COMODE: Coordination malienne des organisations démocratiques – (Composée de 15 associations)
Déclaration à propos de la cérémonie finale de commémoration du cinquantenaire de l’indépendance du Mali protestant contre la présence du Général Président Moussa Traoré à la tribune officielle.
A l’instar des peuples de dix sept pays de la sous région, le peuple malien s’apprête à commémorer dans l’effervescence, sous la présidence du Président de la République du Mali, Amadou Toumani TOURE, le mercredi 22 sept 2010, le cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays des TOUNKAS ; des MANSAS, des FAMAS, des Soni et ASKIA, des AMENOKALS ET DES LAAMIBEE DINA.
Cet événement majeur, moment de bilan, de méditation, de réflexion et de projection pour les 50 ans à venir est aussi propice à la générosité, au pardon, à la réconciliation dans l’euphorie sans critique, sans autocritique, sans amendements, sans demande de pardon aux victimes par les bourreaux, sans établir la vérité, sans reconnaissance des fautes qui commandent le pardon et la réconciliation. Sans solde des comptes en somme. C’est dans cette atmosphère de festivité, de folklore, que les plus hautes autorités du Mali s’apprêteraient à admettre Moussa TRAORE aux côtés des Présidents:
Modibo KEITA assassiné par ses soins ou avec sa complicité;
Amadou Toumani TOURE qui a parachevé l’œuvre de l’insurrection populaire entamée les mains nues par les Associations et Organisations Démocratiques en mettant hors d’état de nuire le bourreau des patriotes et démocrates maliens et fin au bain de sang, Alpha Oumar KONARE le 1er Président de la 3ème République démocratiquement élu.
La Coordination Malienne des Organisations Démocratiques, bien qu’imprégnée de la culture séculaire de tolérance, de pardon, dit NON, dans les circonstances actuelles, à cette entreprise de réhabilitation déguisée du Président de la 2éme République du Mali pendant 23 ans de dictature, d’oppression.
Le Général Moussa TRAORE a déjà largement bénéficié de la générosité, de l’esprit de tolérance, de clémence, de magnanimité du peuple malien et de ses Organisations patriotiques et démocratiques.
Ces Organisations sont fières de n’avoir pas fait subir au Général Moussa les brimades, les vexations, les humiliations, les tortures et les assassinats dont ont été victimes les combattants de la liberté et de l’indépendance du Mali, de son fait. Elles sont fières d’avoir dit: Plus jamais ça au Mali!
Le Mouvement Démocratique Malien se félicite d’avoir créé les conditions de naissance, de développement, d’épanouissement et de coopération avec lui de parti, issu de l’UDPM (Union Démocratique du Peuple Malien) y compris celui se réclamant ouvertement de l’héritage du Général Moussa TRAORE. Condamné deux fois à mort lors des procès crimes de sang et crimes économiques, il a bénéficié d’une commutation de ces peines en détention à perpétuité. De réduction en réduction du temps de détention, il est aujourd’hui un homme libre, jouissant de la liberté d’opinion, d’expressions, de mouvement dans le pays et en dehors du pays par une grâce présidentielle. Il jouirait même d’avantages et de prérogatives prévus par le statut des anciens présidents de la République de par la volonté des chefs d’Etat et Présidents de la République, sans protestation organisée du mouvement démocratique. Mais il y a des limites qu’il ne faudrait pas franchir par décence, par respect de la mémoire de tous les martyrs, morts dans les bagnes de TAOUDENIT et de KIDAL, morts ou handicapés à vie après leur libération des mêmes bagnes mouroirs et des prisons de Niono, de Yélimani, de Dioïla, de Kolondieba, de Ménaka, d’Agel-Hok, de Boureissa et d’Ansongo.
Il ne faut pas franchir ces limites par respect de la mémoire des martyrs des journées folles de janvier, février et mars 1991 qui dorment pour l’éternité au carré des martyrs ou dans d’autres cimetières.
Il ne faudrait pas franchir ces limites, toujours, par respect pour ceux qui, handicapés à vie continuent le combat pour la démocratie, pour l’amélioration de leurs conditions de vie matérielles, intellectuelles, morales, sociales et spirituelles. Même les familles de ses collègues du Comité Militaire, les familles de tous ses collaborateurs arrêtés et déchus de leurs grades sans jugement, sans preuves solides de Coup d’Etat le 28 février 1978 et déportés qui, au bagne mouroir de Taoudénit, qui à Kidal ne comprendraient pas la présence du Général Moussa TRAORE à la tribune officielle dressée à l’occasion de la commémoration du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Mali. Elles en seraient sûrement profondément choquées.
La présence annoncée du Général Moussa TRAORE à cette tribune, répétons le, constituerait une insulte à la mémoire de tous ceux qui se sont sacrifiés pour l’avènement du Mali libre et démocratique. Elle signerait une seconde mort de tous les martyrs de la Démocratie C’est pourquoi, encore une fois, Nous, de la Coordination Malienne des Organisations Démocratiques (COMODE) composée de 15 Associations, signifions notre totale désapprobation à la présence du Général Moussa TRAORE, à la tribune officielle dressée à l’occasion de la cérémonie de commémoration des cinquante années d’indépendance du Mali.
Nous exigeons du pouvoir de renoncer immédiatement à cette invitation Pour le respect des morts pour l’indépendance, la liberté, la Démocratie et la bonne gouvernance du pays. Nous élevons une vigoureuse protestation contre cette réhabilitation déguisée et nous nous engageons à nous y opposer par toutes les voies de Droit.
La réhabilitation du Général Moussa TRAORE par le peuple malien ne devrait être possible qu’après une demande d’amnistie déposée par le Président de la République, votée par l’Assemblée Nationale. La réhabilitation des bourreaux ne devrait être possible qu‘après celle de leurs victimes.
Le 22 septembre 1960 constitue le couronnement de la lutte héroïque du peuple malien contre l’agresseur, l’occupant, le dominateur et l’exploiteur.
En ces journées de commémoration, la Coordination malienne des Organisations Démocratiques (COMODE) s’incline devant la mémoire de ceux qui ont versé leur sang pour l’indépendance et la liberté, l’ancrage et la consolidation de la Démocratie, l’assainissement de l’administration (KOKAJE) pour lesquels sont tombés les martyrs du 26 mars.
Qu’ils dorment en paix ! …
Le peuple malien sait accorder le pardon à ceux qui le demandent après avoir reconnu leur faute, mais n’oublie jamais. La Coordination Malienne des Organisations Démocratiques (COMODE) souhaite plus de victoires éclatantes, dans tous les domaines, aux successeurs d’Amadou Toumani TOURE qui entameront en 2012 les années du centenaire de l’indépendance du Mali.
Bamako le 19 septembre 2010.
Pour le Bureau Provisoire de la Coordination Malienne des Organisations Démocratiques (COMODE).
Le Président
Le Professeur Ali Nouhoun DIALLO