Le Mali s’apprête à fêter, le 22 septembre 2010, le cinquantième anniversaire de son indépendance. Malheureusement, cette date n’a pas la même signification pour tous ses fils. Et, « Temedt », l’Association de défense des droits des esclaves au Mali, a tenu à le rappeler de fort belle manière au cours de la conférence de presse marquant son 4ème anniversaire.
Circonstance de temps, le 4ème anniversaire de « Temedt » qui devait avoir lieu le 12 août 2010, pour raison du mois de carême, a été finalement célébrée le 18 septembre 2010, par une conférence de presse organisée à la maison de la presse. En cette veille de la célébration du 50ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, les responsables de « Temedt » ont tenu à rappeler aux autorités maliennes qu’il y a plusieurs Maliens, dans toutes les régions du Mali, qui n’ont pas le cœur à la fête, parce qu’ils sont toujours sous le joug de l’esclavage. Et, des banderoles dans la salle traduisaient à suffisance les exigences de l’Association « Temedt ». « Cinquantenaire de l’Indépendance du Mali : Une loi criminalisant les pratiques de l’esclavage tout de suite » et « Cinquantenaire de l’Indépendance du Mali : non à l’esclavage par ascendance, oui à la dignité de tous les Maliens et de chaque Malien », sont les deux messages forts que l’on pouvait lire sur les banderoles dans la salle.
Mohamed Ag Akeratane, Président de « Temedt », a déclaré que l’association créée le 12 août 2006, suite au Forum de Ménaka, compte aujourd’hui 26 000 membres à travers le territoire malien. Selon lui, organisation de défense et de promotion des droits humains, « Temedt » travaille pour la consolidation de la paix, du développement. Au nom de son association, il a déploré l’inégalité des citoyens, les discriminations et les traitements sélectifs se basant sur l’ascendance. Selon lui, malgré les annonces démocratiques, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. « Les inégalités, les discriminations et l’esclavage perdurent », a-t-il déclaré. Il a ensuite rappelé que dans certains communautés maliennes et cela dans presque toutes les régions, il existe un code ancestral de préséance dont s’imprègnent les relations entre les hommes au point que finalement ils ne naissent pas libres et égaux comme le stipule l’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.
Selon lui, cette forme traditionnelle d’assujettissement d’hommes, de femmes et d’enfants à une classe de privilégiés pour les exploiter, les utiliser sur le plan économique, politique, culturel et social est injuste et honteuse. Enfin, Mohamed Ag Akeratane a déploré le fait que l’esclavage et les discriminations qui l’accompagnent ne soient pas reconnues par certains de nos gouvernants pour la simple raison que le silence a suffisamment contribué à les occulter comme si cela suffisait pour les faire disparaître. Face à cet état de fait, il a rappelé la mission de « Temedt ». « Nous luttons pour éradiquer l’esclavage et les discriminations qu’il a engendrées. Nous nous sommes engagés à aider notre pays à se débarrasser définitivement de cette honte », a-t-il déclaré.
Avant de lever le voile sur les exigences de « Temedt qui demande la reconnaissance par la République du Mali de l’existence de l’esclavage et l’adoption d’une loi criminalisant l’esclavage et réprimant les pratiques discriminatoires à tous les niveaux de la vie publique et de la société toute entière. Mieux, « Temedt » exige la prise en charge et la réinsertion des victimes récemment libérées et qui seront libérées par suite d’une décision courageuse du gouvernement du Mali et la mise en place d’un programme de développement à destination des populations esclaves, descendantes d’esclaves ou vassales. Pour terminer, il a demandé à l’Etat du Mali de reconnaître sa responsabilité et celle de ses agents par leur inaction dans le retard en tous genres accumulé par les communautés victimes d’esclavage. Pour sa part, Ibrahim Ag Idbaltanat, vice- Président de « Temedt » est intervenu pour présenter la mission et la vision de « Temedt ». Quand à Abdoulaye Macko, il est intervenu pour présenter l’avant-projet de loi sur la criminalisation de l’esclavage au Mali que l’association « Temedt » compte partager avec les structures compétentes en la matière au niveau de l’Etat.
Assane Koné