Ce sont de véritables petits meurtres entre amis qui se passent au sein de la coalition « Le Mali d’abord ». Formée dans la foulée de la présidentielle, cette coalition regroupe une cinquantaine de partis politiques et d’associations autour du candidat du RPM, Ibrahim Boubacar Keita. Aujourd’hui, les frustrations en son sein se cachent mal et les jours à venir promettent d’être très chauds.
En effet, après la présidentielle qui a vu leur candidat plébiscité, confiant au nouveau vent qui souffle et le regain de confiance au sein des militants, le RPM a décidé de faire cavalier seul pour les législatives, au détriment de ses alliés qui sont laissés pour compte.
Cette situation a conduit les uns à une perte de vitesse comme l’Asma de Soumeylou Boubèye Maiga et les autres dans une situation de léthargie totale comme l’UM-RDA de Bocar Moussa Diarra ou l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly. La décision de laisser les alliés sur le quai pour la composition des alliances aux législatives a fait couler autant d’encre que de salive au point où Abdoulaye Idrissa Maiga, directeur de Campagne du candidat Ibk et le tout puissant ministre Téreta ont failli en venir aux mains.
Le premier à faire les frais est l’Asma de Soumeylou Boubèye Maiga qui, après s’être vu refuser des alliances dans certaines circonscriptions, a subi presqu’un affront à Gao de la part de son allié, le RPM. Cette manœuvre du Rpm, selon certaines indiscrétions, a mis Boubèye dans une colère noire, car son plan A pour son groupe parlementaire de 5 députés vient de tomber à l’eau. Comme plan B, il envisageait de récupérer les deux députés indépendants de la liste Faba Cère de Goundam avec qui il a même pris contact et avait leur accord de principe. A la surprise générale c’est son allié – le RPM – qui vient lui couper l’herbe sous les pieds. Ainsi, le plan B est également tombé à l’eau. On raconte actuellement qu’il farfouille entre les électrons libres au sein de l’hémicycle pour combler son vide de deux députés.
Mais pour ce qui est de l’avenir de son alliance avec le RPM, mêmes s’ils se disent tous de la mouvance présidentielle, un divorce n’est pas à exclure dans les jours, les mois et les années à venir.
Les autres alliés à l’image de l’UDD vachement récompensée après la présidentielle avec un prestigieux portefeuille ministériel n’a aucune garantie de pouvoir le garder dans le futur attelage gouvernemental. Avec un seul député, il sait à quoi s’en tenir. Idem pour l’APR, qui compte également un seul siège.
Pour ce qui est de l’UM-RDA et de l’ADP- Maliba, même avec leurs deux sièges respectifs, ils sont marginalisés et ne compteront certainement pas dans le futur.
Les alliés ne comptent pas beaucoup dans la formation du futur gouvernement, le RPM étant sûr de sa majorité très confortable avec 66 députés.
« Nul ne mangera au banquet auquel il ne sera convié » dixit IBK. Même si cette phrase a été employée dans un contexte différent, elle s’adapte aisément à la situation actuelle.
En tous cas, la frustration est grande au sein de cette coalition, mais personne n’ose l’avouer pour le moment en espérant être invité au banquet gouvernemental.
Aussi si l’on sait qu’aucune alliance ou regroupement au Mali n’a de l’avenir, cette coalition que l’on peut qualifier de Groupement d’Intérêt Général n’échappera pas à cette règle.
En attendant les petits meurtres entre vrais faux amis et les revirements spectaculaires de situation, le RPM règne en maître absolu sur les institutions.
Affaire à suivre.
Harber MAIGA