Les principaux enjeux rattachés aux prochaines consultations électorales se voient à travers les discussions et controverses autour de la réforme constitutionnelle, de l’élaboration d’un fichier électoral, de la mise en place d’une nouvelle CENI (Commission électorale nationale indépendante). ATT, dans une récente sortie a affirmé ne pas avoir trop de considération pour les gesticulations inutiles d’une certaine partie de la classe politique qui lui dispute l’opportunité de procéder à des réformes politiques et institutionnelles.
Seule compte à ses yeux la grande majorité silencieuse, dont il attend avec impatience l’avis qu’elle aura l’occasion de donner lors d ‘un référendum prévu pour 2012. Toutefois, un de ses «amis» est loin d’éprouver la même sérénité que lui. En effet, Adama T Coulibaly, président de l’Association Appel du Mali, a déclaré au confrère L’Indépendant (9 septembre) que « si ATT renonce aux réformes constitutionnelles face à la pression de la rue», ils sont prêts à organiser des marches de protestation. En voilà un qui est plus royaliste que sa majesté, parce que tout le monde sait que le chef de l’Etat n’aime pas le grognement de la rue. Chaque fois que celle-ci manifeste, plus souvent à tort qu’à raison, ATT préfère reculer « dans un souci d’apaisement », par un repli stratégique. Quitte à laisser le soin aux autres de tirer les marrons du feu. Il doit être le seul général à ne pas trop aimer aller au front.
Mais en ce qui concerne «ses» réformes, il ne doit pourtant pas trop craindre. Tout a été mis en œuvre pour qu’elles passent comme lettre (même sans timbre) à la poste. Outre le ferme soutien de ce plus royaliste que sa majesté et de ceux de plusieurs autres associations et clubs de soutien, déclarés ou pas, le général indépendant peut compter sur tous les ministres, sur la quasi-totalité des députés de l’Assemblée nationale, sur les hauts conseillers des collectivités territoriales qui auront bientôt, grâce à lui, le titre ronflant et pompeux de sénateurs, sur les partis politiques, notamment ceux dont des représentants paradent dans le gouvernement et dans les hautes sphères de l’administration et des finances. Mais surtout, le général dispose de deux armes fatales : le fichier électoral et la CENI. Grâce à ses deux armes d’élimination massive d’adversaires, n’importe lequel de ses amis est assuré de passer haut la main.
En effet, le gouvernement a disqualifié, pour le moment, le RAVEC, jugé trop transparent et contrôlable, a mis de côté le RACE, dont les secrets ont été éventés et sont connus par les petits partis devenus grands dans le sublime art de frauder dans les bureaux de vote, de corrompre quelques électeurs en quête de guenilles et colifichets, de manipuler la réalité des urnes. Pour l’heure, le gouvernement est en train «d’améliorer» un fichier électoral qui ne sera jamais consensuel mais que la majorité des partis politiques accepteront au nom du principe de l’équité et non de l’égalité des chances.
Concernant la structure chargée de superviser les élections et de valider la moralité de leurs résultats, le même confrère constate que «le gouvernement peine à trancher la polémique de la CENI). Cher confrère, il n’en était rien. Depuis très, très longtemps, le gouvernement, en l’occurrence le ministère de l’administration territoriale et des collectivités territoriales, a choisi son camp. Plus exactement, c’est depuis 2004 que les partis politiques ont décidé que seuls ceux qui sont dans la majorité présidentielle doivent se charger de superviser des élections qu’on n’organise pas pour les perdre. La guerre des concepts est inutile, et rien ne fera dévier de leurs véritables desseins ceux qui ont décidé de faire de la CENI une Coalition Electoraliste Naturelle Inféodée. C’est çà leur CENI à eux. Une machine électorale chargée de leur assurer la succession en 2012, et d’assurer du même coup la continuité du pouvoir absolu. Personne, dans les sphères de ce pouvoir absolu, n’en fait mystère. Et quoiqu’en dise le général Kafougouna Koné, l’administration a toujours joué à l’implication dans le jeu politique. C’est elle qui a donné le pouvoir à Alpha Oumar Konaré, en 1992 et 1997, en favorisant la venue de l’Adema à toutes les manettes et commandes importantes du pays. C’est encore elle qui a favorisé le retour d’ATT en 2002 et son maintien en 2007. Sinon tout le monde ici au Mali connaît la vraie réalité des urnes de 1992 à nos jours. Ne nous endormez pas général ministre, contentez-vous de gérer les intérêts de votre ami général président et de votre nomenklatura.
Cheick TANDINA