Roue libre : Oumou Sangaré dixit : «O, Mala mon amour»

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La Roche Tarpéienne est un rocher situé à l’extrême sud-ouest du mont Capitole surplombant le Tibre d’où étaient précipités certains criminels de l’ancienne Rome. Charybde, c’est le nom donné par les anciens à un tourbillon du détroit de Messine proche d’un rocher nommé Scylla. Ces deux expressions antiques collent parfaitement à la conduite de la diva du Wassoulou Oumou Sangaré lors de la nuit de l’ORTM et à la biennale 2010. C’est parce qu’elle ne sait pas que la Roche Tarpéienne est tout près du Capitole qu’elle est tombée de Charybde en Scylla, c’est-à-dire de mal en pis.

Les Bamanans consacrent plusieurs expressions à une chute aussi vertigineuse. Comme par exemple tomber du haut d’un cocotier au fond d’un puits, tomber du dos de sa mère ou quand l’âne veut vous terrasser vous ne voyez pas ses deux oreilles. Oumou Sangaré, c’est la chute d’une idole, de la gloire à la honte. Déjà  victime dans le temps de certains ragots, elle vient définitivement de tomber dans l’opprobre. On ne savait pas qu’elle était un disciple de Bacchus et de Dionysos, un comportement de la part d’une femme honni par notre société. Son penchant immodéré pour la dive bouteille vient d’en faire la risée publique.

Pire, c’est une récidiviste notoire car après la nuit de l’ORTM où elle a pété les plombs, à Sikasso elle a remis le spectacle. Quelques morceaux choisis de Oumou Sangaré : "les gens doivent faire l’amour. Sidiki, toi aussi tu es amoureux ? Oumou va te tuer" Pour toute reconnaissance pour ses immenses efforts en vue de promouvoir la musique malienne, le patron de Bozola, Sidiki N’Fa Konaté, venait de prendre une douche écossaise. Heureusement que Mme Konaté (Ouma Djata) n’est pas une femme de nature à flinguer son propre mari comme le font certaines mégères. La briseuse de ménage devra chercher ses marques ailleurs. 

Malamine Koné, le parrain de la biennale, doit être encore plus malheureux. "Malamine, je vous aime, je vous adore", a-t-elle lancé au parrain devant sa femme médusée. Puis elle l’a invité à danser sur scène. Il faudra du temps à ce mécène pour consoler sa femme meurtrie. Elle ne se rendait même pas compte qu’ainsi malmené en public, Mala avait déjà tourné les talons. Oumou peut-être sans le vouloir venait de semer la zizanie dans ce couple. Gênés, les officiels aussi avaient quitté la salle. Même les chasseurs qui devaient monter sur scène après  son départ n’ont pas voulu jouer leur partition. Le scandale fut à son comble quand au sortir de la rampe la diva s’est écroulée comme un château de sable. C’est l’image d’une idole qui s’affaisse.

Mais aussi de celle du Mali tout entier qui ternit parce que les images de l’ORTM sont reçues jusqu’au cap Horn. Mais le problème est de savoir pourquoi l’a-t-on invitée à Sikasso après ses bourdes à la nuit de l’ORTM. Où elle disait déjà que la musique du Wassoulou est la meilleure musique du Mali. Cela n’empêche que Oumou Sangaré soit une artiste émérite pour avoir, à travers sa musique, contribué au rayonnement du Mali un peu partout dans le monde. L’héritière de Coumba Sidibé est aussi une dame au grand cœur. Elle s’apprête à lancer sa propre fondation pour venir au secours des plus démunis. Cette femme d’affaires qui a monté sa propre marque de voiture peut encore servir la cause commune à condition de ne plus raconter sa propre  vie sur scène ni d’étaler ses propres sentiments sur la place publique en de vaines jérémiades du genre : "Un jour, moi j’avais besoin de Malamine Koné pour la première dédicace que j’ai faite au Mali. J’ai vu du beau monde mais Malamine tu m’as impressionnée, ce n’est pas l’argent qui m’impressionne, moi Oumou Sangaré walahi, c’est ta gentillesse et ta simplicité qui m’ont fascinée. Tu sais pourquoi je t’adore, Malamine"?

A défaut de faire son mea culpa, l’artiste doit, en tout cas, éviter désormais de faire une chute aussi vertigineuse. Il y va de sa propre image de marque, de celle du pays tout entier et pour le bonheur des mélomanes. Le pauvre Mala qui en a aussi pris à ras bord, a sans doute passé une soirée amère. La biennale du cinquantenaire en a pris un sale coup. Les organisateurs crachent dans leur barbe. Le maire et le gouverneur de Sikasso sont sur leurs dents. La diva se mord les doigts. Chacun en a eu pour son compte. Fin du spectacle.       

         Mamadou Lamine DOUMBIA

 

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