Si le spectre apocalyptique d’une invasion totale du Mali par les narco-jihadistes n’a cessé de s’éloigner, grâce aux efforts conjugués de la Force Serval, des Forces Armées Maliennes (FAMA), des Forces Armées Tchadiennes en Intervention au Mali (FATIM), puis de la MISMA, relayée par la suite par la MINUSMA, l’on ne peut pas pour autant dire, sans risque de se tromper, que la situation au Nord est totalement revenue à la normale.
Loin s’en faut. En plus de la situation de Kidal, s’apparentant à un vrai casse-tête chinois, voire à la quadrature du cercle, le Nord du Mali connaît épisodiquement des soubresauts sur le plan sécuritaire, avec les tentatives des réseaux jihadistes de se reconstituer, des opérations kamikaze qui, heureusement, n’atteignent pas souvent leurs objectifs, et des tirs de roquettes à l’emporte-pièce, qui font plus de peur que de mal. S’y ajoutent aussi des actes de banditisme perpétrés par des éléments du MNLA sur des communautés arabes et autres paisibles commerçants.
Les derniers soubresauts sécuritaires dans le Septentrion malien auront été constitués par les tueries intervenues à Tamkoutat, dans la Commune rurale de Djebock. Elles auront vu, à en croire le gouvernement, des assaillants attaquer à motos un groupe de Touaregs. Des actes barbares qui se sont soldés par la mort d’au moins une trentaine de personnes dans les rangs des Touaregs.
On a indexé, en son temps, des éléments du MUJAO. Le ministre de la Réconciliation Nationale et de Développement des Régions du Nord, Cheick Oumar Diarrah, au cours de la conférence de presse qu’il a animée le 11 février pour éclairer la lanterne de l’opinion sur cette scabreuse affaire, en attendant les conclusions de l’enquête ouverte pour la circonstance, a préféré parler d’ «assaillants non encore identifiés» parlant des auteurs de ces crimes odieux.
Avant d’indiquer que «des mesures urgentes ont été prises et que le gouvernement est en train de tout mettre en œuvre pour arrêter les auteurs de ces crimes et les mettre à la disposition de la Justice. Il n’y aura pas d’impunité. Il y a eu plusieurs arrestations, c’est la justice qui va déterminer leur qualité» a-t-il souligné pour la circonstance. Tout en laissant entendre que ces actes barbares sont la résultante d’un conflit latent depuis des années, structuré autour du foncier et du bétail, et mettant en confrontation les communautés peul et touareg.
Actes perpétrés par les jihadistes du MUJAO, comme on a pu l’entendre, ou règlements de comptes intercommunautaires, voire les deux à la fois? Toujours est-il que l’Etat doit saisir l’occasion pour se faire un point d’honneur de remplir ses missions régaliennes. Qui sont d’assurer la sécurité des hommes et des biens sur toute l’étendue du territoire national, sans distinction de couleur de la peau et d’obédience religieuse. Les Forces Armées Maliennes (FAMA), la MINUSMA et la Force Serval doivent se faire fortes, pour que pareilles tragédies ne se reproduisent plus.
L’administration est aussi appelée à marquer davantage sa présence et à être plus proactive dans la résolution des conflits intercommunautaires. L’armée doit recruter massivement, pour étoffer son effectif et assurer un maillage adéquat du territoire national. Qu’on se rassure: il ne s’agit pas de militariser le Mali dans le cadre de visées hégémonistes ou expansionnistes. Il s’agit plutôt d’intégrer la donne sécuritaire dans les politiques générales du pays, au regard de la nouvelle configuration géopolitique et des menaces nouvelles, à l’image de la situation chaotique en Libye.
La mesure aura l’avantage de prendre en charge les préoccupations sécuritaires, qui se font pressantes, tout en créant des emplois pour la jeunesse. Il s’agira de procéder à une vraie formation militaire, en extirpant la corruption de la gouvernance de l’armée et de l’administration, d’une manière générale.
Tout doit être entrepris pour que l’unité et la cohésion nationales soient préservées, afin que les «pêcheurs en eaux troubles» ne puissent saisir la moindre faille, la moindre brèche, pour déclencher les forces centrifuges qui ont abouti, ailleurs, à la désintégration de toute une nation.
Yaya Sidibé
C’est dommage que l’État malien ne parvienne toujours pas à instaurer son autorité sur l’ensemble du territoire et surtout sur les parties où l’administration est installée.
Par ailleurs, je constate que c’est une affaire de bandits, car les touaregs tués faisaient pire dans le temps. L’État doit prendre ses responsabilités afin d’éviter de tesl incidents.
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