Collaborateurs de ministres : Les paravents et les souffre-douleurs

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Un ministre se choisit des collaborateurs. Ceux-ci, s’ils ont une notoriété publique, ne souffrent pas moins pour autant. En silence, car, dans le secret des cabinets et des réunions, ils ne font que ramasser des tuiles et endurer les humeurs.

“Un conseiller c’est quelqu’un qui obéit et qui interprète les coups d’œil du ministre”, affirme MT, ancien membre d’un cabinet ministériel du temps du régime défunt. Pour un autre conseiller encore en service, “personne ne comprend exactement le système de fonctionnement des cabinets, mais tout le monde fait son procès, condamne ses actions”.

L’efficacité des cabinets ou des conseillers se joue sur chaque dossier. Mais, le style d’action est toujours critiqué, surtout par les partis politiques de l’opposition. “On nous accuse surtout d’isoler le ministre, de doubler les techniciens des départements rattachés, de mêler la politique des questions qui ne demandent qu’une compétence technique…”, affirme notre retraité MT. Le cabinet a un caractère purement politique, et, souvent, les proches du ministre ont la propension de mêler politique et administration, au lieu de protéger la seconde du premier. “Ceci s’explique par le fait que tout l’entourage du ministre a ses propres ambitions, selon le vieux conseiller. Ayant pris goût aux honneurs, ils font tout pour sauvegarder leur place. Et la meilleure des façons de préserver sa place, c’est de montrer sa compétence, et de contrarier le moins possible le chef. Dans un cabinet, on trouvera ainsi l’entourage du ministre se glisser des peaux de banane, de tout faire pour être perçu comme celui qui travaille le plus. S’il le faut, on se propose même d’accompagner les enfants du ministre au cinéma le week-end ou au zoo. Ces méthodes peuvent réprouver celui qui n’est pas dans le système, mais, c’est bien ainsi que les choses se passent” témoigne notre interlocuteur.

Disponibilité à toute épreuve

Notre interlocuteur, celui qui est encore en service, reconnaît être “passé” souvent chez le ministre, mais, qu’il n’est pas prêt à rendre des services de ce genre pour garder sa place. “Et puis ce n’est plus indispensable aujourd’hui”, ajoute-t-il.

Pour certains, le cabinet est une école par excellence. “C’est une école de formation et de sélection”. On y apprend à préparer une décision, à évaluer les risques. On acquiert des réflexes de prudence, la capacité de décider.

En recoupant les propos de nos interlocuteurs, on peut reconnaître aux proches collaborateurs du ministre quelques rôles. “Le cabinet sert d’abord et avant tout de fusible au ministre. En fait, nous sommes plus responsables que le ministre, même si c’est lui qui se trouve au devant de la scène. Quand le ministre est coincé, il se contente de remanier son cabinet. Ce n’est qu’un alibi, mais ça marche à tous les coups”. Le vieux MT renchérit : “un conseiller doit s’attendre à être démenti désavoué, réprimandé. Je crois que cela fait partie de notre rôle. Ma femme a tout fait pour que je démissionne quand cela m’est arrivé. Mais, plus tard, le ministre m’a avoué qu’il lui fallait le faire pour sauver sa tête”. “On ne démissionne pas, on reste stoïque. C’est également le cabinet qui “protège” le ministre. Le cabinet est le centre de régulation du ministère. Il prévoit les problèmes et réagit. Il défend l’image de marque du ministre.”

Une autre mission d’intérêt public qui se rattache aux cabinets, c’est qu’étant en principe indépendants des intérêts particuliers des directions, des coutumes des services, des querelles de personnes à ce niveau, ils sont à même de jouer le rôle d’arbitre.

Une place à conquérir quotidiennement

“Dans l’administration, c’est le poste le plus précaire et le plus ingrat qui puisse exister. Aujourd’hui, on est félicité par le ministre, demain, il vous chasse comme si jamais vous ne lui avez été d’aucun apport. On vit une situation ambiguë. Admirés par nos concitoyens à cause de la place qu’on occupe, c’est pourtant très souvent la peur au ventre que l’on va au bureau”. Cet état de fait se rencontre partout. ”

C’est pourtant l’écrivain français Balzac qui a trouvé la bonne formule pour décrire ces conseillers. “Véritable oiseau de passage, le secrétaire particulier de chaque ministre décampe et reparaît avec lui. Si le ministre tombe avec la faveur royale ou avec des espérances parlementaires, il emmène son secrétaire pour le ramener, sinon, il le met au vert en quelque pâturage administratif, à la Cour des comptes par exemple, cette auberge où les secrétaires attendent que l’orage se dissipe. Le secrétaire particulier est toujours un jeune homme dont les capacités ne sont connues que du ministre… Il connaît tous les secrets, porte, rapporte et enterre les propositions, dit les “non” ou les “oui” que le ministre n’ose pas prononcer. C’est lui qui reçoit les premiers feux et les premiers coups du désespoir ou de la colère. On se lamente et on rit avec lui. Il joue le rôle d’homme compromis, amadoue les journaux et travaille avec leurs rédacteurs. Anneau mystérieux par lequel bien des intérêts se rattachent au ministre, il est discret comme un confesseur, il sait et ne sait pas, il sait tantôt tout et tantôt rien ; il doit avoir bon pied et bien bon œil ; il dit de son ministre ce que le ministre ne peut pas dire de soi-même. Enfin, avec lui, le ministre ose être ce qu’il est, ôte sa perruque et son râtelier, pose ses scrupules et se met en pantoufle. Ce jeune homme n’est pas précisément un homme d’Etat, mais c’est un homme politique et quelquefois la politique d’homme. Presque toujours jeune, il est dans le ménage ministériel ce qu’est l’aide de camp chez le général.

 

A. K.

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2 COMMENTAIRES

  1. Si je comprend bien il ne faut pas avoir de la fierté pour être dans ce milieu un homme sans fierté n’a pas sa place dans un gouvernement tatam l’y a montre a tout le monde qu’il a la compétences de travailler a hier et qu’il peut vivre sans magouille la jeunesse malienne doivent suivre son exemple

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