L’Assemblée nationale célèbre le cinquantenaire : Les anciens députés US-RDA et UDPM réclament leurs pensions

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Pour mieux amorcer un nouveau Cinquantenaire à compter du 22 septembre prochain, l’Etat doit envisager le versement aux anciens députés de l’US-RDA et de l’UDPM, leurs pensions parlementaires. Tel est le cri de cœur lancé par deux "doyens", hier, 16 septembre 2010, dans la salle Aoua Kéita de l’Hémicycle, lors de la conférence-débat sur le parcours de l’institution parlementaire du Mali. Il s’agit des doyens Sidiki Diarra, ancien président de l’Assemblée nationale et de Moussa Touré, ancien vice-président de l’institution. C’était au cours d’une conférence-débat sur le thème " Assemblée nationale du Mali, de 1960 à nos jours, quel changement ? "

Cette conférence-débat, qui s’est tenue hier dans la salle Aoua Kéita de l’Assemblée nationale, se situe dans le prolongement du programme concocté par l’institution parlementaire dans le cadre de sa contribution aux festivités du Cinquantenaire.

La rencontre était placée sous la présidence du premier Vice-président de l’institution, l’honorable Younoussi Touré, représentant le président, le Pr. Dioncounda Traoré. Il avait à ses côtés, au présidium, le doyen Sidiki Diarra, ancien président de l’institution (après Mahamane Alassane Haïdara, Mady Sangaré), un autre président de l’institution, le Pr Ali Nouhoum Diallo, le modérateur de la conférence, le Pr. Bakary Kamian et les deux conférenciers, les professeurs Sidi Ould Mohamed Baby et Abraham Bengaly. La rencontre a également enregistré la présence des ambassadeurs, des députés, de plusieurs personnalités, des universitaires et des étudiants.

Campant le décor, le président de séance, l’honorable Younoussi Touré, a rappelé que c’est dans le contexte de la célébration du Cinquantenaire du Mali que se situe cette conférence-débat. Une rencontre qui se tient au lendemain de la journée porte ouverte et qui vise également à mieux faire connaître cette institution phare de la démocratie malienne aux citoyens.

Le Pr. Bakary Kamian (célèbre historien et premier Africain agrégé en Géographie), un monument dans le domaine de l’Histoire du Mali, a rappelé le contexte de la naissance de la République du Mali. Il a expliqué le spectre de balkanisation qui était dans tous les esprits à cette époque. Deux camps s’opposaient : les fédéralistes partisans déterminés du maintien de la structure fédérale pour l’accession à l’indépendance. En face, a-t-il rappelé, le camp des anti-fédéralistes animé par la Côte d’Ivoire, craignant devenir la "vache à lait" si la structure fédérale était maintenue…

Pour le doyen  et ancien président de l’Assemblée nationale, Sidiki Diarra, l’Assemblée nationale du Mali a connu une évolution remarquable au fil du temps. Elle a été membre de plusieurs structures parlementaires d’intégration comme l’Union des Parlements Africains, l’Assemblée parlementaire des ACP-UE, etc. La présence du pouvoir législatif dans la vie institutionnelle nationale est significative. Et c’est tout à l’honneur de tous députés. C’est pourquoi, a-t-il insisté, dans le cadre de cette célébration du Cinquantenaire, il faut que l’Etat réfléchisse à payer les pensions parlementaires aux anciens députés de l’US-RDA et de l’UDPM. Cette exigence a été relayée après par le doyen Moussa Touré qui représentait les familles fondatrices de Bamako et les responsables des quartiers de la ville des trois caïmans.

Pour lui, au moment où tout le peuple s’apprête à célébrer dans un esprit de pardon et d’acceptation de l’autre, les anciens députés, pour la plupart " des survivants " méritent que l’Etat leur verse leurs pensions. Cela est, à en croire cet ancien vice-président de l’Assemblée nationale du Mali au temps de l’UDPM, une question de justice sociale.

