Roue libre : Règlements de compte dans les casernes Sous un général, la guerre des généraux

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La discipline est la force principale des armées ; un ordre doit être exécuté sans hésitation ni murmure" Ce règlement militaire indispensable à la victoire sur le champ de bataille est aujourd’hui foulé au pied dans nos casernes. Cette indiscipline caractérisée des militaires du rang et des éléments des forces de sécurité remonte au temps de Alpha Oumar Konaré. Sous Dioncounda Traoré, alors ministre de la Défense, des éléments récalcitrants ont failli plonger le pays dans le chao.

Pendant que la coordination des sous-officiers haussait le ton et ne cherchait que des poux dans la tête de la hiérarchie, 800 élèves gendarmes descendaient dans la rue pour s’amuser avec des fusils comme si c’était des pétards. Nommé à la place du timide Dioncounda, le brave  Sada Sy (paix à son âme) réussit à rétablir l’ordre en dissolvant la coordination des sous-officiers et en envoyant paître les élèves gendarmes qui ne seront réintégrés que plus tard dans des échelons inférieurs. On notera de Sada Sy fut l’auteur d’une formule célèbre à savoir "qu’un responsable est un homme qui prend des décisions courageuses même impopulaires"

Mais voilà qu’après Sada Sy la chienlit s’installe à nouveau. Le Mali est devenu le Far West, un pays de pistoleros où celui qui dégaine le premier est assuré de vivre cent ans. Les militaires ne veulent pas voir les policiers, ces derniers ne veulent pas sentir les douaniers et les civils. On peut citer plusieurs exemples de descentes des militaires sur les commissariats de police avec mise à sac du matériel et des locaux, les policiers eux-mêmes ne devant leur salut qu’en prenant leurs jambes à leur cou. Un autre jour, c’est une douanière qui se fait molester sur la route de l’aéroport par un jeune agent de police. On peut aussi citer l’exemple de ce flic à la détente facile qui flingue un client à l’entrée d’un bar.

La liste des exactions n’est pas exhaustive et l’on se demande à quoi sert la police militaire si l’on va de mal en pis. Interrogé par les députés par rapport à la sécurité des citoyens et de leurs biens, le général Sadio Gassama avait pourtant promis de nettoyer son département des brebis galeuses.

Ironie de l’histoire, aujourd’hui lui-même est pris dans l’engrenage. Sous le règned’un général, c’est la guerre des généraux. Le peuple médusé et impuissant assiste à des règlements de compte dans les casernes qui mettent la patrie en danger. La grande muette est devenue bavarde comme une pie. Au lieu de rappeler ses troupes à l’ordre, Natié Pléah, un ministre quasi-inexistant, se terre dans son trou comme un rat. Pendant que par-dessus la tête d’ATT la guéguerre entre Niamé Kéïta et Sadio Gassama par sbires interposés a atteint un point de non retour. Toutes les vilenies y passent comme «sac au dos», «porte-galon», «officier félon», «menteur et traître». Il sied de rappeler que lors du procès crimes de sang, Moussa Traoré a été le premier à parler des officiers félons qui l’ont lâché suite aux événements du 26 mars 1991.

Aujourd’hui, la situation est pire avec des policiers qui, sous couvert de syndicalisme, rabrouent la hiérarchie, sèment la pagaille dans un défilé de la fête des travailleurs sans prendre la moindre sanction. De quoi nous faire amèrement regretter le règne du Comité militaire où Tiècoro Bagayogo dit Django tenait d’une main de fer l’ensemble des forces de sécurité. En ce temps, pas de syndicalisme, la police était militarisée, aucun flic fut-il super, ne pouvait dire un "tchu" on un "tcha" sans avaler sa langue. La faute à qui ? Sans doute au manque d’autorité de l’Etat et au laxisme dans le recrutement des agents. Forceément donc les forces de l’ordre deviennent des forces du désordre. Ce faisant, elles n’inspirent ni crainte ni confiance aux populations surtout qu’elles sont souvent de mèche avec les malfrats. Exit les braves commissaires de police et leurs brigades de recherche qui chaque jour que Dieu fait mettent hors d’état de nuire les bandits de grand chemin. Considérés au temps du régime socialiste comme des agents de développement et sous l’UDPM comme des militants en uniforme, aujourd’hui les militaires se prélassent dans des fauteuils bourrés. Au lieu de monter dans la fournaise du nord, ils passent tout leur temps dans l’oisiveté. Au grand dam de Voltaire qui disait que le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. Avec cette usine de fabrique de généraux, le Mali produit plus d’officiers supérieurs que l’armée du Nigeria.

Pour les ennuyer davantage (puisque de toutes façons ils n’ont rien à faire) on les envoie à présent dans les départements ministériels ou dans une ambassade lointaine jusqu’au cap Horn comme hauts fonctionnaires de défense. Là-bas, ils se tordent le pouce tout en enquiquinant le chef du département. Par les neiges sacrées du Fuji Yama… !

                                     Mamadou Lamine DOUMBIA

 

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