La société de téléphonie Orange Mali, soucieuse de ne pas rester en marge des festivités du Cinquantenaire, a décidé d’organiser un méga-concert réunissant des artistes maliens et africains.
Ainsi, le lundi 20 septembre, c’est une foule des grands jours qui, dès les premières heures de la soirée, s’est dirigée vers le Boulevard de l’Indépendance. Ce concert, qui était parti pour battre tous les records d’affluence, se terminera en queue de poisson. En effet, seulement une heure après son démarrage, il sera écourté suite à une bousculade. Selon les premières informations recueillies sur place, c’est suite à une bagarre entre quelques spectateurs désireux de se tailler des places que la police, en voulant maintenir l’ordre, usa de gaz lacrymogènes. S’ensuivra un tohu-bohu au cours duquel certains spectateurs se feront marcher de dessus. Interrogées, des populations riveraines du Boulevard de l’Indépendance affirmeront qu’il y a eu environ six morts, une centaine de blessés et beaucoup de dégâts matériels.
Le hic dans cette affaire, c’est que dès le lendemain, c’est-à-dire le mardi 21 septembre, la société Orange Mali et DFA.Com, son agence de communication, animent un point de presse au cours de laquelle elles affirment le contraire. Selon les animateurs de ce point de presse, ce qui est arrivé est regrettable. "A part quelques cas de blessures, il y’a heureusement pas de perte en vie humaine", diront-ils en substance. Quant au Directeur de l’agence de communication DFA, il dira que le matériel perdu se chiffre à environ 500 millions, sans faire une estimation des dégâts humains.
Face à ses informations qui se contredisent, nous avons, dans la journée du jeudi 23 septembre, décidé de nous rendre à l’Hôpital Gabriel Touré où les victimes avaient été admises. Arrivé aux urgences, nous avons été reçus par le chef de poste du GIE MEDIC, en charge de la sécurité des locaux, de l’orientation des usagers: il s’appelle Aboubakar Ongoïnba. Selon le chef de poste, ce soir-là, il était parmi ceux qui ont passé toute la nuit à porter secours aux blessés. A notre question de savoir le nombre de décès constatés, il dira que contrairement à tout ce qui est en train d’être dit, seul un cas de décès avait été constaté par le médecin le soir même de la bousculade. Il s’agirait d’une jeune fille non identifiée, car elle n’avait aucune pièce sur elle. Notre interlocuteur a été formel en affirmant que le constat du médecin dit que le décédé est survenu après qu’elle eut été piétinée. Il ajoutera que c’est à sa présence que le corps fut conduit à la morgue.
Sur la base des ces informations, nous sommes en mesure d’affirmer que les organisateurs sont trop vite allés en besogne lorsqu’ils ont prétendu qu’au moment où le point de presse était animé, il n’y avait aucun décès. Ils auraient dû d’abord prendre le soin de chercher toutes les informations avant toute déclaration. Ou bien développent-ils une stratégie pour endormir les Maliens ?
Abdoulaye Guindo