Ces derniers temps, on n’entend plus que cela : ATT doit continuer et se perpétuer au pouvoir. Parmi les braillards, ceux qui crient et gesticulent le plus, il y a un certain Hamed Sow, Ancien Ministre, présumé géniteur père-fondateur du machin présidentiel, le programme PDES grâce auquel Amadou Toumani Touré s’est aliéné la confiance de la majorité des Maliens. «L’œuvre entamée par ATT ne doit pas s’arrêter, nous devons nous impliquer pour pérenniser les acquis». La meilleure manière de pérenniser ces acquis, estime-t-on, ce n’est pas de reprendre le flambeau ou de continuer les actions de l’autre. Non, au PDES, certains pensent qu’il faut tout simplement qu’ATT reste.
Au fait, quels sont ces chantiers d’ATT ?
De toute évidence, le 3ème pont de Bamako sera inauguré avant le 8 juin 2012. Alors, certains mordus d’ATT lui prêtent la volonté de construire un pont sur le lac Débo, histoire de ne pas interrompre le trafic entre le sud et le nord du pays, pendant la crue. Ça n’a rien à voir avec le pont de Wabaria (Gao) ou le barrage de Taoussa (Bourem), et nécessite d’importants fonds dont ATT n’a pas encore le bout. Il doit donc rester au pouvoir.
Une autre raison pour l’Illustre de s’incruster, c’est la continuation de l’œuvre du Végal sortant. On se rappelle que Sidi Sosso Diarra, pendant près de 7 ans, a totalement manqué de visibilité et de traçabilité dans ses actions et recommandations. Personne ne savait ce qu’il faisait et à quoi il servait réellement. Pour beaucoup, le Gouvernement lui aurait signifié qu’un Végal ne sert à rien dans ce pays, que les termes qu’il utilise n’ont aucun sens pour le législateur et la justice. Par conséquent, ses dénonciations, qui selon lui ne sont que la partie visible de l’iceberg, ne seront pas suivies. En revanche, ce n’est qu’à quelques mois de son départ qu’ATT a sorti la Casca de l’ombre du Végal, pour la mettre en lumière. Son dernier rapport a été remis à la presse pour être révélé au grand public. Un spectacle dont le seul et véritable but est de démontrer que la fraude, la corruption, la concussion, les malversations, les détournements, bref, les délinquances ont de beaux jours devant elles. Le seul recours, le dernier rempart, n’est autre que l’As du kokaje : ATT. Il doit donc garder son fauteuil.
Sur le plan sécuritaire, après des années d’enlisement de la lutte contre le banditisme transfrontalier, la rébellion et le terrorisme, ce n’est que récemment qu’ATT a eu des promesses fermes (avec début d’exécution) de fonds et de coopération. Etant le seul détenteur de la solution anti-AQMI, il doit donc continuer la traque.
Les spéculations et malversations foncières battent leur plein et font leur lot quotidien de victimes. Or, ATT est le seul à pouvoir offrir à tous ces SDF et sans abris au moins un logement social. Et puisque les PTF ne font pas confiance aux politiciens classiques, ATT doit continuer cette merveilleuse politique d’un toit pour chacun.
L’école a longtemps été un casse-tête pour les pouvoirs publics. A la dernière minute, le grand homme a eu la sublime panacée : des mamans et des mamies aux commandes de l’école, du Gouvernement et de postes stratégiques. Pour voir les fruits de ces décisions, ATT doit rester.
En définitive, selon ses adeptes des deux PDES, ATT doit préserver les acquis et continuer son œuvre. Comment ? Personne ne le dit ouvertement, mais beaucoup susurrent qu’il doit jouer les prolongations. Seulement, tout le monde n’est pas de cet avis.
En particulier, sept candidats du plus grand parti de la place, qui ont fait valoir leurs prétentions au trône. Parmi eux, le président des «Abeilles», qui mène sa barque de bien singulière manière.
Dioncounda à Koulouba, au Ministère de l’élevage ou au PADEPECHE ?
Le président des «Abeilles», a lui aussi des adeptes fidèles et béats. L’un de ceux-ci s’épand depuis quelques temps dans les colonnes d’un confrère. Daman Tékété, c’est son nom, serait président de la Direction nationale du PBS (ne me demandez pas ce que c’est). «Pour Dioncounda Traoré, le moment est arrivé, l’heure a sonné». C’est Tékété qui a fait cette importance et historique découverte (invention ?) pour l’humanité. Dans sa tribune, il revient sur le parcours scolaire, universitaire, administratif et politique du président Dioncounda. A le lire, ce dernier doit présider la République du Mali parce qu’il est détenteur d’une kyrielle de diplômes allant, sans craindre l’overdose de connaissances, du CEPE au DEA en passant par le BEPC, le bac, la licence et la maîtrise. Dioncounda Traoré s’offre même un doctorat. Le thème ? «Le problème de Dirichelet pour l’équation de Poisson dans les domaines convexes non bornés». Personnellement, je n’y comprends rien. Beaucoup de Maliens non plus, peut-être. Mais, si Dioncounda Traoré a reçu la mention très honorable pour avoir réglé l’épineuse et cruciale question de poisson, viande et lait, sa place serait plutôt au Ministère de l’élevage et de la pêche ou, mieux, à la Direction du PADEPECHE. Pour se perfectionner auprès des Bozo, Somono et Sorko pour lesquels nul n’est besoin d’aller jusqu’à Nice et de traîner sur les bancs pour faire une bonne pêche. Encore que cela n’est pas suffisant pour pêcher Koulouba.
Cheick Tandina