Zoumana Mory Coulibaly est connu pour être un « richissime »douanier, selon le mot d’un confrère qui s’y connaît en Jet Set qu’il fréquente assidûment. Zoumana Mory Coulibaly est surtout connu du grand public pour être l’un des nombreux vice-présidents de l’Adema PASJ dont il serait, d’ailleurs, le principal bailleur de fonds. Du blé, il en faut pour s’imposer dans un grand parti, il en faut pour un mastodonte comme le PASJ toujours boulimique, vorace et envieux. Avec ses insatiables velléités d’hégémonisme et de domination de la classe politique voire d’appropriation de la nation.
Zoumana Mory Coulibaly a défrayé la chronique, il y a peu, quand l’envie lui a pris de prendre faits et cause pour la candidature (non encore déclarée) d’un certain Modibo Sidibé (auquel on dénie la qualité de militant du parti) à la prochaine présidentielle. Un choix jugé donc fort singulier d’autant plus que les « Abeilles » étaient dans une logique de reconquête du pouvoir par un candidat produit à l’interne. Bien entendu, ses camarades ont vite fait de dénoncer le crime de «lèse Abeille» et de le rappeler à l’ordre, en le morigénant quelque peu. Mais, moins courtois et peu soucieux de diplomatie, certains militants ne se sont pas privés de lui de lui rappeler comment il a été admis dans la Ruche, tous les moyens qu’il a dû déployer pour ce faire et la portion congrue (obscur secrétaire à la santé et au développement social, avec comme adjoint, quand même, Aly Nouhoum Diallo) dont il a dû se contenter. Mais apparemment, tout cela n’aura servi à rien. Pour Zoumana Mory Coulibaly, les avis et bourdonnements de la Ruche ne comptent guère. Il a donc continué à afficher ouvertement et publiquement son soutien à l’ancien Premier ministre. Se souciant toujours très peu du «qu’en dira-t-on» apicole. Même quand ces petits plaisantins d’ «Abeilles » se sont réunis en convention pour investir leur candidat à eux, en la personne du président du parti, Dioncounda Traoré, même quand, avant cela, la Ruche a été en ébullition pour choisir entre plusieurs prétentieux au drapeau rouge et blanc avec effigie abeille, «richissime douanier» s’était contenté d’observer tout ce cirque de loin, goguenard, condescendant, méprisant.
Samedi 19 novembre 2011, Zoumana Mory Coulibaly aura franchi le Rubicon démocratique et innové en matière de sciences politiques et de stratégie politicienne. Dans une interview accordée à L’Indépendant du 21, le vice-président de la Ruche affirme avoir «pris une disponibilité» (sic) avec sa section de Bla. En homme loyal et légaliste, il en a informé la direction du parti.
Zoumana Mory Coulibaly, qui, selon la rumeur, n’est pas instruit ne veut plus avoir d’instructions assénées à tout va. En revanche, il veut poser un acte inédit et singulier dans le microcosme politique. Pour soutenir jusqu’au bout son candidat à lui contre celui officiel de son parti, le douanier prend une disponibilité. Rien que ça. Cela se fait déjà dans la fonction publique et dans certains organismes internationaux, alors pourquoi pas dans la fonction politique ? En effet, il semble que Zoumana Mory Coulibaly s’inspire du cas de ces fonctionnaires qui peuvent, dans et sous certaines conditions, quitter le travail. En général, c’est quand ils ont ailleurs (ONG, Projets, Institutions, Privé,…) des opportunités de travail qui leur offrent beaucoup plus d’avantages matériels et financiers. Et ils le font pour une durée bien déterminée, comme Zoumana Mory Coulibaly qui affirme être indisponible pour le PASJ avant le 08 juin 2012. Soit une disponibilité de six mois. Et comme il n’est pas bête, le Zou, il sait que pendant toutes ces décennies durant lesquelles Modibo Sidibé, officier de police, haut commis de l’Etat, ministre et chef de gouvernement, a vécu aux crochets des contribuables pour tout (logement, carburant, soins de santé, électricité, eau, téléphone, moyens de transport, multiples entretiens,…), le futur candidat à la présidentielle doit s’être constitué un joli magot.
Et Zou, comme tout gabelou qui se respecte, flaire l’oseille à mille lieues. Or, lui qui est en disponibilité pour profiter de nouvelles opportunités financières et matérielles, a déjà beaucoup investi dans les clubs et associations de soutien. Il serait juste et normal qu’on lui rembourse, au moins, une partie de l’effort de guerre. Pour le reste, Zoumana Mory Coulibaly dit qu’on verra après le 08 juin, jour de l’intronisation de son complice, parce qu’il ne doute de rien, le Zou.
Et c’est aussi pour cela que sachant que son cœur déraisonne en aimant hors de la « famille Abeilles », il écoute la voix de la raison qui lui dicte son choix, à savoir Modibo Sidibé contre lequel un candidat PASJ bon teint n’aucune espèce de chance. Zoumana Mory Coulibaly a au moins ce mérite : c’est d’avoir tiré les leçons de 2002 et de 2007.
Cheick Tandina