Tapis rouge : Des Lois d’exceptions à caractère exceptionnel en marge de la République

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L’on ne s’interrogera jamais assez, ici-bas, sur la notion d’État de Droit, où le droit naturel est exclu tout simplement. Seul le droit positif du législateur est dit DROIT et établi LOI. Ces Lois font l’exception, qui vont du couvre-feu à l’état d’urgence, en passant par les mesures exceptionnelles de l’État policier permanent, jusqu’au gouvernement d’exception par ordonnance. Et le plus dure reste à venir, si nous savions pourquoi les arme t-on contre les citoyens qu’ils sont censés protégés en tant que forces de l’ordre et de sécurité, bénéficiant du monopole de la violence, quasiment et exclusivement ? De sorte que nul n’a la certitude d’échapper à la loi, tant que la force coercitive de la loi demeure, celle qui dit qu’en permanence, «force reste à la loi». Bref passons entre les mailles des filets de la justice sans être pris toutefois, si nous pouvons en passer par-dessous la jambe et savoir que nul n’est au dessus de la Loi et nul n’est censé l’ignorer. Ainsi est la Loi. Elle est dure (lex dura, sed lex esto) et vaut pour tous (lux mea lex, la lumière est ma loi).

Il était une fois, une Nation héritée, appelée «Mandé». Son Royaume était si vaste que son étendue en constituait le socle de son pouvoir, avec le Roi Soundiata Kéïta à sa tête. L’organisation du Royaume reposait sur des principes édictés dans la charte du kouroukan fouga. Nom d’une clairière, où le serment avait été prêté de se réunir entre représentants du mandé primitif et leurs alliés, en 1236 (à Kouroukan Fouga, actuel cercle de Kangaba, localité de la République du Mali). Dans le but de former un seul ensemble, qui allait vite s’étendre, en territoires et en rayonnement, jusqu’aux confins de la Mecque. Après l’historique bataille de Kirina, la succession lignagère était peut-être le seul prix douloureux à payer, pour que ce pouvoir autocrate et monarchique à souhait, ne soit pas taxée de «tyrannie des Kéïta».  L’article 8 de la charte qu’ils adopté pour régir la vie du grand ensemble mandingue, dit clairement que «La famille KEITA est désignée famille régnante sur l’empire». Avec pour loi centrale ceci : «Tout homme a deux beaux-parents : les parents de la fille que l’on n’a pas eue et la parole qu’on a prononcé sans contrainte aucune. On leur doit respect et considération» (Article 19).

Ce fut ! Çà ne l’est plus malheureusement ! Et c’est dommage, car la légitimité démocratique dépendait beaucoup de la possession, de la rétrocession, de la conservation, du monopole et de la confiscation du pouvoir par une seule tribu.

C’est oublier qu’une seule hirondelle ne fait pas le printemps, et, comme on le dit chez nous, un seul doigt n’est pas né pour ramasser une pierre à lui seul. D’autant plus que sans armée (le Chef des chasseurs est chargé de préserver la brousse et ses habitants pour le bonheur de tous dans la cité), sans groupe violent et armé (morikanda Lolu des cinq classes de marabouts protecteurs, Maîtres et éducateurs en islam. Tout le monde leur doit respect et considération) aucun roi ne peut ainsi gouverner seul (les nyamakalas étant là, pour seulement essayer de «dire la vérité aux Chefs, d’être leurs conseillers et de défendre par le verbe les règles établies et l’ordre sur l’ensemble du royaume»). Peut-être «fils parmi les fils, né pour être l’aîné de tous les fils sans être le plus âgé d’entre eux tous» pouvait – on seulement devenir.

