Sans Tabou: logements sociaux et mauvais payeurs, la fin d’une époque ?

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logements sociaux

Après moult tentatives, l’Office malien de l’habitat (OHM) a finalement mis en exécution ses menaces d’expulsion des mauvais payeurs des logements sociaux.

Une décision, certes courageuse, mais qui met à nu les conditions d’attribution peu orthodoxes de ces logements conçus pour les plus nécessiteux. Aujourd’hui un véritable audit s’impose pour mieux éclairer sur certaines réalités au sein de ces logements.

La politique de réalisation des logements sociaux découle de la volonté de nos plus hautes autorités d’octroyer des logements décents à des Maliens à revenus intermédiaires.

Cependant, il n’est un secret pour personne que ces logements dits sociaux sont pour la plupart attribués à des personnes qui ont des moyens et d’autres logements à Bamako ou environ. Beaucoup parmi cette catégorie de bénéficiaires de ces logements préfèrent mettre en location ces maisons qui leur ont été attribuées dans des conditions douteuses. Cela en violation des clauses du contrat signé avec l’OMH.

Pire, les critères d’attribution ne donnent lieu à aucune garantie quant à la capacité d’un bénéficiaire de pouvoir s’acquitter des mensualités pendant les 25 ans du contrat location-bail. Une hantise pour tous les bénéficiaires, notamment ceux qui ont des revenus aléatoires. En effet, nombreux sont des Maliens qui profitent de leur situation temporaire (poste politique ou social éphémère) pour souscrire au programme de logements sociaux. Il suffit que le projet ou le juteux poste prenne fin pour que les soucis commencent. Alors, bonjour le cumul de retards surtout si l’on sait que personne ne vient à la fin du mois réclamer les loyers.
À côté de ceux-ci, il faut ajouter le cas des sous-locateurs dont la proportion n’est pas du tout négligeable. Ils sont pour la plupart ceux qui sont séduits par le calme, la propreté et l’environnement des logements sociaux ou les recalés des différents programmes qui pensent chaque fois que la chance leur sourira un jour. Ils payent leurs frais de location (égal, inférieur ou supérieur au tarif normal) aux vrais bénéficiaires des logements dont certains vont reverser ces sommes dans le compte logement. Mais d’autres les utilisent à d’autres fins.

Ainsi, le vendredi dernier, des agents de l’OHM, assistés de policiers et d’un huissier de justice, ont procédé à l’expulsion d’une vingtaine d’occupants des logements sociaux qui sont à 12 mois et plus d’impayés sur plus de 300 bénéficiaires qui sont en retard chronique dans le paiement de leurs mensualités.

S’il n’est pas de gaité d’assister à une telle scène dans notre société, force est d’admettre que ces victimes ne peuvent et ne doivent s’en prendre qu’à elles-mêmes, pour avoir été, selon l’administrateur des logements sociaux, averties à plusieurs reprises de leur situation : « La 1re étape consiste à notifier l’impayé. La 2e c’est la relance. La 3e étape c’est l’avertissement par voie d’huissier. La 4e par message téléphonique et la dernière c’est la lettre de résiliation du contrat location-vente avec la demande de quitter le logement. Nous avons épuisé toutes ces étapes, il fallait donc passer à l’étape ultime qui est l’expulsion puisque ces bénéficiaires occupent illégalement les logements ».

Selon les responsables de l’OMH, l’opération d’expulsion se poursuivra tant que des bénéficiaires continueront à cumuler des mois. Aussi, les logements libérés seront-ils réattribués par le ministère en charge de l’Habitat.
Au-delà de toutes les poursuites contre les ex-occupants pour les besoins de payement des arriérés de location, il se pose la nécessité pour l’OMH d’enquêter sur l’identité des locataires. Car il ressort de plusieurs informations concordantes que contrairement aux clauses du contrat des bénéficiaires louent les appartements à des nécessiteux à qui ils soutirent des frais mensuels de loyers.

Par Sékou CAMARA

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