Le Mali de Modibo Kéïta à ATT

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22 septembre 1960- 22 septembre 2010. Que d’eaux ont coulé sous le pont Mali. Cela fera plus précisément 50 ans, jour pour jour, que le Mali s’est libéré du joug colonial français  au prix  d’une lutte épique au double plan politique et syndical. Mettant ainsi un terme à  82  ans de domination française qui a commencé depuis que le premier coup de canon a été tiré, le 22 septembre 1878, à Logo Sabouciré. Cependant, le colonisateur  ne s’est pas installé sans coup férir.

Loin s’en faut ! L’envahisseur  a rencontré sur son chemin une résistance farouche. De fait,  la pénétration coloniale a été émaillée par des batailles épiques dont les pages les plus glorieuses ont été écrites  par  des héros au nombre desquels certains ont préféré se donner la mort plutôt que de tomber entre les mains de l’ennemi. Les plus illustres d’entre eux ont pour nom  Tiéba  Traoré, Babemba Traoré,  Samory Touré, El Hadj Omar Tall, Koumi Diossé, Firhoun, Banzani Théra…

Cinquante ans dans la vie d’un homme, c’est l’âge de la maturité. Dans la vie d’une nation, c’est l’âge de la jeunesse pour ne pas dire de l’enfance. Un laps de temps  au cours duquel se sont succédé  trois Républiques et une transition. Dirigée d’une main de fer par le père de l’indépendance, Modibo Kéita, la première République  aura  vu le Mali fraîchement indépendant chercher sa voie parmi mille écueils. Celle-ci sera, par la force des choses, socialiste. C’est cette première République qui a mis en place les premières unités industrielles du Mali dont certaines, comme la COMATEX, continuent  d’exister. Cette première République a fait, en huit petites années, ce que la deuxième République n’a pas pu faire en 23 ans. Elle sera victime du contexte géopolitique de l’époque, notamment la guerre froide et des  choix politiques  qui en découleront. Lesquels l’amèneront à commettre certaines erreurs qui lui seront fatales. Viennent ensuite la  deuxième République et le couple CMLN et Moussa Traoré, qui mettront un coup d’arrêt à la dynamique amorcée. Avant de plonger  le pays  dans une autocratie qui, en 23 ans, n’a eu comme mérite que d’installer le pays dans la gabegie, le népotisme, l’incurie, l’affairisme, l’immobilisme, la prévarication… Tout en érigeant la corruption en système de gestion et en foulant allègrement au pied les libertés collectives et individuelles.

Il aura fallu la révolution de mars 1991, une insurrection populaire parachevée par un coup d’Etat militaire, pour que le Mali respire à pleins poumons l’air frais de la liberté, de la démocratie et  du multipartisme intégral. Cette dynamique s’accompagnera de l’explosion des initiatives privées  et des mouvements associatifs. La transition qui s’en est suivie est encore citée en Afrique, voire à travers le monde, comme un modèle de réussite.

La troisième République, qui a démarré sous Alpha Oumar Konaré (deux mandats) et qui est en train de se prolonger sous ATT, a, certes, eu ses balbutiements, à travers notamment la crise politique avec le COPPO. Elle, cependant, a permis de réaliser des progrès immenses au triple  plan économique, social et culturel. Résultat : le Mali jouit d’une respectabilité incontestable dans l’arène internationale. C’est indéniable, le défi qui reste à relever est titanesque, car le Mali vient de très loin. L’école, qui conditionne l’avenir du pays,  cherche toujours sa voie; l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne reste une épine dans les pieds de notre pays. Mais il ne fait aucun doute  que le Mali, qui plonge ses racines  dans les empires prestigieux du Ghana, du Mandingue, du Songhaï, des royaumes Bambara de Ségou et Peuhl du Macina, saura trouver en lui-même les ressorts moraux et intellectuels  nécessaires pour relever tous les défis. Et se tailler une place de choix  dans le concert des nations. D’autant que tous les prévisionnistes s’accordent là-dessus: les  cinquante prochaines années seront celles de l’Afrique. Et que notre pays dispose d’énormes avantages comparatifs dont ses  fabuleuses ressources agro-pastorales et minières ne sont pas les moindres. 

Yaya SIDIBE

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