Célébration du cinquantenaire : Le concert d'Orange-Mali a failli être endeuillé

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Le Boulevard de l’Indépendance transformée en ruine, Policiers et spectateurs se rejettent la balle, des blessés mais pas de mort, selon une source hospitalière  Voici le film des événements intervenus après l’incident qui a vu les vandales saccager tout le matériel de musique et de sonorisation et les autorités municipales à descendre sur le terrain, tôt dans la matinée, afin de nettoyer  le Boulevard de l’indépendance par laquelle devaient passer les véhicules des officiels attendus dans le cadre des cérémonies du Cinquantenaire de notre pays.

A minuit, le concert, qui a commencé aux alentours de 21 heures, est brusquement interrompu suite aux heurts entre policiers et spectateurs. Des spectateurs, des jeunes pour la plupart, ont mal accueilli les injonctions des policiers de ne pas trop s’approcher du podium. C’est ainsi que des jets de pierre et d’orange (de vraies) ont visé les policiers chargés du maintien d’ordre. Se sentant menacés, et au vu de leur nombre pas assez suffisant pour canaliser cette masse survoltée, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes dans le but de dissuader la foule. En retour, celle-ci a réagi en saccageant tout sur son passage et cela dans sa fuite pour échapper à l’odeur et aux brûlures occasionnés par le gaz.

La scène fit naturellement de nombreux blessés auxquels les habitants des quartiers environnants n’ont pas hésité à porter secours en amenant certaines victimes de blessure ou de gaz dans leurs concessions afin de les mettre à l’abri et, si possible, à leur apporter des soins.

Face à la violence de la réaction de la foule, les policiers furent contraints de se replier en vue de solliciter du renfort. Des spectateurs avaient des couteaux en main comme s’ils venaient prendre part à un combat.

Pendant ce temps, des jeunes gens ont déversé leur rage sur l’ensemble du matériel de sonorisation et de projection qui n’a pu être mis à l’abri par les organisateurs dans leur départ plus que précipité.

Partout c’était un grand remue ménage, un sauve-qui-peut généralisé. Des cris partout, des avis de recherche d’enfants parvenaient de femmes éplorées, refusant de croire que leurs enfants pourraient être entre les mains de personnes bien intentionnées.

Des hooligans étaient-ils dans la masse ?

Des montagnes de chaussures jonchaient le sol, éparpillées le long de l’Avenue et, parfois, même dans des carrés.

Quant aux téléphones portables égarés, personne ne pouvait s’aventurer dans la rue ou sur le goudron à la recherche de ces précieux objets. Car, des pierres volaient au dessus des têtes avec comme objectif les camions (le plus récent acquis par Dfa communication aurait coûté cent millions de F CFA aux dires mêmes d’un responsable de cette agence que nous avons réussi à joindre au téléphone) qui servaient d’écran géant et de podium.

C’est entre 1h30 et 2 heures du matin qu’il y a eu une certaine accalmie dans cette bataille rangée entre policiers et spectateurs. Les blessés qui se trouvaient dans des familles ou dans la rue ont ainsi pu être transportés, en taxi ou à moto, vers des centres de santé et principalement au Service d’accueil des urgences de l’Hôpital Gabriel Touré. D’après les services de secours, que nous avons rencontrés, leur travail a été rendu difficile par le fait que les premiers véhicules de la Protection civile ont été accueillis par des jets de pierre. Est-ce des hooligans qui auraient ouvert les hostilités visant les policiers ? Ou bien sont-ce, au contraire, des policiers qui auraient paniqué et actionné leurs jets de gaz sur les spectateurs ?  En tout cas, les deux camps s’accusent mutuellement ; chacun rejetant la responsabilité sur l’autre. 

Dans la matinée, nous nous sommes rendus au Gabriel Touré dans le but d’y trouver encore des blessés et de nous informer sur la véracité des rumeurs faisant état de 5 à 7 décès. Mais nous avons trouvé que tous les blessés avaient été libérés depuis la nuit et aucun décès n’avait été enregistré à ce niveau. Cela voulait-t-il dire qu’il n’y a pas eu de mort ? Personne ne saurait l’affirmer de manière absolue. Tant certaines personnes avaient beaucoup souffert par l’inhalation du gaz de même que le sort des enfants qui sont tombés à terre reste à déterminer.   A 7 heures du matin, les autorités de la Commune III, avec à leur tête le maire Abdel Kader Sidibé, étaient déjà à pied d’œuvre afin de rendre l’endroit propre. C’est ainsi que des travailleurs des services de salubrité de la mairie, aidés par ceux de la Protection civile, ont nettoyé les lieux comme s’il n’avait pas été, la veille, un champ de bataille. Plus jamais ça ! Tel est le vœu que toute personne de bonne foi doit faire afin qu’aucun autre concert ne soit comparable à celui qu’Orange-Mali, dans son accompagnement citoyen, avait bien voulu offrir à la jeunesse du district de Bamako, cette nuit-là.

Mamadou FOFANA

 

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