Roue libre : Moussa, les démocrates et la révolution

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Le philosophe idéaliste allemand Hegel disait que "ce sont les grands hommes qui font l’histoire" Ce à quoi Karl Marx, un autre grand philosophe matérialiste allemand a rétorqué que "ce sont les masses qui font l’histoire" Ainsi, sous la houlette de Lénine la révolution bolchevique d’octobre 1917 en Russie a été menée par les ouvriers et les paysans pendant qu’en Chine au cours de la longue marche Mao a procédé par l’encerclement des villes par les campagnes. A Cuba Fidel Castro à la tête d’une poignée de guérilleros dont le Che attaqua en 1959 la caserne de la Moncada avec comme objectif ultime la chute de la dictature de Batista.

Au Mali mars 1991 n’était pas une révolution prolétarienne visant à abattre la bourgeoisie cependant dans son essence elle visait, comme dans les autres pays, l’instauration d’un ordre nouveau: la démocratie et le multipartisme. Pour atteindre ce noble objectif il fallait, comme à Cuba, lutter contre l’une des dictatures les plus féroces d’Afrique. Mais 19 ans après la révolution l’un des acteurs clés de la lutte héroïque du peuple malien demande la réhabilitation du tyran. Sans doute que ATT veut sortir par la grande porte de l’histoire en jouant au bon Samaritain de la paix mais ne va-t-il pas vite en besogne ? Il a failli gâcher la fête du cinquantenaire de l’indépendance nationale en invitant l’ex-dictateur à la tribune officielle du défilé militaire du 22 septembre.

Voulait-il créer une révolution dans la révolution car que se serait-il passé si des manifestants hostiles à la présence de l’ex-monarque avaient procédé à des jets de pierre dans la loge officielle devant nos hôtes de marque étrangers et au grand dam des forces de l’ordre ? Car il ne suffit pas de dire "qu’aucune page de notre histoire ne sera arrachée", il faut avant tout éviter la provocation et les atteintes à l’ordre public. Les gens sont en train de biaiser le débat sur notre passé car qui peut oublier 23 ans d’un règne aussi sanguinaire ? D’ailleurs Dioncounda a bien fait de nous épargner la longue litanie des massacres dans son discours d’ouverture de la session d’octobre du parlement. Ce n’est donc pas se livrer à une réécriture de l’histoire immédiate du Mali et encore moins faire du révisionnisme. Au contraire ce sont les héritiers de Moussa qui se livraient dans un passé encore récent à cet exercice périlleux en magnifiant l’œuvre de l’ex-dictateur. Même si le pardon n’est pas un oubli, il suffit simplement de savoir qu’au Mali et par tradition personne ne se livre à la chasse aux sorcières.

Cependant toutes les blessures ne sont pas encore cicatrisées pour qu’on se moque de la gueule du peuple. Les morts ne sont pas morts pour rien. L’idéal serait d’instaurer une commission vérité réconciliation comme ce fut le cas en Afrique du Sud après l’apartheid pour mettre le bourreau face à ses victimes. Au lieu de cela on préfère brûler les étapes. Dans cette affaire GMT il faut dire que Alpha et ATT ont beaucoup joué de complicité comme ils ont joué de complicité dans la passation de service. Le premier a gracié un homme deux fois condamné à mort, le second l’a carrément sorti du trou. Il ne leur reste plus qu’à lui tresser une couronne de laurier sur la tête. Vive le respect des droits de l’homme et à bas la peine de mort ! C’est pourquoi bien malin qui saluera l’initiative de Alpha de monter à Koulouba pour dissuader son successeur d’inviter Moussa au défilé du cinquantenaire. Que s’est-il donc passé puisqu’on n’a plus vu GMT dans les tribunes ? N’a-t-il pas été invité ou a-t-il par sagesse préféré se cloîtrer à la maison en regardant le petit écran ? Dans tous les cas tout est ainsi bien qui finit bien. On évitera de faire les frais d’une réconciliation au rabais. Et ATT apprendra à ses dépens qu’il est le chantre d’une voie sans issue. Un chemin qu’il avait déjà emprunté au temps fort des provocations du MPR. Après la réalisation  de toutes ces belles infrastructures nécessairement, une pierre manquera à la couronne du roi. Laissons le temps au temps car chaque chose en son temps. Le temps est un grand maître.

Mamadou Lamine DOUMBIA

 

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