Climat politique : Les politiciens ont le dos au mur

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Au moment où le CNRDRE se lançait dans une bataille à fronts renversés, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra entrait en fonction dans un climat politique hautement inflammable, avec les arrestations du jour. Que personne ne vienne donc à lui dire ce qui l’attend ni transformer le mur du quotidien des Maliens en horizon.
Une information finit toujours par percer, et ce qui vient d’être dit hier soir, à l’heure du JT de 20h sur l’ORTM, n’est pas le début des couacs. Tout de même. La désignation de Cheick Modibo Diarra a-t-il posé problème ? Les politiciens sont avertis du dernier épisode. Un ancien membre du dernier gouvernement ATT et par ailleurs l’un des vice-présidents du parti majoritaire l’a joliment tournée la question. Il nous apprenait ainsi que l’une des parties prenantes dans cette affaire n’était pas au même niveau d’information que les autres, la Présidence de la République ayant appris l’information de proposition sur la personne du Dr. Cheick Modibo Diarra une fois qu’elle était déjà « routée ». Ce que vous apprenez là en aval vous étonnera toujours un peu plus. Il faut revenir sur ce qu’ont été les couloirs de la rencontre d’Ouagadougou pour savoir toutes les « amabilités » que nos politiciens se sont jetées à la figure. Les organes de la Transition furent, au propre comme au figuré, à l’épreuve du feu. Le Médiateur B. Compaoré avait laissé entendre sa préférence pour tel vétéran de la scène politique nationale (et qui n’avait pas fait le déplacement) pour diriger la Primature. Quand Tiéman Coulibaly  et Me Kassoum Tapo défendaient un point de vue, l’autre tendance présente, avec Me Tall et Oumar Mariko, abondait dans le sens de la vacuité politique et sur « la longueur du pantalon de Moriba » à tailler pour la Transition. Il y a que ces hommes comme Me Tall et Soumaïla Cissé ont failli en venir aux mains dans la salle. Le politique, dit-on, est un cocktail instable fait de beaux volcans d’enthousiasme, mais aussi de petits coins où les vaincus iront en aiguisant leur désespoir. Ce qui a été dit dans les couloirs ouagalais aurait fortement indisposé la junte à Bamako. Surtout que certains d’entre eux n’ont pas manqué de promener leur ressentiment contre tout ordre kaki. C’est sur ce coup que dès le retour sur Bamako, la politesse fut rendue autrement aux invités d’un jour de Blaise Compaoré. Ce fut le temps des interpellations, et on s’en va confirmer ici qu’Abdoulaye Daffé n’a pas été arrêté, puis qu’il était joignable encore hier dans ses bureaux de l’agence. L’arrestation de Me Kassoum fut un autre moment propre car elle a lieu à l’Hôtel Salam où habitait justement le Président Dioncounda Traoré. Le barreau malien fit entendre sa voix dans un communiqué dénonçant les arrestations hors cadre des lois. On peut s’étonner aussi du silence des autres organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile. Le ministre burkinabé de la médiation serait de retour dans nos murs.
Le premier ministre tient-il une parcelle de pouvoir ?
La question se pose ainsi dès son arrivée aux affaires, car de la réponse dépendra la qualité des soutiens qu’il recevra sur le plan interne. Or pour tout homme engagé dans la gestion des affaires publiques, il faut des relais. Lorsqu’au début, on s’est focalisé sur des questions de personne ou de détails pour savoir qui dirigera la Transition, on en oublie l’essentiel : l’important n’est-il pas de savoir avec quels hommes et femmes les élus allaient gouverner ? L’image de Cheick Modibo Diarra est à son zénith. Sera-t-elle diluée ou pas ? Aujourd’hui, il devra faire sa course avec le peuple, avec le souci des équilibres financiers à trouver le temps de cette Transition et les mécanismes collectifs de protection. La désignation à ce poste de notre navigateur-interplanétaire nous offre un fabuleux imaginaire. Il courait le monde pour transmettre son savoir et sa passion. Il se retrouve aux commandes d’un gouvernement à la tête d’un pays lilliputien pour son PIB et son espérance de vie. Cheick Modibo Diarra gagnait à être connu : il est servi. Tous les palais nationaux du continent le connaissaient déjà, et chose curieuse, c’est dans son propre pays que l’homme des balanzans n’a pas obtenu à ce jour de passeport diplomatique. L’homme que l’on dit riche aux as, pendant des années, a payé 50 000 FCFA de bourses à 500 jeunes filles. Autre chose : cet homme sera adoubé par les associations de charbonniers à qui il dira toute sa reconnaissance. Ce sont d’humbles gens comme eux qui ont contribué à payer, dira-t-il, centimes par centimes son immense savoir à lui, jusque dans les étoiles lointaines. Il n’était pas dans les cordes de l’ancien Président ATT qui aurait cherché à nuire à sa réputation auprès de ses pairs africains. Il s’apprêtait à démissionner de Microsoft pour se consacrer à sa campagne électorale. En apprenant sa nomination à ce poste de Premier ministre, l’homme a dû sentir en lui une profonde humilité devant la tâche échue. Cheick Modibo DIARRA va devoir alterner la menace d’une loi et la caresse d’une négociation. De son gouvernement d’union, il lui faudra arbitrer les litiges mais également surveiller les frontières. De son timing de travail à abattre, le premier ministre ne doit pas être vague dans ses propositions et prises de décision pour éviter justement de prendre des coups. Il aura en face lui un président de la transition qui le sera le plus longtemps possible dans un contexte qui reste incertain. Quand ce dernier aura à se définir, il sera devant un premier ministre avec un cartable de pouvoirs renforcés. Que pourra donc faire son gouvernement d’union nationale face à la dégradation politico-sociale ? Il serait inacceptable aux yeux de la majorité de nos concitoyens que le nouveau premier ministre Cheick Modibo Diarra, qu’on dit avoir du coffre, ne vienne à imposer à ses mentors de la junte militaire un mode d’emploi de la maturité. Et pour lui, le Mali sera partout.
S.Koné

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1 commentaire

  1. Si les partis politiques ont une réalité sur le terrain on devrait voir DES mobilizations de masse de militants et même des résistances armées pour liberer Soumi, Modibo Sidibé, Bittar et autres……

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