Il y a 50 ans à Ségou (L’Art) – La troupe artistique de Ségou

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Comme toutes les troupes artistiques et culturelles des autres régions du pays que les Semaines Nationales des Jeunes du Mali ou Biennales Artistiques et Culturelles ont permis d’en instituer et de faire découvrir, depuis l’indépendance, celle de Ségou a aussi profité de l’initiative de l’Inspection Régionale de la Jeunesse et des Sports de Bamako qui avait inscrit dans son programme d’action en 1961 des compétitions artistiques entre les groupes de pionniers de la ville de Bamako. L’expérience ayant été concluante, la Commission Nationale de la Jeunesse du Mali a décidé de l’étendre au mois de Juillet 1962 aux 6 régions administratives du Mali (Kayes, Bamako, Sikasso, Ségou, Mopti et Gao).

La Semaine Nationale de la Jeunesse est née et organisée chaque année. Elle met donc aux prises les Troupes Artistiques des 6 régions qui devaient compétir en solo de chant, chœur, pièce de théâtre, ballet moderne et exposition d’objets d’art, tout autant qu’en sport, avec des disciplines comme le football, le basketball, le judo, le tir de fusil et la natation. Parallèlement, des numéros hors compétition comme les excursions, le tableau phonétique ou mouvement d’ensemble étaient au programme. S’il est aujourd’hui difficile de fixer la mémoire de Ségou à travers ses différentes prestations pendant cette période (1960-1968) où la Semaine prendra même le nom de Semaine Nationale de la Jeunesse USRDA, c’est peut être parce qu’à l’époque Ségou n’avait pas eu la chance de jouer le premier rôle comme Kayes qui s’était classée première lors de la 2eme édition (1963) ou Mopti en 1964, Sikasso en 1965, Bamako en 1962 et 1966 et Gao en 1967.

Les quelques rares encadreurs de Ségou qui vivent (Beydi Keita, Aliou Diallo) ont une perte de mémoire extraordinaire, le premier responsable de la jeunesse en 1962, Albassa Touré n’étant plus de ce monde. Les Ségoviens ont quand même émerveillé les amoureux du théâtre pendant cette période du régime de l’US RDA avec de fabuleuses pièces de théâtre dont « BANZANI THERA » en 1966 qui retraçait la révolte des bobos ou « A QUI LA FAUTE » d’un Inspecteur du Travail, Tiemoko Sylla ou même du chef-d’œuvre du Dr Ngolo Traoré, ancien Ministre de Moussa Traore intitulé « LE BATEAU ». Mais, indiscutablement une œuvre est et va rester immortelle dans le Mali éternel du théâtre : le Chœur de Ségou en 1967, celui-là même que l’ORTM fredonne sur le petit écran pour accompagner les images de la région de Ségou.

« Ni tè fo ne ma, ni tè kè ne la, o tigi ti kè an ga niema » était-elle une chanson prémonitoire, face à un régime de Modibo Keita qu’on ne reconnaissait plus jusqu’à sa chute un an plus tard ? L’auteur ne le dit pas, car ce chœur, composé par un enseignant, Oumar Ba aujourd’hui à Darsalam Ségou (père du capitaine du Balanzan AC de Ségou, Hamady Ba) a été présenté par son quartier d’origine Sokalakono et primé depuis la Semaine Locale jusqu’à la Semaine Nationale. Après le changement politique, suite au Coup d’Etat du 19 Novembre 1968, un séminaire s’est tenu du 29 au 30 Décembre 1968 à Bamako pour recommander la restauration de la Semaine Nationale de la Jeunesse en changeant de nom en 1970 pour devenir la Biennale Artistique et Culturelle des Jeunes du Mali.

La 1ere Biennale, du 04 au 12 Juillet 1970, s’est déroulée à un moment où la personnalité de l’homme africain sur le plan artistique et culturel s’imposait comme une nécessité absolue et cette noble mission incombait aux artistes. De 1970 à 1978, l’animateur de jeunesse était la cheville ouvrière du CCPA (Comité Culturel de Plein Air) un organe qui régulait les activités de jeunesse au niveau local. A partir de 1978, l’UNJM (Union Nationale des Jeunes du Mali) remplace le CCPA. Au niveau régional, l’organisation des Semaines revenait aux Directions Régionales de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture (DRJSAC), en rapport avec l’administration qui gardait néanmoins son rôle de premier plan.

Il faudra donc attendre 1972 (2eme Biennale Artistique, Culturelle et Sportive) pour voir le sacre de Ségou à cette compétition qui s’était déroulée du 8 au 17 juillet. Un Décret en date du 03 Mai 1978 réorganisa la Biennale en ces termes : les années paires pour la Biennale Artistique et les années impaires pour la Biennale Sportive. Cédant à l’hégémonie Bamakoise, Ségou se targuera au moins d’organiser la 1ere Biennale tournante, ce qui correspondait à la 3eme Sportive, tout comme en 2005, après un arrêt de ce regroupement des jeunes, elle organisera la 1ere Biennale délocalisée de l’ère de la démocratie qui a permis à Kayes de l’organiser en 2007 et à Sikasso de tenter de réussir celle du Cinquantenaire en Décembre.

Ainsi donc, partout au Mali désormais, à travers chœurs, solos de chant etc.… les troupes artistiques s’affronteront dans une compétition, non pas comme des adversaires préoccupés par la recherche de la victoire mais comme des émules dont le seul souci est de donner et de recevoir, comme pour montrer que le Mali de demain se prépare à travers le brassage. La Biennale Artistique permet plus que tout, à la jeunesse, de découvrir les valeurs artistiques et culturelles du pays et même de se forger une personnalité, car dans une saine émulation, les troupes artistiques retracent les épisodes de la vie quand les acteurs, sur scène, étalent au grand jour l’art authentique sous lequel le public découvre son visage.

Moutta

 

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