En cette période de cinquantenaire en Afrique, l’un des défis qui préoccupent les responsables des villes est la gestion des déchets. La ville de Bamako, capitale du Mali, n’échappe pas à cette réalité. C’est donc pour en savoir davantage sur la gestion de cette problématique que nous avons mené une enquête sur la gestion des eaux usées dans le district. Ainsi comme le prônent les responsables de la capitale, la gestion des eaux usées est l’un des défis au cœur de la question environnementale. Ce défi du cinquantenaire peut être relevé à condition que l’ensemble des acteurs coordonne leurs efforts, car la tâche est immense.
Les eaux usées sont des eaux altérées par les activités humaines à la suite d’un usage domestique, industriel, artisanal, agricole ou autre. Elles sont considérées comme polluées et doivent être traitées. Elles sont parfois qualifiées d’eaux grises quand il s’agit d’eaux peu chargées en matières polluantes, par exemple des eaux d’origine domestique, résultant du lavage d’automobiles, d’assiettes, des mains, des bains, ou de diverses substances plus polluantes, d’où plus difficiles à éliminer telles que les matières fécales, les produits cosmétiques ou tous types de sous produits industriels mélangés à l’eau.
Du côté des artisans, par exemple les teinturières qui ne disposent pas de station d’épuration d’eau, elle déversent toutes les eaux usées dans un étang qui termine sa course dans un marigot, créant ainsi une source de pollution. Or, selon des informations, la pollution journalière produite par une personne utilisant de 150 à 200 litres d’eau est évaluée à 70 à 90 g de matières en suspension ; 60 à 70 g de matières organiques ; 15 à 17 g de matières azotées ; 4 g de phosphore ; plusieurs milliards de germes pour 100 ml.
Pour les eaux industrielles, elles sont très différentes des eaux usées domestiques. Leurs caractéristiques varient d’une industrie à l’autre. En plus de matières organiques, azotées, ou phosphorées, elles peuvent également contenir des produits toxiques, des solvants, des métaux lourds, des micropolluants organiques, des hydrocarbures. Certains d’entre elles doivent faire l’objet d’un prétraitement de la part des industriels avant d’être rejetées dans les réseaux de collecte. De ce fait, ces eaux peuvent être utilisées sans danger après un traitement approprié. Ces eaux traversent d’abord les caniveaux, puis les collecteurs, ensuite les marigots pour terminer leur parcours dans le fleuve ; sur ce parcours ces eaux nuisent ainsi aux milieux traversés.
Des analyses effectuées ont démontré de nombreuses conséquences sanitaires de ces eaux. Ainsi lorsque ces eaux sont stagnantes, elles provoquent beaucoup de maladies comme le paludisme, le choléra, la typhoïde, les maladies gastro-entérites… Elles contribuent aussi à l’augmentation des insectes, en particulier les moustiques qui sont principalement la base du paludisme qui occasionne des milliers de morts innocents dans notre capitale.
Les conséquences sur l’environnement, le cadre de vie et la santé sont perçues par les ménages comme étant liées à la mauvaise gestion des eaux usées dans les quartiers. La pollution des ressources naturelles (eau et sol) favorise le développement des vecteurs de maladies hydriques. En outre l’insalubrité et la dégradation du patrimoine urbain sont les conséquences les plus citées par les ménages interviewés. Parmi les propositions évoquées, la station d’épuration par lagunages fait partie des alternatives adaptées au traitement des eaux usées dans les quartiers ; ce sont des systèmes souples et peu coûteux dans leur conception, leur réalisation et gestion.
L’enquête nous a aussi permis de comprendre une réelle volonté des ménages à adhérer aux différents projets, en terme d’appui, de conseil, de contributions financières matérielles et en main d’œuvre. Il s’agit pour Bamako de retrouver son lustre d’antan en cette occasion de cinquantenaire.
L’eau est salie après usage, si elle n’est pas traitée avant de rejoindre les milieux naturels, elle peut causer de graves dommages (destruction partielle ou totale de la faune et de la flore).
Les eaux épurées peuvent faire parfois l’objet d’un traitement complémentaire ou «affinage » (désinfection, traitement de l’azote et du phosphore) dans le but, soit d’une réutilisation à des fins industrielles ou agricoles, soit de la protection du milieu récepteur pour des usages spécifiques, soit de la protection des prises d’eau situées en aval.
On l’aura compris, l’un des défis majeur de cette dynamique de festivité du cinquantenaire sera incontestablement la gestion de l’environnement avec en toile de fond la gestion des eaux usées qui risquent de saper tous les efforts. En quatre mois de l’évènement, le temps imparti est donc limité, il s’agit alors pour les différents responsables de mettre les bouchées doubles.
Assétou KANTE
Stagiaire