horizons, sombres et fermes après les trois jours de travaux du congrès, ont poussé pêle-mêle dans la même voix, mais tous ont travaillé en commun. Quand ils envahirent la salle de l’Assemblée, leur leader Modibo Kéita, qu’ils avaient appris à connaître, vint s’asseoir. Tout de blanc vêtu, avec une gravité douce dans la voix, il déclare solennellement : «…Le Mali est né…Le Mali continue». Il ajoutait que le mot Mali continuera de résonner comme un gong sur les consciences et servira de vocable comme instrument de l’Etat dans le cœur et les esprits. Lorsque Modibo Kéita, l’un des premiers instituteurs de l’Ecole William Ponty (au Sénégal) se relèvera de sa chaise et se dressa de toute sa taille, c’est ce jour-là, et partout sur la scène nationale et internationale, qu’on se souviendra de l’ombre d’un géant. La proclamation de l’indépendance voulait dire que le Mali n’exigeait ni de l’estime ni de l’admiration, mais du respect. Et ce désir devenait légitime.
Nous sommes un grand peuple qui cultive ses cicatrices
Avec ce premier mouvement de se retrouver libres de 82 ans de domination coloniale survint l’option socialiste. Les dirigeants de l’époque voulaient sortir de la flamme de cette terre d’argile et de latérite rouge. La liberté sublimait alors les habitants. Si on regarde aujourd’hui l’état de la Nation, c’est une belle leçon de courage qui attend. La vraie dialectique dans ce problème du Nord est de ne pas fonder un discours d’exclusion, de peur d’en arriver à fonder un discours de l’origine qui débouchera vraisemblablement sur un mépris de l’histoire. La première République avait réalisé l’audace de ne jamais rien changer dans sa politique au Nord. A la deuxième et la troisième Républiques, on a enfin compris que le pouvoir ne pouvait continuer à fonctionner sur son propre générateur. La Transition actuelle est inédite et veut s’élever à une dimension par la personnalité de ses acteurs. Allons-nous céder à cet agrément que le MNLA ne veut incarner qu’une politique de caverne et que sous le voile de leur « charia », les djihadistes rechercheraient une simple adulation politique ?
S. Koné