Le 22 septembre 2010 a été. Cette date qui marque le cinquantième anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance a été célébrée cette année avec la ferveur historique qu’elle symbolise. Sous le signe de la réconciliation nationale. Mal emmanchée, celle-ci n’a pas été au rendez-vous du cinquantenaire, car le peuple martyr du Mali n’a pas voulu d’une réconciliation prête à porter. Contrairement à ce qui était prévu, l’ancien Président Moussa Traoré n’a pas été à la loge officielle, la Coordination malienne des organisations démocratiques ayant haussé le ton en dénonçant ses faits dictatoriaux. En démocratie, c’est le peuple qui a le dernier mot, a semblé admettre le Président ATT qui a renoncé à son projet. Le Président Alpha Oumar Konaré n’a pas dit le contraire en lui rendant visite au palais de Koulouba, la veille de l’évènement et non sans rappeler deux dates de référence pour le Mali : le 22 septembre 1960 et le 26 mars 1991. Mais ATT est un des acteurs du 26 mars et veut la réconciliation national.
C’est suite à I’ éclatement de la Fédération du Mali que le Président Modibo KEITA a solennellement proclamé l’indépendance du Mali, le 22 septembre 1960. Cinquante ans après, dans une adresse à la Nation, le Président Amadou Toumani Touré a rappelé une partie de la déclaration du premier Président malien, en ces termes : « La République du Mali est née. Le Mali continue. Toutes les Maliennes et tous les Maliens doivent se considérer comme mobilisés pour la construction de la République du Mali, patrie de tous ceux qui sont fermement attachés à la réalisation de l’Indépendance et de l’Unité africaine, toutes les Maliennes et tous les Maliens doivent accepter tous les sacrifices pour que notre pays puisse sortir grandi, rayonnant, de l’épreuve qu’il traverse pour que les Africains libres, réellement libres, puissent, sans possibilité d’ingérence, s’unir pour que s’affirme une grande nation africaine qui marquera de son sceau la politique internationale, pour que la paix, espoir des peuples en voie de développement, s’établisse entre tous les pays du Monde ».
Héritage plusieurs fois séculaire
Evoquant le sens de l’honneur, de la dignité, de la tolérance et de la solidarité qui caractérise notre peuple, ATT a indiqué qu’ils constituent des valeurs sur lesquelles repose notre société. « Quand nous évoquons les empires et les royaumes, qui se sont succédé sur notre terre natale, ce n’est pas pour nous réfugier dans une auto satisfaction stérile, sans liens avec les réalités du présent, mais pour nous convaincre que si la République du Mali a cinquante années d’existence, le Mali est vieux de plusieurs siècles, il a abrité des Etats organisés et dont Ie dynamisme surtout économique, à travers les échanges commerciaux transsahariens, ont été de puissants facteurs de prospérité, des Etats qui ont su créer des réseaux de relations et de brassage humain, à l’origine d’un humanisme fécond. Nos traditions d’hospitalité, de mesure, d’humilité et de partage nous viennent de loin », a déclaré le chef de l’Etat. En ce jour solennel, le Président malien a rendu hommage à ceux qui, avec courage et détermination, se sont opposés, de toutes leurs forces, à la pénétration coloniale, à la domination étrangère. A la suite de ces résistants qui restent pour nous une source inépuisable d’inspiration, ATT a exprimé toute la reconnaissance du peuple du Mali aux hommes et femmes, qui ont dédié leur combat à l’émancipation de notre pays, au prix de multiples sacrifices, y compris le sacrifice ultime pour que le 22 Septembre 1960 soit.
D’hier à aujourd’hui Le 22 septembre 1960, le Mali disposait de 350 km de route bitumée contre 5700 km en 2010 ; la Fonction publique comptait moins de 20 cadres de catégorie A contre 12.500 aujourd’hui.
Au plan agricole, les superficies aménagées pour l’irrigation s’élevaient à 50.000 hectares contre 345.240 aujourd’hui.
L’approvisionnement en eau, assuré par 3 stations de pompage, touchait seulement 2% de la population ; le taux de couverture en 2010 est de 73,34 % pour l’accès à l’eau potable.
Quant au réseau électrique, il était alimenté par deux mini-centrales (à Darsalam et Félou) alors que le Mali de 2010 totalise 19 centrales autonomes et 6 centrales de réseaux interconnectés. Sur la même période, la population de notre pays est passée de 04 millions à 14,5 millions d’habitants.
ATT a rappelé que le 20 janvier 1961, la République du Mali décidait de l’évacuation des troupes étrangères stationnées sur son territoire.
