En plus d’intervenir dans un contexte de redéploiement effectif de son personnel à travers le pays, le conseil d’administration de l’Anict consacre une reprise de rigueur reconnaissable à la hausse des ressources disponibles pour l’accompagnement des collectivités. C’est le fruit d’une loyauté méritée du côté des Ptf, dont se réjouit, par ailleurs, Arouna Touré, directeur financier de l’agence.
Le Témoin : Dans quelle mesure la crise sécuritaire vous a-t-elle affecté en tant que partenaire des collectivités maliennes ?
Arouna Touré : Merci! Je puis affirmer que l’Anict est l’une des agences la moins affectée par cette crise politico sécuritaire. Je m’explique : bien que les ressources de l’exercice 2012 ont été gelées, notre agence a quand même continué, avec l’aide des partenaires stratégiques, en occurrence Lux développement, à financer les investissements dans le cadre du Fonds nationale d’aide aux collectivités territoriales. Le personnel a donc continué à travailler. Le seul inconvénient est que le personnel affecté dans les trois régions du Nord. Il a d’ailleurs été rappelé à Bamako.
Grosso modo, l’agence a continué à fonctionner avec les ressources des partenaires qui ont accepté de nous accompagner. Là où il n’y avait pas le Trésor public, nous avons eu recours à un mécanisme de financement en passant directement par les régies et en finançant les activités via les comptes des prestataires.
Peut-on dire à présent que désormais la reprise est effective ?
En effet ! Je crois savoir que toutes nos trois antennes du Nord sont en place, y compris celle de Kidal. Toute l’équipe du Nord est en place à 100 %, à l’exception de Kidal où il y a un effectif réduit au chef d’antenne, au chauffeur et à la secrétaire, pour des raisons de sécurité bien sûr.
Doit-on entendre par là que vos investissements seront sécurisés partout ?
On ne saurait parier sur une sécurité partout et totale, dans la mesure où on ne maîtrise pas tout ce qui se passe dans cette zone septentrionale comme à Kidal par exemple. Je puis vous assurer, en revanche, que les investissements à Gao et à Tombouctou continuent à être exploités, à être financés. Les droits de tirage ont été ouverts, les communes continuent à passer les marchés avec leurs prestataires respectifs. Nous n’avons eu aucun écho de cas de pillage ou de saccage quelconque des investissements de l’agence.
Quelles sont à vos yeux les facteurs ayant prévalu au retour des partenaires techniques et financiers ?
Ça ne peut s’expliquer que par la confiance, dans la mesure où, pendant la crise, aucun de nos partenaires n’a été réellement affecté par la mainmise d’une quelconque administration sur ses ressources. Ils ont donc décidé de reprendre sitôt la quiétude revenue. Ils ont compris que leurs fonds, leurs subventions qui se trouvent dans nos comptes bancaires sont sécurisés. Les audits ont également prouvé que les ressources sont disponibles. Toutes choses qui les ont incités à renouer la collaboration avec l’Anict.
Vous venez de boucler un conseil d’administration ayant décidé de la répartition des ressources. De quelles circonstances atténuantes ont bénéficié les régions confrontées aux difficultés de conformité aux critères d’accès aux droits de tirage ?
Je dois vous dire qu’il n’y a eu aucune circonstance atténuante dans la répartition des ressources parce que la loi prévoit qu’elles sont réparties selon la péréquation. Nous avons réparti les ressources de 2014 effectivement suivant la péréquation. Il est vrai que par rapport aux régions du Nord, il y a eu des ajustements. Lorsque je dis ajustement, il s’agit de certains ajustements selon certains principes de ciblage pour lesquels certains partenaires ont eux-mêmes décidé d’affecter leurs ressources à la réhabilitation des régions septentrionales. Sinon, nous n’avons pas impacté délibérément les régions du Nord pour les aider. Mais, il y a eu une partie conséquente de ressources dédiées au Nord : qu’elles soient sectorielle ou géographique.
C’est pourquoi, vous aurez constaté à travers les chiffres que même Kidal, qui avait de maigres ressources les autres années, s’en sort avec des ressources conséquentes. Le state building contrat de l’Union européenne a aussi contribué à maintenir l’équilibre dans la répartition des ressources parce qu’il y a une partie conséquente consacrée à la reconstruction.
Propos recueillis par Abdrahmane Kéïta