22 Septembre 2011 : Des Maliens se prononcent

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Quelle signification les Maliens donnent à la date du 22 septembre, qui marque l’indépendance de notre pays. Aussi avons-nous bien voulu prêter notre micro à quelques citoyens de notre capitale.

 

Docteur Atimé Djimdé, (PHD toxicologie), pharmacien

« Beaucoup reste à faire »

Le 22 septembre c’est l’accession à notre souveraineté nationale. Qui parle de souveraineté nationale parle de liberté et de dignité. C’est la confiance que le peuple malien s’était donnée pour définir librement son avenir et le développement du pays tout en tenant compte des priorités et des nécessités du peuple. A savoir  l’éducation, la santé et l’économie. Certes il y a eu plusieurs réalisations mais beaucoup reste à faire. Sur les trois plans que je viens de mentionner le Mali demeure toujours dépendant. En ce qui concerne la santé, et plus précisément en pharmacie, le développement industriel pharmaceutique est nul. La preuve en est que nous continuons à importer des médicaments que l’on peut facilement produire sur place, à l’exemple des paracétamols, des sérums physiologiques, des cotri-moxazoles pour ne citer que ceux-là. Dans ce domaine, en tout cas, tout reste à faire.     

 

Soumaré Traoré Diallo (58 ans) Technicien en électricité solaire,

(African group Espagne)

« L’indépendance s’est terminée en 1968 »

Pour moi la date du 22 septembre signifie beaucoup de choses. C’est l’accession de notre pays à l’indépendance. Mais pour moi, l’indépendance a commencé en 1960 et s’est terminée en 1968. Car Après le coup d’Etat, on a cessé d’être indépendant. D’ailleurs aucun pays d’Afrique surtout francophone ne peut parler d’un Etat indépendant. Entre 1960 et 1968, les gens vivaient mieux, on s’approvisionnait au niveau de l’Opam et de la SOMIEX. La journée du 22 septembre était fêtée dans tout le pays. Chaque  cercle se préparait. La veillée des flambeaux donnait le ton aux manifestations. Aujourd’hui tout cela n’est qu’un souvenir. Même la façon de célébrer n’est plus la même. Conséquence ; les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas ce que l’on appelle «fête de l’indépendance».

 

Niamé Diawara (Commerçante)

« On fêtait le 22 septembre avec grande pompe »

Je suis malienne née après l’indépendance, le 22 septembre pour moi signifie notre indépendance, notre liberté. Raison pour laquelle quand j’étais petite, on fêtait le 22 septembre avec grande pompe. Et c’était pour rendre hommage à nos grands parents qui ont beaucoup lutté pour la défense de notre territoire, de notre honneur et de notre dignité. Grâce à l’indépendance, on a la paix, la sécurité et l’esclave est Banni jamais et je suis vraiment contente du développement en cours du Mali.

 

Victor Kéita, policier en retraite

«La journée du 22 était célébrée dans la joie » 

La signification que je donne à la date du 22 septembre, c’est la liberté, l’équité et le développement. Personnellement, je trouve qu’il y a eu un net progrès dans plusieurs domaines. Par exemple dans le domaine de l’agriculture, il y a une diversité de produits agricoles sur nos marchés. Avant on pouvait compter à peine trois variétés de mangues, aujourd’hui on en trouve plus d’une soixantaine. Côté éducation,  à notre temps, il nous fallait parcourir six à huit kilomètre à pieds pour aller à l’école, aujourd’hui on trouve des écoles un peu partout. Concernant la justice c’était toujours la même chose, aujourd’hui il y a une multitude de juridictions, de tribunaux, de juges de paix à compétence étendue. La justice se trouve désormais à la portée de tous les citoyens. Les efforts de tous les gouvernements qui se sont succédé sont à saluer. La journée du 22 était célébrée dans la joie. Il faudra faire tout pour donner à cette journée son éclat d’antan.

 

Issa Sagala, enseignant à Kati

« L’on demeure toujours dépendant de l’occident »

Le 22 septembre, c’est la souveraineté de notre cher pays. Mais je pense que l’indépendance du Mali ne nous a pas beaucoup servis dans la mesure où l’on demeure toujours dépendant de l’occident. Les pères de l’indépendance notamment Modibo Kéita, Kwamé Nkruma, Jomo Kényata, pour ne citer que ceux-là, ont beaucoup lutté pour l’indépendance de l’Afrique, pour que l’Afrique vole de ses propres ailes. Ils ont été trahis par leurs successeurs au profit des colonisateurs. Et c’est ce qui fait que l’Afrique après 50 ans d’indépendance est toujours dépendante.       

