Les violences qui secouent le monde ces derniers temps sont de nature à inquiéter rien qu’en constatant que ses joies marquent les esprits, donnant de plus en plus à l’homme un sentiment de dépression nerveuse. Surtout ceux qui sont d’une naïveté plus que limitée. Le genre humain est largué absolument du fait de vivre jour après jour dans une constante menace ambiante, une précarité désespérante. En outre, les échos du monde sont gravissimes, parce que l’on a le sentiment d’être dans une pseudo-guerre ; de vivre un tremblement de terre, un séisme de forte intensité.
De nos jours, la loi des armes a pris effet et la fébrilité a une proportion considérable avec comme soupape un complexe de supériorité qui peut s’expliquer par une propension grotesque à vouloir montrer sa force, sa puissance dans les rapports entre, de façon restreinte, les hommes, et de façon élargie, les nations. C’est à cela que tiennent les apports de force qui entachent les relations. La conquête de la gloire reste une priorité exclusive, et l’on est disposé à tout pour y parvenir au point que l’on se permette les folies les plus surprenantes. De même, il est digne de remarquer qu’une menace profonde tient le monde à la gorge à partir du moment où il paraît divisé contre lui- même par le fait que d’aucuns, animés toujours d’un sentiment de fierté très lourd qu’ils ont eu à tirer du passé, luttent contre vents et marées pour que leurs désirs deviennent une réalité. Ce sera la fin des haricots ! Et cela constituera un déficit flagrant du point de vue humanitaire.
La démocratie, ce tsunami dans le vent, fait exalter pas à pas un parfum de fin de fin de règne dans bien des pays arabes pour les dictateurs qui, de surcroit, sont prêts à mettre leurs mains au feu en disant qu’ils sont les seuls qui ne soient pas trompés. C’est pourquoi, ils adoptent une attitude un peu spéciale pour sauver leur peau et vont jusqu’à jouer leur va-tout. Cet état de fait colle fort bien à la crise en Libye qui est indiscutablement un cas d’espèces, avec ses dégâts collatéraux et l’impressionnant tohu-bohu sociopolitique qui y règne , faisant souffrir un véritable enfer au peuple libyen, déchiré, déprimé ; pour comble de malheur, se trouvant dans le pyramide de la violence, du manque d’aide humanitaire et d’argent…La difficulté est aussi que l’OTAN se refuse au répit, et continue à bombarder non sans bourdes monumentales. Evidemment, en ce cas, il ya un paradoxe entre ce que l’occident était sensé faire et qu’il est en train de faire. Il s’est approprié cette révolution, en surfant sur la complexe inefficacité de l’Union Africaine(UA) qui, d’ailleurs, donne l’impression de ne plus rien maîtriser. C’est cela l’aspect pervers de l’affaire. Une occasion pour les méchantes langues de dire que nous voyons le mal chez l’occident. Soit. De fait, la démocratie est une valeur universelle vers laquelle tous les esprits s’orientent. Soit aussi. Mais en Libye, elle est victime d’un abus incommensurable, elle recouvre une dimension impérialiste très embêtante. Aussi, il y a beaucoup de compassion pour Kadhafi…
Somme toute, il y a fort à parier que l’implantation de la démocratie qui reste une donnée constante des institutions internationales, risque de se dégénérer en une autre forme de « domination de l’homme par l’homme » ; ce qui, sans ruser, sera un scandaleux mépris pour tout ce qui fait l’essence de ce monde moderne. Quant à la manière d’intervenir en Libye, l’occident doit revoir sa copie. Sinon le rêve de démocratie sera un spectacle cauchemardesque ou encore du cynisme.
Boubacar Sangaré