 Pour sa part, le Pr. Sidi Ould Baby a expliqué que l’indépendance a été proclamée le jeudi 22 septembre 1960 par l’Assemblée territoriale de la République soudanaise. Cette assemblée se transformera en assemblée législative puis en assemblée constituante pour élaborer la Constitution de 1960. Ce texte fondamental a posé "les principes de la séparation des pouvoirs, l’équilibre institutionnel, le respect des libertés, de la personnalité africaine, les libertés et les droits consacrés par la Déclaration de 1948 ".

Le Pr. Abraham Bengaly a indiqué que l’Assemblée nationale, de 1960 à nos jours, a été dissoute ou mise en congé et remplacée par des organes d’exception trois fois, avec des fortunes diverses.

Sous la 1ère République, le titre III de la Constitution parle de " Parlement " avec des députés élus au scrutin universel direct. Il a rappelé que, par décret signé le 22 août 1966, le président Modibo Kéita a dissout l’institution parlementaire, car, expliquait-on, il redoutait un coup de force, après le coup d’Etat survenu au Ghana et qui avait emporté son ami, le président Kwame NKrumah. Le Pr. Bengaly a, en outre, souligné que l’Assemblée nationale de cette période avait des compétences étendues.

Sous la 2ème  République (régime militaire et parti unique) l’Assemblée nationale est devenue la 4ème institution (après le Président de la République, le Gouvernement, le Parti unique érigé au rang d’institution). Elle sera dissoute avec un régime d’exception avant que la Constitution du 2 juin 1974 ne la rétablisse. Elle se constituait, selon le conférencier, de députés élus au scrutin uninominal à un tour ; et les candidats étaient présentés en liste unique du parti (l’UDPM). C’est la direction du parti qui désignait le président de l’Assemblée nationale, alors l’initiative des lois appartenait concurremment au président de la République et aux députés. Telle était la situation jusqu’aux événements du 26 mars 1991 qui a dissout pour la troisième fois l’institution parlementaire avec la création du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP). C’est finalement la Constitution du 25 février 1992 qui va rétablir l’Assemblée nationale dans sa forme pluraliste actuelle.

 

Bruno D  SEGBEDJI

 

Quelques personnalités ayant marqué l’histoire du Mali

Fily Dabo Sissoko (1900-1964)

Né en 1900 à Bafoulabé, Fily Dabo Sissoko fréquenta l’Ecole Normale William Ponty et enseigna à l’Ecole Régionale de Bafoulabé. Nommé chef de Canton de Niambia dans le Cercle de Bafoulabé en 1933, Fily Dabo Sissoko participa aux organisations nées de l’activité du Front populaire et de la Résistance au Soudan français. Il débuta la politique en 1945 avec son élection à l’Assemblée Constituante en 1946, 1951 et 1956 à travers le Parti progressiste soudanais(PSP) qui a été absorbé par l’US-RDA en 1959. Il mourut en 1964.

Aoua Kéita (1912-1979)

Aoua Kéita demeure une «dame de fer» dans l’esprit de ceux et celles qui l’ont côtoyée. Née en 1912 à Bamako, cette dame de coeur a été élève à l’Ecole de jeunes filles et au Foyer des métisses, avant de suivre une formation médicale à l’ecole africaine de Médecine et de pharmacie de Dakar de 1923 à 1931 . Formation à l’issue de laquelle elle obtint un Diplôme de sage-femme. Aoua Kéita a servi dans plusieurs cercles du Soudan français et a significativement concouru à l’expansion de l’US-RDA.

Actrice de la fondation du Syndicat des femmes salariées de Bamako, elle intègre le bureau politique de l’US-RDA en 1958. Elue députée de la Fédération du Mali à Sikasso en 1959, Aoua Kéita est la première femme du Mali à ce poste et participe à l’élaboration de la Constitution du Mali. Chargée de la Commission sociale des femmes au bureau politique de la section soudanaise du Rassemblement démocratique africain (RDA), elle fait adopter par le Gouvernement un Code du mariage en 1962. Elle a été députée à l’Assemblée nationale du Mali de 1960 à 1968 et mourut en 1979.          

Bruno D.S

 

 

 

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