   

Bourema Dicko, président de la commission défense nationale, de la sécurité et de la protection civile

«Bonne fête aux maliennes et maliens»

Pour parler d’indépendance, je crois qu’il faut d’abord rendre hommage à nos forces armées et de sécurité. Parce que c’est grâce à elles que nous sommes indépendants. Un pays ne peut être indépendant s’il ne dispose pas de forces de défense et de sécurité. Je crois qu’il faut féliciter l’armée malienne pour ce qu’elle a fait depuis l’indépendance jusqu’à maintenant. C’est pour cette raison que je crois qu’il faut améliorer leurs conditions de vie et de travail afin qu’elles puissent assurer leurs missions de défense et de protection du territoire et de la population parce qu’elles sont là pour le peuple. Je crois que beaucoup de choses ont été faites. Il faut à ce niveau saluer l’action du président de la République. Malgré que toutes les conditions ne soient réunies, nos forces de défense et de sécurité travaillent nuit et jour pour assurer notre sécurité.

En ce qui concerne les perspectives, nous travaillons avec le ministère de la défense pour élaborer un livre blanc qui puisse trouver des portes de sortie et offrir une meilleure opportunité pour nos forces de défense et de sécurité. J’appelle le peuple à collaborer avec l’armée pour faciliter son travail. Nos forces de défense et sécurité ne peuvent pas réussir leur mission si la population ne collabore pas avec elles. Je ne vois pas de différence entre un civil et un militaire, parce que ce sont les civils qui deviennent les militaires et après le service, ce sont ces mêmes militaires qui deviennent des civils. Par rapport au nord de notre pays, beaucoup de choses ont été faites, mais tant que les pays de la bande sahélo-saharienne ne se concertent pas, un seul pays, ne pourra pas résoudre les problèmes de drogues et de trafic d’armes. Je crois que cet appel est entendu avec le nouveau ministre des Affaires étrangères, lequel est en train de se battre pour trouver une solution à ces problèmes. Je voudrais souhaiter enfin une bonne fête d’indépendance à tous les Maliennes et Maliens.

 

Abdoul Malick Diallo, président du groupe parlementaire URD

«Tout a réussi à ATT sauf l’éducation»

22 septembre 19960, nous avons acquis notre indépendance. Donc, c’est qu’à même une date symbolique pour nous. C’est à cette date que nous avons pu nous libérer de la joute coloniale, donc, à chaque anniversaire, il est normal que nous puissions célébrer cette date mémorable dans notre vie. Maintenant, en ce qui concerne les perspectives, il y a 51 ans que nous avons notre indépendance. Bon, Dieu merci. Nous avons commencé avec le président Modibo Kéita qui était dans les situations très difficiles, parce que vous savez comment nous sommes venus à l’indépendance. En réalité la première indépendance, nous l’avons eu avec le Sénégal et après nous avons proclamé notre indépendance à nous, c’est-à-dire le Soudan français, donc cela poussait Modibo dans les derniers retranchements jusqu’à l’amener vers le socialisme. Nous avons fait cette période jusqu’en 1968 où il y a eu le coup d’Etat. Ensuite, il y a eu les militaires, la dictature jusqu’à 1991. Avec les évènements de mars de la même année, il y a eu la démocratie. Vous-mêmes vous voyez de 1991 à maintenant que de chantiers ont été ouverts. Le Mali a connu un développement extraordinaire en 20 ans, mais il y a qu’à même des choses qu’il faut corriger pour continuer. Il faut résoudre le système de l’enseignement supérieur, la corruption, si l’on veut avancer. Il faut résoudre les problèmes de sécurité, de drogues.

Maintenant, le 22septembre 2011 intervient à un moment où le président sortant est en train de préparer ses bagages pour partir et nous avons des élections très importantes en 2012. Nous devons faire en sorte que ce pays qui a eu une période faste, parce que Dieu seul sait, tout a réussi à ATT sauf l’éducation nationale et la sécurité. Donc, nous devons faire en sorte que lui,  nous et tout le peuple, nous le célébrons ensemble et le remercier pour les 10 ans qu’il a eu à passer à la tête de l’Etat. Nous souhaitons qu’il fasse tout pour que nous ayons des élections transparentes et apaisées. Que celui qui sera élu président de la République en 2012, ne fasse l’objet d’aucune contestation. Le développement qu’il a poursuivi, après le président Alpha Oumar Konaré, ce développement  ne doit pas s’arrêter. Parce que tout grincement, tout problème qui peut arrêter la croissance du Mali, nous n’en n’avons pas besoin. Nous avons vu ce que la Côte d’Ivoire est devenue suite à la confiscation du pouvoir et les problèmes que vivent certains pays suite à l’organisation d’élections baclées. Le Mali est un pays de paix, de tranquillité où la fraternité prime sur tout. Le Mali ne doit plus recule. Ensemble vers le développement. Notre indépendance nous a donc permis de nous prendre en charge et de tracer notre destin. C’est une grande fierté pour nous.