La célébration du cinquantenaire de l’indépendance offre l’occasion, de rendre un hommage mérité à nos forces armées et de sécurité « qui ont marqué dignement leur présence sur tous les grands chantiers de la construction nationale et du maintien de la Paix en Afrique et dans le Monde. Je n’oublie pas, les organisations socioprofessionnelles, les organisations syndicales qui ont pris une part active dans la libération de notre peuple de la domination coloniale, comme dans toutes les étapes décisives de l’évolution historique du Mali indépendant ». Selon le Président ATT, de nombreux partenaires au développement ont accompagné le peuple du Mali depuis les premières heures de son indépendance. « Notre peuple est jaloux de sa dignité, de sa liberté, mais il a apprécié et continue d’apprécier l’action de tous ceux qui, dans Ie cadre de la coopération, œuvrent pour l’amélioration des conditions de vie de nos populations. L’accession à l’indépendance fut le temps de la rupture avec les fondements de la colonisation. Mais le peuple du Mali a toujours exprimé sa volonté de coopérer avec tous les peuples qui respectent sa souveraineté et partagent ses idéaux. Cette ligne est toujours d’actualité », a poursuivi le président de la République.
Des défis à relever
Au nombre des défis, ATT a évoqué les réformes en projet, notamment : Le découpage administratif du territoire avec la création de nouvelles régions, de nouveaux cercles, dans le souci d’une meilleure gouvernance du pays,
La relecture de la loi portant statut particulier du District de Bamako, pour permettre d’élire un Maire pour notre capitale,
La nouvelle carte judiciaire visant à améliorer les services rendus aux justiciables et le projet de code des personnes et de la famille appelé à baliser notre marche continue vers une société enracinée dans ses valeurs de civilisation et ouverte sur le monde.
ATT a rappelé la mission confiée à une équipe d’Experts nationaux pour une étude visant à définir des reformes susceptibles de conforter notre processus démocratique. Les conclusions qui en sont issues, seront prochainement soumises à l’appréciation de notre peuple, par voie référendaire, après leur adoption par l’Assemblée Nationale.
Selon le chef de l’Etat, l’une des exigences de la démocratie, c’est aussi la promotion des pratiques de bonne gouvernance ; la rigueur dans la gestion des ressources publiques constitue, aujourd’hui, une des conditions indispensables, pour Ie développement économique, social et culturel, auquel notre peuple légitimement aspire. Chacun de nous devra se convaincre de l’extrême importance d’œuvrer dans ce sens.
S’agissant de l’école qui est devenue une des préoccupations communes, le Président a réitéré son appel à tous les acteurs impliqués dans sa marche, enseignants, parents d’élèves, autorités scolaires et universitaires, élèves et étudiants pour que « chacun comprenne, que dans le monde concurrentiel où nous vivons, nous n’avons d’autre choix que de tendre vers l’excellence, en assurant la formation des hommes et des femmes qui se distingueront par leur compétence ».
Cap sur les 50 prochaines années Selon ATT, l’atout majeur pour le développement du Mali des 50 prochaines années, sera incontestablement l’agropastoral et l’exploitation dans sa diversité de notre potentiel minier.
En plus de l’or, l’exploitation des réserves de fer, de manganèse et les bonnes perspectives, dans la recherche de l’uranium, vont donner un nouveau souffle à notre économie. Le pétrole jouera un rôle de premier plan dans cette reconfiguration de notre économie, au cours du demi-siècle à venir. Les premiers forages, à la préparation desquels travaillent les équipes techniques, seront bientôt réalisés.
Notre histoire intacte
Selon le Président Amadou Toumani Touré, « le Peuple du Mali n’a jamais arraché une seule page de son histoire ; il a gardé intacte la mémoire de son parcours. Des Maliennes et des Maliens ont certes enduré des souffrances, porté des deuils, que les circonstances leur ont imposés, mais notre peuple n’a jamais accepté de tourner le dos à l’avenir. L’appel du destin commun, la vision partagée du futur, au-delà des vicissitudes du passé, l’ont incliné non à s’enfermer dans le ressentiment, mais à agir pour que toutes les filles et tous les fils se rapprochent, pour que les fractures se referment et génèrent des attitudes positives riches de fraternité et de spiritualité. Puisse la célébration du cinquantenaire de notre accession à la souveraineté ouvrir de nouvelles avenues, dans cette direction et enraciner encore plus profondément dans les cœurs et dans les esprits le pardon et la réconciliation », a-t-il souhaité. « Aujourd’hui, je voudrais demander à notre Peuple et à l’ensemble de la classe politique et de la société civile, de se joindre à moi pour réfléchir à la manière la plus adéquate, pour avancer sur le chemin de la réconciliation nationale. Cette démarche n’implique aucune approbation des faits ayant motivé des condamnations. J’ai été un des acteurs des évènements de mars 1991. Je mesure tout le poids de l’histoire et des responsabilités ! », a t-il ajouté. Il a réaffirmé le combat du Mali pour une Afrique politiquement et économiquement forte. L’Histoire du Mali Indépendant, étant intimement liée à l’intégration et à l’Unité africaine, consacrées par notre Constitution depuis 1960. « Notre quête a été constante : de la Fédération du Mali à l’Union Guinée-Ghana-Mali, du combat pour l’Unité africaine aux Etats-Unis d’Afrique, nous avons toujours été présents, voire à l’avant-garde », a conclu le chef de l’Etat.
B. Daou