Le Rassemblement pour le Mali (RPM) a organisé, le samedi 8 décembre, au CNPM, un atelier sur la révision constitutionnelle prévue en 2019. L’organisation d’un tel événement, à un moment où le climat politique est tendu dans notre pays entre le gouvernement et l’opposition, si elle n’a rien d’illégale, n’est pas de nature à apaiser la situation.
Le samedi dernier, suite à un arrêté du gouverneur du district de Bamako interdisant les rassemblements sur tous les espaces et itinéraires stratégiques du centre-ville de la capitale, les forces de l’ordre et de sécurité ont dispersé à coup de gaz lacrymogènes les militants de l’opposition qui comptaient marcher pour protester contre la mauvaise gouvernance du pays par le régime d’IBK. Le même jour, au siège du Conseil national du patronat, le parti présidentiel, le RPM, organisait un atelier sur la révision constitutionnelle prévue en 2019 dans notre pays.
L’organisation de cet atelier sur un sujet aussi sensible qu’est la révision constitutionnelle et à un moment où le climat politique entre le gouvernement et l’opposition reste tendu, n’est pas du genre à apaiser la situation, même si elle n’a rien d’illégale.
Ce genre de comportement du parti présidentiel ne facilitera pas le travail des leaders religieux et les familles fondatrices de Bamako qui ont entamé, le mercredi dernier une médiation à travers une rencontre avec les responsables de l’opposition en vue de détendre l’atmosphère politique qui reste tendue dans notre pays depuis l’élection présidentielle de juillet-août 2018. On peut se poser la question sur les vraies intentions du RPM à travers l’organisation de cet atelier sur ce sujet à cette date.
D’autant plus que, lors des manifestations contre la révision constitutionnelle avortée en 2017, les responsables du RPM avaient brillé par leur silence et leur absence sur les plateaux de télé et radio pour défendre le projet de révision constitutionnelle du président de la République. Rares sont les membres du bureau politique national du RPM qui avaient soutenu publiquement le président IBK dans son projet de révision constitutionnelle en 2017, qu’il avait finalement abandonné sous la pression de la rue.
Donc, organiser, à l’heure actuelle, un atelier sur la révision constitutionnelle, relève de la provocation de la part d’un parti présidentiel dont le soutien à IBK n’a jamais été à 100 % durant tout son premier mandat. Avant d’ouvrir un nouveau foyer de tension dont notre pays n’a pas besoin actuellement, le RPM fera mieux de résoudre les problèmes auxquels il est confronté qui sont, entre autres, les guerres de positionnement et l’amateurisme qui finiront par l’enterrer politiquement, s’il ne prend garde.
Ousmane Daou