 

Abdrahamane Sylla, 6e vice président de l’Assemblée nationale

«Il faut éviter la situation explosive des jeunes dipômés»

Pour moi, le 22 septembre consacre cette rupture, la prise en charge par nous mêmes de la destinée de notre pays. Cela se manifeste au plan politique, culturel, économique. Donc, le 22 septembre marque un moment important de l’histoire et de notre dignité retrouvée. L’année dernière, notre pays a fêté le cinquantenaire de son accession à l’indépendance, beaucoup de choses ont été dites et je crois comprendre que nous avons évolué, que nous avons atteint un seuil, il reste évident que ce grand défi de développement reste pour nous une question majeure. Quand on parle de développement de notre pays aujourd’hui, il faut le faire par la qualité des ressources humaines. Ce qui signifie que le problème de l’éducation reste une préoccupation dans les années à venir. Comment faire pour que notre pays puisse devenir comme  il était dans les années passées. La qualité des ressources humaines est un impératif pour le développement économique de notre pays. Dans le domaine de la santé de progrès ont été réalisés, il faut féliciter l’ensemble des acteurs mais il reste encore beaucoup à faire. Bien sûr, il y a d’autres domaines notamment  l’agriculture. Je crois que nous devons relever notre niveau de production, faire en sorte que nous atteignons l’autosuffisance alimentaire dans un premier temps. Ensuite, au regard de nos potentialités,  Il doit avoir des stocks à tous les niveaux pendant 10 ans ou plus. Je crois que notre pays regorge d’énormes atouts pour y arriver, il suffit seulement d’y croire.

Dans le domaine social, il y a beaucoup à faire. Nous devons valoriser nos cadres, les mettre au dessus de tout soupçon, que les cadres soient appréciés à leur juste valeur, sans à priori et sans connotation partisane. Je pense que la politique des cadres mérite d’être revue. Le défi très énorme qui nous attend, c’est celui de l’emploi. Nos écoles et universités sont en train de fournir des jeunes diplômés qui sont dans la rue. Je pense que c’est une situation explosive qu’il faut éviter rapidement. Je crois que la solution passe par l’adéquation formation emploi, parce que je pense qu’il ne sert à rien d’envoyer les jeunes dans les écoles et qui sortent avec des spécialisations qui n’ont aucun trait avec la réalité nationale.  En ce qui concerne la promotion de la femme, je ne parlerais pas de valorisation des femmes par un quota. Mais de créer des situations pour qu’elles puissent s’épanouir comme n’importe quel homme en termes de formation et de compétence.

 

Madou Diallo, président du mouvement des jeunes de l’URD

«22 Septembre, c’est le symbole de la dignité retrouvée»

Pour parler d’indépendance d’un pays comme le Mali, il faut faire référence aux périodes de grandeur notamment, celle des grands empires. Quand on parle de pèlerinage à la Mecque de Kankou Moussa, à cette période, l’Europe était encore au moyen  âge. C’est dire quand on fait une comparaison, l’Afrique était en avance sur l’Europe. Malheureusement, on a vu par la suite, à cause d’une avancée technologique, les européens sont venus occuper l’Afrique. D’abord par la traite des noirs, qui a été suivie par la colonisation. C’est vous dire que le 22 septembre est le symbole de la souveraineté et la dignité  retrouvée. C’est aussi une façon de saluer le combat et le sacrifice de tous ceux qui se sont investis pour que nous soyons là aujourd’hui. Vous savez, l’année dernière, on a fait le bilan des 50 dernières années. On a vu que l’indépendance est une bonne chose, mais on a vu également qu’il y a eu des erreurs et des faux pas. Tant qu’on n’a  pas reconnu ces erreurs, il n’est pas facile de préparer le prochain cinquantenaire. Pour la jeunesse, nous devons savoir que nous devons compter sur nous-mêmes  et sur notre propre force. Nous devons savoir aussi que nous vivons dans un monde de compétitivité où il n’y a pas de places pour les médiocres. Nous devons aller à l’excellence. Aujourd’hui, l’Afrique doit prendre sa place sur la scène internationale et assumer ses engagements sans tenir compte de tout ce qui peut avoir comme pression de la part des puissances internationales.

Le développement étant  lié à l’existence des ressources, nous devons explorer tous les moyens pour pouvoir créer des richesses. En termes d’activité, on doit aller à l’industrialisation et aux transferts des technologies et ouvrir nos marchés aux capitaux étrangers.

Un autre défi à relever, les problèmes de la gestion des effectifs à l’université et la baisse des niveaux des étudiants. Beaucoup de diplômés sortent sans réel perspective d’emplois, ce qui constitue un problème, car pour qu’un pays se développe, il faut qu’il y ait de l’espoir pour la jeunesse.

Pierre Fo’o Medjo et Youssouf Diallo

 

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