J’ai longtemps voulu rester dans mon trou pour mieux vivre. Car ne dit-on pas que "c’est le serpent caché qui grandit". Mais non ! À beau vouloir vivre en hermine, on se serait fait déterrer par les événements. Y en a qui méritent d’être vécu et d’autres dont on se serait bien passé. Au risque d’étouffer, de s’asphyxier, de suffoquer tout simplement.
Mes chers amis (en réalité je n’ai que des amis. Pour avoir des ennemis, il faut déranger quelqu’un ; les plumiers et moi n’avons pour déranger autrui que la bille de notre stylo), vous comme moi avez assisté à la grandiose fête organisée par les différentes chambres consulaires de notre pays. C’est-à-dire ceux-là mêmes qui vivent de nos misères en créant des puneries artificielles pour nous vendre plus chers des riz, des huiles, des sucres, de mauvaise qualité. Ces hommes et femmes dont le bonheur vient de notre malheur ont osé au vu et au su de toute la république se permettre de nous offenser en déboursant des sommes faramineuses dans le dessein d’honorer un homme que la Providence a déjà honoré.
Allez savoir si ces hommes et femmes sont en règle vis-à-vis du fisc. J’en doute. Car dans ce pays, la bravoure, le patriotisme d’un homme se mesure à sa capacité de faire usage de sa position et de ses influences pour échapper au contrôle ou la justice. Nous avons des exemples à n’en pas finir et rien qu’en prenant place dans un des grins de la capitale, vous entendrez des propos du genre<<aujourd’hui, j’ai brûlé le feu rouge. Les policiers m’ont soufflé et j’ai appelé X ou Y ou Z. La douane m’a demandé de payer xF et j’ai négocié avec le chef à qui j’ai proposé le tiers du montant normal à verser etc.>>
Que cachent ces hommes et ses femmes qui seraient plus méritants en réalisant une école, un centre de santé, un puits à grand diamètre dans leur village au lieu de jeter des millions à la fenêtre ? On peut être tenté de croire à une machination, à une manœuvre politicienne, à un jeu politique dont les vrais auteurs ne sont pas les commerçants mais des hommes et des femmes qui croient pousser ATT à dire comme beaucoup d’autres chefs d’état africains <<je vous ai entendu et j’ai compris>>.
ATT (et pour une fois je vais le remercier pour sa clairvoyance) n’est pas bête. C’est un soldat politique et un homme de culture peule. C’est dire qu’il sait surprendre et se faire retrouver là où il est le moins attendu. Merci ATT de n’avoir pas été ébloui par la brillance d’un or issu de l’usure et de bénéficies illicites. Merci d’avoir pas été fier de ce cadeau empoisonné. Merci d’avoir pensé aux enfants Maliens à venir. Car l’or du Bourré va finir et nos gosses qui ne verront pas ce métal dans les musées ne le verront jamais. Merci de n’être pas tombé dans le piège d’une oligarchie commerçante qui veut faire des derniers mois de votre mandant une passoire.
À ceux qui cherchent à le piéger, reste une seule stratégie. Je suis le seul à la savoir et je la dirai à personne. Pas en tout cas à ses sangsues de la République.
Berger Preux
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