Un tract contre la présence de l’ancien président Moussa Traoré au défilé militaire du cinquantenaire : Moussa Traoré ne verra jamais la tribune du 22 septembre

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Depuis un certain temps, circule à Bamako un tract contre la présence de l’ancien président de la République, Moussa Traoré, à la tribune du défilé militaire et civil du 22 septembre 2010 devant se dérouler sur l’avenue du Mali, à l’ACI 2000. Pour les auteurs de ce tract non daté, "ce sinistre projet vise à noyer dans le déshonneur la commémoration de l’indépendance…". De ce fait, pour eux, "ce tyran ne verra jamais la tribune du 22 septembre 2010".

Intitulé « Non ! Mille fois non ! Moussa Traoré, ce tyran, ne verra jamais la tribune du 22 septembre 2010 », ce tract de deux pages commence par vilipender le régime militaire qui «a instauré, du 19 novembre 1968 au 26 mars 1991, une dictature militaire qui a flétri notre indépendance, hypothéqué notre souveraineté et restauré le pacte colonial pour asservir et exploiter notre pays". Au chapitre des récriminations, les auteurs du tract accusent le régime militaire, avec à sa tête Moussa Traoré, d’avoir  « assassiné, dans les années 1969 à 1990, le président Modibo Kéïta, David Coulibaly, Jules Travélé et d’autres dirigeants de la première République… exterminé de nombreux officiers de valeur dont le capitaine Diby Silas Diarra, Tiékoura Sogodogo, Alassane Diarra, Bakary Camara, Mamy Ouattara, Boubacar Traoré et leurs compagnons d’armes au bagne-mouroir de Taoudéni …liquidé froidement ses propres compagnons d’armes du coup d’Etat du 19 novembre 1968 dont Yoro Diakité, Tiékoro Bagayogo, Kissima Doukara, Attman Diallo, etc». L’ancien président de la République est déclaré responsable d’avoir "tué des étudiants comme Cheick Oumar Tangara, Abdoul Karim Camara dit Cabral, Ibrahima Thiocary…humilié des enseignants, des chefs de famille, des mères, des syndicalistes, des paysans,…clochardisé les fonctionnaires ». Pour les auteurs du tract en question, «Moussa Traoré, ce dictateur, sentant sa perte, a injurié vulgairement et publiquement les femmes du Mali».

Quel effet aura ce tract?

Toujours selon les auteurs du tract, « Moussa Traoré a menacé, le 6 janvier 1991, de faire descendre sur la tête des Maliens et des Maliennes les foudres de l’enfer…dans la violence la plus brutale et la plus inhumaine,  a fait abattre cruellement 292 personnes et blesser 699 autres… Cet homme qui a plongé notre pays dans le chaos, liquidé notre économie, notre école, nos grandes valeurs de civilisations, a été gracié malgré sa double condamnation à mort… Il vit aujourd’hui à la charge de l’Etat…On l’a hissé au rang d’anciens chefs d’Etat avec tous les privilèges contrairement à la loi. De plus, ces derniers temps, l’ORTM le porte aux nues. Certains griots l’encensent ». Les auteurs du tract semblent ne pas comprendre pourquoi « cet homme, qui n’a que mépris pour le peuple du Mali, est invité à la tribune officielle le 22 septembre 2010 pour y trôner arrogamment et narguer notre armée nationale, notre vaillant peuple, notre valeureuse jeunesse ».

De ce fait, ils pensent que « ce sinistre projet vise à noyer dans le déshonneur la commémoration de l’indépendance, transformant le défilé du 22 septembre 2010 en une vaste comédie de reptation du peuple malien au pied de son oppresseur, de l’assassin des officiers de valeur, du liquidateur des valeurs nationales ».

En conclusion, les auteurs du tract pensent que « c’est un acte de révisionnisme de notre histoire…Cela ne peut être accepté. Cela ne sera pas accepté…Le vaillant peuple malien se dressera de toute sa taille et criera à la face des monteurs de cette farce macabre : Non ! Mille fois non ! Ce tyran ne verra jamais la tribune du 22 septembre 2010 ».

Comme on le voit, l’unanimité est encore loin d’être faite autour de la présence de l’ancien président Moussa Traoré au défilé des Forces armées et de sécurité et des civils dans le cadre des festivités commémoratives du Cinquantenaire de l’indépendance du Mali, le 22 septembre 2010. Il s’agit maintenant de savoir quel effet aura ce tract.

Mamadou  FOFANA

 

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