Roue libre : Dioncounda, l’empereur du Ouagadou, à la reconquête de son trône

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IBK, est parti, l’Adema reste ". Cette phrase mémorable a été prononcée par le sieur Dioncounda Traoré, alors premier vice-président de l’alliance pour la démocratie du Mali, lors du congrès extraordinaire d’octobre 2000 spécialement convoqué  par le fameux clan de la CMDT pour débarquer IBK de son piédestal de " candidat  naturel " du parti à l’élection  présidentielle de 2002. Pour parvenir à leurs fins, les conspirateurs dirigés par Soumaïla  Cissé, Mme Sy Kadiatou Sow et Ousmane Sy, accompagnés par leurs sbires, ont pris comme prétexte la révision des textes du parti. Pendant que le mandemansa décochait la flèche du parthe à ses désormais anciens camarades en tournant les talons, nombreux sont les observateurs qui furent surpris de cette attitude de l’empereur du Ouagadou. En effet, par un mauvais calcul, on le considérait,  lui aussi, comme un fidèle lieutenant du chef du parti, et,  mieux, qu’il allait le suivre comme d’autres dans son exil forcé. C’était mal, connaitre ce mathématicien disciple de Pythagore qui sait mieux que quiconque que deux plus deux égale quatre. Pour avoir longtemps vécu à l’ombre du maître, il espérait, lui aussi, se faire une place au soleil, et le destin frappa à sa porte.

Dioncounda a été élu président de l’Adema parce qu’à l’époque il était le meilleur des candidats possibles. D’aucuns ont dit alors que c’est un président par défaut, tout en rappelant  l’adage qui dit  qu’au pays des aveugles les borgnes sont rois. Ils mettent l’accent sur certaines de ses lacunes comme son manque de charisme, ses difficultés d’élocution qui font que c’est un piètre orateur incapable    d’haranguer les foules. Comme autres obstacles dressés sur sa route pour la conquête du pouvoir, on cite, pêle mêle, le code des personnes et de la famille qu’il a fait voter par l’Assemblée Nationale et la misogynie qu’il a fait éclater à Nara lors des législatives dernières lorsqu’il a été mis en ballotage par Mme Sina Damba. On a vu dernièrement l’homme s’employer à gommer ces bavures en rendant visite au chérif de Nioro. Dioncounda fut aussi un piètre ministre des Affaires étrangères et un piètre ministre de la défense   sous le règne duquel l’armée nationale a failli voler en éclat à cause de l’indiscipline caractérisée des sous-officiers.

L’adage dit, cependant, que même si ton ennemi est le lièvre, il faut reconnaitre qu’il a les oreilles longues et qu’il court vite. Sans crier gare le mandarin de Nara est en train de tisser son nid comme un tisserin. Qui pouvait imaginer qu’un jour Dioncounda sera président de l’Adema mais surtout président de l’Assemblée Nationale du Mali et deuxième personnalité de l’Etat ? Méfiez-vous de l’eau qui dort, c’est le genre d’homme qui fait à l’insu de tous son petit bonshomme de chemin. Membre fondateur de l’Adema, il a sué eau et sang pour l’implantation du parti en commune IV et dans sa ville natale de Nara. En outre, Dioncounda est un homme de compromis. Sans lui, l’Adema aujourd’hui aurait volé en éclats. Mais attention compromis ne veut pas dire compromission. Il sait à l’occasion cogner  dur sur les récalcitrants en faisant respecter les textes du parti. Demandez à Soumeylou Boubéye Maïga, à Adama Diarra, Kader Sidibé, au clan des dix qui ont trahi Soumaïla Cissé, ils se sont repentis comme des chefs de la maffia en retournant du bercail.

Justement en ce qui concerne Soumi champion, Dioncounda est le seul membre du Comité exécutif avec Boubéye Maïga à l’accompagner dans la campagne présidentielle de 2002. Manifestement, le président de l’Adema est fidèle à son parti comme un chien. Il déteste l’errance, le vagabondage,  la transhumance politique et à plus forte raison la trahison envers les siens. A la différence de beaucoup d’autres caciques de l’appareil qui vont et viennent comme des chiens errants sans collie. Ce qui lui confère plus de mérite et plus de légitimité que tous les autres. Les sages du parti ne se sont pas trompés en l’investissant comme candidat de la ruche à la prochaine élection présidentielle au milieu de néophytes et de profanes  comme Sékou Diakité, Marimathia Diarra et autres. Son principal atout est de disposer d’une redoutable machine électorale, l’Adema PASJ, un parti aux tentacules de la pieuvre.

Selon les pronostics de Nostradamus qui prévoient  un second tour, l’homme de Nara fera mal en 2012. Il sera le candidat surprise s’il y’en a. Ainsi, pourra-t-il se racheter de ses gaffes et de ses déclarations incongrues lorsqu’il a amené son parti à l’abattoir en 2002 en faisant acte d’allégeance au général et en faisant perdre les pouvoirs à la première force politique du pays. A l’heure de la reconquête les trompettes sonnent la charge, tirant les leçons du passé les Adémistes sont aujourd’hui tous debout, pour soutenir un seul homme. C’est déjà un signe de bons augures visant à exorciser les démons du passé. Car la victoire de l’un est la victoire de tous. A noter enfin que Dioncounda ne s’est jamais présenté à une élection présidentielle. C’est un homme neuf, contrairement à beaucoup d’autres qui ont déjà usé tout leur crédit en récoltant des scores ridicules. La première fois sera-t-elle la bonne?

Mamadou Lamine DOUMBIA

 

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