Est-il possible de battre campagne dans le septentrion à l’heure où le MNLA, en intelligence avec AQMI et les mercenaires de tout acabit sèment terreur et désolation. A la lumière de la situation qui prévaut, la révision constitutionnelle, synonyme de déséquilibre budgétaire, n’est pas une priorité. Au cours d’une conférence-débats, prélude à d’autres activités de protestation ultérieures, le collectif a une fois de plus apporté un éclairage nouveau sur le caractère inopportun et dans la forme et dans le fond du référendum constitutionnel envisagé pour être couplé à la présidentielle du 29 avril 2012. C‘était à la Maison de la presse.
Le conférencier, Me Gaoussou Diarra a développé une analyse d’ordre technique, qui intègre à la fois les éléments juridiques institutionnels et macro-économiques.
Ainsi dans le domaine macro-économique, notre pays vit quasiment de l’aide publique au développement qui tient à bout de bras la fragile économie et le budget de l’Etat. L’aide dont il s’agit, est un crédit à long terme imputable aux générations de demain. De ce point de vue, selon l’intervenant, la révision constitutionnelle crée un déséquilibre budgétaire dont le pays se serait passé tout simplement. Dans ce domaine précis de l’économie politique, Sékou Diarra de CAD/Mali déplore l’absence de garde-fous contre les phénomènes d’endettement dans le texte constitutionnel. L’Etat n’assume pas son devoir en dépense de santé à cause de l’inflation de l’endettement étatique. Sur le plan juridique et institutionnel, le conférencier a, au regard de la situation sécuritaire, évoqué l’article 118 de la constitution qui stipule que lorsque l’intégrité du territoire est menacée, aucune action ne doit être poursuivie ou entamée dans le domaine institutionnel et de s’interroger sur la possibilité de battre campagne dans le Nord du pays.
Par ailleurs, poursuivant son analyse ; la création de deux chambres au parlement est inopportune et inopérante. Objectivement, selon lui, il conviendrait de renforcer l’existant en outillant davantage l’Assemblée nationale. La deuxième chambre créerait une complexification désolante. La posture, seulement consultative pour ne pas dire inopérantes, dédiée au Conseil Economique Social et Culturel dont l’objectif premier est de se rapprocher du citoyen et de remonter ses attentes, relève du caractère proprement anti-démocratique. Et comble de l’imposture, le nombre des conseillers devrait passer de 50 à 70 membres avec voix facultative.
Selon le conférencier, il faut surseoir à la tenue du référendum, car, selon l’avocastre, tous les Maliens n’auront pas la possibilité physique d’accomplir leur devoir civique.
Pour Me Kadiatou, présidente de la Commission nationale des Droits de l’homme, les femmes constituent plus de la moitié de la population, pourtant, elles ont été marginalisées dans la révision constitutionnelle, dans la mesure où leurs préoccupations ont été oblitérées. Selon elle, on a oublié la part prise, lors de la révolution du 26 mars. En outre, elle estime que le code des personnes et de la famille est un réel recul démocratique, car les droits acquis de 1962-1973 à nos jours ont été bafoués.
Quant à Mme Sy Kadiatou Sow, de la COMODE, elle a prôné le resserrement dans les rangs du collectif pour un combat qui s’annonce âpre. Elle regrette que les femmes soient en train de se laisser piéger. Il faut combattre la tentative de falsification de l’histoire, a-t-elle affirmé, et d’ajouter que l’obligation morale et historique de se lever est de mise en la circonstance. La grande majorité des Maliens soutient l’initiative du Collectif, a-t-elle conclu.
Tabouré de ”Sanfin” a déclaré que la forme républicaine de l’Etat, la laïcité, le multipartisme ne peuvent être mis en cause et ce sera le cas, selon lui, avec la révision constitutionnelle envisagée.
Avant de clore la séance, le Président du Collectif s’est réjoui de l’annonce de nouvelles adhésions.
BT