En 2010, de nombreux pays africains ont célébré avec faste le cinquantenaire de leur accession à l’indépendance : 1960-2010. Mais quels bilans réels ont été présentés aux peuples africains, si ce n’est que l’histoire de l’esclavage et de la colonisation ? Quoi qu’il en soit, le moment est venu de questionner, sans complaisance, la gestion des affaires politiques dans les pays africains par les africains..
Le désastre qui s’abat sur l’Afrique aujourd’hui est sans doute, et d’avantage, le fait des africains eux-mêmes. On ne peut continuellement porter sur l’Afrique un regard plein de compassion alors qu’une bonne partie de son peuple l’élite, parfois celle là qui naguère a été la tête de proue dans le combat pour la libération du joug colonial, saigne à blanc le continent noir et oblige une frange importante de femmes et d’hommes à l’exil , souvent ces voyages sont périlleux. La jeunesse africaine aujourd’hui est dans un état anxieux, désemparé, dubitatif ayant perdu l’espoir. Les dirigeants africains, une fois qu’ils arrivent au pouvoir, oublient leurs peuples, ils hissent les intérêts personnels au-dessus des intérêts publics. Certains n’hésitent pas à tailler à leurs mesures les instruments juridiques (la constitution par exemple) qui régissent les conditions d’accession et d’exercice du pouvoir. Nous avons vu le cas en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et actuellement au Sénégal avec ce fameux projet de loi très contesté initié par Me Abdoulaye Wade. Projet de loi dans lequel un article institue l’élection du président et d’un vice président à la fois et ; cela à 25% des suffrages exprimés au lieu de 51% initialement prévu dans les textes. En réalité la faillite de l’Afrique est quelque part la faillite, l’échec des leaders politiques, la démission des intellectuels de leur fonction d’assistant et de conseiller des dirigeants. Certains dirigeants s’accrochent au pouvoir et persécutent leurs opposants ; empêchant ainsi l’alternance au pouvoir qui est l’un des principes démocratiques. Ils violent ainsi des droits humains et des principes démocratiques, conditions sine quanum pour le développement du continent africain. Nous pouvons condamner l’esclavage des africains. Mais il faut le reconnaitre, « la colonisation est un mal nécessaire pour l’Afrique » comme le disait le célèbre poète et ancien président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor.La présence des forces armées françaises en Côte d’Ivoire et celle de l’OTAN en Libye en sont de parfaites illustrations. Parce que ces anciens colonisateurs ont libéré des peuples meurtris, frustrés, déprimés par les exactions des dictateurs ; ils sont parvenus à faire respecter l’ordre constitutionnel dans certains pays pendant que l’Union Africaine a gardé son mutisme, son inertie, étalant ainsi l’incapacité des africains à régler les problèmes africains.
Mamadou Coulibaly