Célébration du cinquantenaire du Mali : Logo Sabouciré est bel et bien une vérité historique

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Dans le cadre du lancement officiel des festivités du Cinquantenaire de la République du Mali, le président, Amadou Toumani Touré a présidé, le 1er septembre 2010, à Logo Sabouciré, la cérémonie de reconstitution de la bataille de Logo Sabouciré, marquée par des coups de canons des conquérants coloniaux auxquels ont farouchement résisté, avant d’être défaits, les hommes du roi Niamody Sissoko. Malgré que cette cérémonie eût été une grande réussite comme l’ont justement appréciée plusieurs observateurs nationaux et internationaux, certaines personnes affirment que Logo Sabouciré est une pure affabulation. Elles  indiquent que cette ville ne constitue pas la véritable première résistance de notre histoire parce qu’aucun manuel de l’histoire n’y fait  référence. Ce qui ferait que la résistance de Logo Sabouciré n’est pas prie en compte dans les programmes officiels de l’enseignement de l’histoire dans notre pays. Ces mêmes personnes affirment que les présidents Modibo Kéïta, Moussa Traoré et Alpha Oumar Konaré n’ont jamais célébré Logo Sabouciré comme vient de le faire solennellement le président ATT. Selon eux, Logo Sabouciré est politiquement mis en valeur aujourd’hui du fait que le président ATT est descendant, du côté maternel, du roi Niamody Sissoko. Pourtant, Logo Sabouciré est bel et bien une vérité historique.

Certains affirment que la résistance de Logo Sabouciré et la façon dont les autorités de la République ont reconstitué l’histoire ne relèvent que d’une seule volonté : glorifier le président ATT qui est un descendant du roi Niamody Sissoko, le chef de file des héros de la résistance coloniale. De toute évidence, ces reproches se fondent sur des insinuations tendant à banaliser un pan important de notre histoire. Pour autant, la vérité historique se trouve dans plusieurs travaux réalisés par des intellectuels maliens et des officiers français de la période coloniale.

Tenez vous bien, le royaume Khassonké de Sabouciré dont la capitale est Logo et situé à la rive gauche du fleuve Sénégal à 25 Km de Kayes était dirigé par le roi Niamody Sissoko qui a refusé la pénétration coloniale française. Le 22 septembre 1878, les troupes françaises, conduite, par le lieutenant-colonel Reybaud, fortes de 585 hommes, équipées de 4 canons et 80 chevaux, affrontent pendant plusieurs heures les troupes du roi Niamody Sissoko.

Les français dominent militairement et gagent la bataille qui fait 13 morts et 51 blessés chez les français et 159 morts chez les Khassonkés, dont le roi Niamody. Cette bataille marque le premier acte de résistance contre les français. Ceci est une vérité historique soutenue par plusieurs écrits que nous avons pu obtenir. Ainsi, le mensuel "Sundaita" dans son n°6 de décembre 1978, le très célèbre professeur Sékéné Mody Sissoko  écrit ceci : "Le 22 septembre 1878, à 8 heures précises, le premier coup de canon de la conquête du Soudan-Mali fut donné contre le tata de la forteresse malinké à Sabouciré, capitale du Logo. Depuis lors, les légions françaises ne s’arrêtèrent plus jusqu’au Djoliba, jusqu’à Tombouctou, subjuguant le pays et installant un ordre nouveau, l’ordre colonial".

L’hebdomadaire L’Observateur, dans son n° 51 du 20 septembre 1993, a publié une contribution du même  Sékéné Mody Sissoko qui cite l’éminent historien français Yves Person en ces termes : "Le coup d’envoi de la nouvelle politique de conquête fut donné, en septembre 1878 sous les murs du village malinké de Sabouciré, capitale de Logo et les légions françaises ne s’arrêtent plus jusqu’à l’occupation définitive du Soudan».

A l’occasion de l’inauguration du Monument de l’indépendance, le 22 septembre 1995, le président de la République d’alors, Alpha Oumar Konaré, évoquant le temps du Mali, a cité Sabouciré parmi les cités martyres. En sa qualité de grand historien, Alpha a même érigé, en 2000, une stèle à Koulouba dénommée "cités et villes martyres du Mali" où le nom de Sabouciré est cité en premier lieu sur le tableau.

Dans l’Essor n° 16 533 du jeudi 24 septembre 2009, notre confrère Bandé Moussa Sissoko a écrit ceci : "Pénétration coloniale : la grande histoire de la bataille de Sabouciré" qu’il considère à juste titre comme étant "l’une des plus sanglantes livrées par le colonisateur français, entre 1857 et 1898, pour le contrôle du Soudan».

Ce n’est pas tout. Djibril Issa Niaré, au cours de sa soutenance, à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH), le 19 avril 2007, sur le thème "contribution à l’histoire économique du Soudan français : le commerce colonial de 1870 à 1960» a également écrit ceci : «A partir de 1878, les premiers canons de la conquête coloniale retentissent à Sabouciré du Logo. Et, la machine infernale de la France fait tomber, tour à tour, les centres importants de la résistance ouest-africains, plus particulièrement du Soudan Occidental : le Fouta d’El Hadji Oumar Tall, le Cayor de Lat Dior Diop, le Bélédougou de Koumi Diossé, le Wasulu de l’Almamy Samory et le Kénédougou des Traorés".

En plus de ces documents historiques, nous avons fait une recherche sur Internet qui nous a permis d’avoir un dossier sur Wikipédia relatif sur la pénétration coloniale et les résistances.

Dans ce document, il est écrit : "La pénétration coloniale française, menée par Louis Faidherbe, puis Joseph Gallieni, se fait à partir du Sénégal en allant vers l’est : les français conquièrent progressivement tout le territoire de ce qui allait devenir le Soudan français, puis le Mali à l’indépendance : Sabouciré en 1878, Kita en 1881, Bamako en 1883, Ségou en 1890, Nioro en 1891, Tombouctou en 1894, Sikasso en 1898, Gao en 1899. Cette conquête d’un territoire divisé en plusieurs royaumes s’est opérée par la force et par la diplomatie. Les français tentent de jouer les uns contre les autres, en faisant signer des traités, pas toujours respectés".

Ainsi, affirmez que la reconstitution de la bataille de Logo Sabouciré est une affabulation pour des fins politiques est un jugement erroné qui porte atteinte à l’histoire de notre grand et digne pays : le Mali.

                          Alassane DIARRA

 

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