D’où est que l’organisation sociale, économique, politique et sociologique de la société Maninkas est sans conteste, le seul système viable à viabiliser, pour recoudre les morceaux épars de notre histoire universelle (article 42 : «dans les grandes assemblées, contentez vous de vos légitimes représentants et tolérez-vous les uns les autres»), éclatée et dispersée dans les nuages de l’oubli et de la «tabula rasa» de l’occident, sur notre propre civilisation bien africaine. Une occultation bien tardive à vrai dire !
A ce travail, un seul Kéita, a fortiori un seul Malien, ne s’y suffirait, sans l’aide de plusieurs, sinon de tous les Maliens et Maliennes (électeurs recensés ayant retirés leurs cartes et repéré leur centre de vote au préalable, disposés qu’ils sont à sortir voter massivement le plus démocratiquement du monde en toute transparence et respect du secret du vote).

Or, comment obtenir l’adhésion générale de tous ces inscrits du fichier électoral, sur le projet de réforme constitutionnelle (nouvelles lois à promulguer) ? Nous aider nous-mêmes ainsi à repartir du bon pied (s’accepter tel que nous sommes et avancer) ? En disant majoritairement OUI à un nouveau Mali (aller voter le jour du scrutin), qui est à bâtir «Cité Heureuse» (économie solidaire naissante) ? Et, telle qu’actuellement prédéfini et configuré en paramètres administratives (Ravec), d’interconnexion institutionnelle (carte administrative) et territoriale (découpage électoral et nouvelle Loi électorale) ? Des cantines numérotées et pouvant servir à autres choses que ce pour quoi elles sont prévues, et pour des futures captures d’éléments récalcitrants à caser là ! Comble du désespoir ! Bamako-coura ressemblerait bientôt à Gorée, si l’on n’y prend garde : une foire du «à laisser-à prendre».

C’est à cette question lancinante que nos députés super puissants, ont volontairement omis de s’appesantir là-dessus et d’y répondre. En choisissant tout simplement de renvoyer le projet de Loi sur la réforme administrative, préalable nécessaire à tout découpage électoral, à une autre de leur session parlementaire. Autant dire aux calendes grecques, pour faire échouer le gouvernement de Madame le Premier Ministre, Mariam Khaïdama Cissé, dans sa mission de pouvoir tenir de bonnes élections.

D’ici là, ils peuvent s’en foutre pas mal que le pays éclate en poches de conflits et de vives tensions, auto alimentées et, malgré tout entretenus feux amateurs d’activistes et séditieux, éléments rebelles parmi les fils et filles de la Nation. Avec ou sans élections/référendum et un système éducatif en panne, au bord de l’implosion et en pleine crise de maturité, quelles ostracisantes lois d’exceptions va-t-on nous réserver cette fois-ci, après les chaudes journées du 26 mars 1991 ? Le microcosme politique malien bruit, remue et s’agite : par rapport aux commerçants et aux transporteurs indignés par la question foncière et la boulimie financière des réseaux électoralistes maffieux déjà formés chaine humaine du trafic d’influence. Des rebelles nordistes sécessionnistes aux nationaux apatrides, déserteurs et piailleurs, qui et qui vont pouvoir finalement s’attirer à eux seuls la peau de chagrin de la couverture médicale obligatoire pour un nouveau Mali du Code de la Famille et des Personnes ?

Ici, en tous cas, pas de bras valides d’hommes libres à vendre ; et pas d’esclaves, mères porteuses, femmes esseulées à acheter non plus. Circulez ! Il n’y a rien à voir ici. Allez voir ailleurs si nous y sommes rapaces ! Vautours ! N’avez – vous pas vu notre Maliba passer par  là-bas par hasard, Messieurs Dames de l’aéroport international Bamako-Sénou ? Il a pourtant bien disparu (privatisation). Aidez-nous à le retrouver de vu s’il vous plaît («Amo Maliba yé wa ? A tounouna. Aw yan démé ka gnini»).  Pour rappel, l’Article 7 stipule que : «Il est institué entre les mandenkas le sanankunya (cousinage à plaisanterie) et le tanamanyöya (forme de totémisme). En conséquence, aucun différent né entre ces groupes ne doit dégénérer, le respect de l’autre étant la règle. Entre beaux-frères et belles-sœurs, entre grands parents et petits-enfants, tolérance et le chahut doivent être le principe».
Moustapha Khaly LEYE

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