Rétrospection : Favoritisme et népotisme au sommet  

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Décidément, les filles de Mme Diallo Madeleine Ba aiment bien se mettre en avant. Est-ce parce que leur mère, Ministre de la République, est également une «tigresse» à poil, dont les rugissements ne se font pas assez entendre? En l’espace de quelques mois, elles ont réussi la performance, jamais égalée, même du temps de la dictature, de faire les choux gras de la presse, et de s’attirer les foudres des défenseurs de l’état de droit.

 L’année dernière, c’est l’aînée qui se distinguait par un accident peu banal. Douanière de son état et propriétaire d’un superbe 4X4 qu’elle conduisait, elle a cru être de son droit et de son devoir de foncer droit sur un véhicule en stationnement. Bilan : le propriétaire de cette bagnole et son collègue, tous deux journalistes, sont blessés. Le premier, plus gravement que le second, a dû être évacué à l’extérieur (au Maroc) pour ne pas perdre l’usage de sa jambe. Il tient encore une béquille, et ne doit pas son traitement à la fille de la Ministre, celle-ci n’ayant même pas daigné s’enquérir de l’état de santé de ses deux victimes, a fortiori s’occuper d’elles. Ni acte de compassion ni geste de solidarité, la fille de la Ministre se sentait au-dessus des lois. D’ailleurs, assignée en justice, c’est sa victime qui sera contrainte au paiement d’une amende à l’issue d’un procès auquel personne n’a rien compris.

Aujourd’hui, c’est la cadette, pharmacienne de son état, qui fait jaser en refaisant parler de la famille Diallo, plus précisément, en faisant parler d’elle-même et de sa mère, dans une sombre affaire sentant le népotisme et le favoritisme. En effet, c’est dans le quartier huppé d’Hamdallaye ACI 2000 qu’elle se serait payé le luxe de s’offrir une pharmacie dont elle n’aurait jamais eu l’autorisation d’exploitation sans la complaisance et la permissivité de sa très chère maman.

Mais, question publicité intempestive, tapageuse et peu flatteuse, la chère mère n’est pas demeurée en reste. Car auparavant, en mars dernier, alors que plusieurs cadres et militants de son parti, le MPR (Mouvement Patriotique pour le Renouveau), exigeaient  son remplacement au gouvernement, Mme Diallo Madeleine Ba aurait fait des pieds, des mains, de la tête et, peut-être, d’autre chose pour, non seulement garder sa place dans le gouvernement, mais aussi, changer de portefeuille, aller à la santé.

Les mauvaises langues disent que c’est pour se rapprocher de son protecteur, ATT.

Au-delà du caractère anecdotique des agissements des filles de cette Ministre, il faudrait se pencher sur divers et fréquents actes de népotisme et de favoritisme dans la gestion de l’administration publique. Il n’y a pas que les promotions et la distribution de postes juteux ou/et stratégiques qui se font selon les relations et les liens de parenté avec les décideurs. Balbutiante sous le régime militaire, cette politique s’est développée avec ceux-là qui affirmaient, au début des années 90, prendre le pouvoir pour instaurer un véritable Etat de droit. Après une décennie de présidence, Alpha Oumar Konaré et presqu’autant de régime ATT, la situation est presque désespérée. Outre la main mise des parents, ascendants, descendants, cousins, amis et autres camarades de promotion sur l’administration, l’économie et les finances du pays sont entre les mains des dirigeants et de leurs rejetons. Création d’entreprises et de sociétés industrielles et manufacturières, passations douteuses des marchés de l’Etat, les gouvernants s’accaparent de tout et dans tous les secteurs. Et sont sûrs de la pérennité des actes posés.

En effet, tous les moyens ont été mis en œuvre pour que le mouvement ne s’arrête plus jamais, la relève ayant été préparée et assurée. Pendant que l’école est empêtrée dans des problèmes insolubles et qu’il n’y a plus de formation adéquate, les barons du régime ont envoyé, et continuent d’envoyer, leurs progénitures faire des études dans les meilleures écoles de la planète, là où la situation est calme et stable, et d’où ces enfants sont assurés de revenir avec des diplômes consistants. Pendant que les quelques rares personnes restées au pays décrochent enfin une qualification, mais restent exposées au chômage et à la précarité de l’emploi, les portes de l’administration sont ouvertes aux rejetons des gouvernants qui ne peuvent que gagner haut la main les concours et tests de recrutement, grâce à une formation plus complète et parachevée. En outre, le secteur privé est organisé de telle sorte que seuls les enfants privilégiés  bénéficient de financements et de larges possibilités de création d’emplois.

Mais en définitive, tout cela est normal. Les pères et les mères nous gouvernent actuellement, quoi de plus logique que les fils et les filles en imposent à nos enfants ? C’est la loi du plus puissant, il faut faire avec et laisser toutes ces Mme Diallo Madeleine Ba caser leurs progénitures. Ils seront au moins assurés d’avoir des lendemains paisibles.
Cheick TANDINA
 

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