Think tank : Vivement les Etats généraux sur le Nord-Mali

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La crise que le Mali est en train de traverser est à paramètres multiples, avec des causes immédiates et des causes lointaines, des facteurs exogènes et des facteurs endogènes. Maintenant que le Nord est en train d’être libéré et que les Maliens commencent à entrevoir le bout du tunnel, ne serait-il pas opportun de songer à l’organisation, une fois le Septentrion totalement libéré, des Etats généraux sur le Nord-Mali?

Ce serait l’occasion de mettre à plat tous les problèmes, afin de jeter les bases d’une paix durable, propice à un développement harmonieux du Septentrion et de l’ensemble du pays. Ce dialogue inclusif  devra  réunir  tous les Maliens, du Nord comme du Sud, à l’exception, bien naturellement, de ceux qui se sont rendu coupables de crimes contre l’humanité.

Ce grand débat national, qu’on l’appelle concertations nationales, conférence nationale ou autre, devrait intégrer de façon exhaustive tous les paramètres de la crise. Les différentes préoccupations pourraient être abordées en commissions et sous-commissions: commission sécurité, commission développement, commission réconciliation, réconciliation entre communautés, réconciliation entre bérets verts et bérets rouges, sous-commission réformes et modernisation de l’armée, commission lutte contre le trafic de drogues et d’armes, commission promotion socioculturelle, commission géopolitique et relations extérieures…

Bien entendu ce sont là des idées à l’état brut, jetées en vrac,  qui demandent à être affinées. Il s’agira, somme toute, de faire un diagnostic sans complaisance du mal malien, afin d’y apporter les thérapeutiques appropriées.

Au nombre des causes lointaines et des facteurs endogènes de la crise figurent en bonne place la mal gouvernance illustrée, entre autres, par une corruption endémique, qui a fini par gangrener tout le corps social, le manque de vision et de réflexion stratégique permettant d’anticiper les problèmes, la culture de l’impunité et le triomphe de la médiocratie sur le mérite. S’y ajoutent des tares sociales comme le népotisme, l’affairisme, le favoritisme et beaucoup d’autres ismes.

Les valeurs comme le patriotisme et l’amour du travail bien fait  sont dédaignées, au profit de l’opportunisme et de l’arrivisme. La grande corruption se pratique à l’occasion des passations de marché et des privatisations. Elle est le plus souvent la résultante d’une collusion entre les hautes sphères politico-administratives et les milieux d’affaires. La corruption se conjugue aussi avec les passe-droits, la concussion, la multiplication des sociétés écrans et se traduit par l’aggravation de la fracture sociale.

Tandis que, mus par une avidité sans limite, certains cherchent à préparer, à coups de milliards de FCFA, l’avenir de leurs arrières-petits enfants, d’autres n’ont même pas un morceau de pain à offrir à leurs enfants. Il ne s’agira pas de faire semblant de lutter contre la corruption,  comme on vient de l’observer au Mali, mais de livrer effectivement une guerre sainte contre le fléau.

Au chapitre du développement, du Nord comme du Sud, il s’agira de couper l’herbe sous les pieds des narco-jihadistes, car leur discours et leur activisme n’auront aucune chance de prospérer chez les jeunes, quand ceux-ci dépenseront  leur temps et leur énergie dans des activités saines de développement leur permettant de bien gagner leur vie. A partir des immenses ressources potentielles du Septentrion, on pourrait ouvrir plusieurs grands chantiers à même d’occuper les jeunes. Les partenaires techniques et financiers auront à jouer leur partition, si tant est que la stabilité au Sahel conditionne la sécurité mondiale.

Yaya Sidibé

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