Roue libre : Diango Cissoko, un tribun sur la ligne de front

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Je ne doute point de la détermination qui se lit sur vos visages ” C’est par ces mots de bienvenue que le premier ministre malien Diango Cissoko a accueilli le 19 janvier dernier les troupes africaines venues participer aux côtés des forces françaises et maliennes à la guerre de libération nationale. C’était véritablement la revue des troupes par un chef de guerre qui se pavane comme un maréchal d’empire. A chacun son destin.

Diango Sissoko, Premier ministre malien
Diango Sissoko, Premier ministre malien

Pour Diango en tout cas le baptême de feu primatorial se fait dans un déluge de feu. Mais sachant bien qu’il monte sur le bucher, il a accepté d’assumer la charge des hussards. Venu à la place de l’exubérant Cheick Modibo Diarra, son style tranche nettement d’avec celui de son prédécesseur : discrétion dans la modération, efficacité dans l’action. On ne lui connaît aucun bord politique ni même aucune ambition. Pourtant le locataire de la primature n’est pas un homme neuf. Loin s’en faut. Pendant quarante ans il s’est mis au dessus des querelles politiciennes se contentant comme disent les Chinois de contempler du haut de la montagne le combat des tigres dans la vallée. L’avantage avec Diango est que sa venue a mis fin à l’anarchie au sommet de l’Etat. Le chef de la junte mis sous l’éteignoir, on n’entend plus de piaillement d’un ministre au dessus de la tête de son chef. Tout semble donc rentrer dans l’ordre, chacun joue sa partition. Mais Diango aura compris de lui-même que face au très accommodant Dioncounda Traoré, il doit sans cesse monter à la roue. Il le fait déjà en servant de bouclier au chef suprême. En témoigne l’affaire des bérets rouges dans laquelle au lieu de prendre ses responsabilités le président s’est déchargé sur son premier ministre. Alors qu’il devait au contraire trancher dès le départ le noeu gardien d’une affaire qui a failli mettre la République en danger. C’est une récidive de la part du locataire de Koulouba. On se souvient que sous Alpha et alors qu’il était ministre de la défense, il n’a pas pu venir à bout, par son manque d’autorité, de la coordination des sous-officiers qui semait la pagaille dans les rangs pendant que huit cent élèves gendarmes descendaient dans la rue avec des armes pour jouer aux apprentis sorciers. Il aura fallu l’arrivée de Sada Sy au ministère de la défense pour sauver le pays de la catastrophe. Celui-ci disait alors qu’un responsable doit savoir prendre des décisions courageuses même impopulaires.

Une phrase mémorable que le premier ministre doit considérer comme une vérité biblique car dans la conduite des affaires de l’Etat il est dangereux de ménager la chèvre et le chou. Surtout en ces heures chaudes où il lui est formellement interdit de dormir comme un loire. Vu à l’œuvre l’homme en tout cas semble conscient de la mission sacerdotale qu’on lui a confiée à savoir libérer les régions occupées de l’emprise des vrais faux musulmans et organiser des élections propres. Même s’il est hasardeux de fixer une date butoir pour ces élections, il faut croire qu’on n’est pas loin de voir le bout du tunnel. Et cela grâce au débarquement de l’invincible armada franco-africaine venue prêter main forte à une armée en pleine déconfiture. De guerre il n’y en eut point mais un nettoyage à sec des tas d’ordures du nord. Où sont partis les croisés, les moudjahidines les fous de Dieu ? La foi ne soulève-t-elle plus les montagnes ? Et le combat cessa faute de combattants même s’il faut craindre une guerre d’usure.

A ce sujet l’optimisme du premier ministre n’est pas exagéré lorsqu’il dit aux blessés de Konna et de Diabaly que “Cette guerre va se terminer plus tôt que prévu” Et aux troupes étrangères il a dit “grâce à votre intervention rapide le Mali et son peuple sont restés debout” Profession de foi de Alpha “Le bateau Mali peut tanguer mais ne sombrera jamais” Paroles, peut-être messianiques mais il faut reconnaître  que le navire allait à vau-l’eau, on était tombé de Charybde en Scylla, du cocotier jusqu’au font du puits. Un navire qui était dirigé par trois capitaines aussi ivres les uns que les autres et qui se remet à flot après la tempête. Ouf, il était temps car le peuple était fatigué, les Maliens ont bu le calice jusqu’à la lie. Quand le défi des élections sera relevé viendra nécessairement le temps de la reconstruction, un autre défi car de Sévaré la ligne Maginot a bougé aux confins de Kidal.

En attendant le souci premier du premier ministre et de son équipe est de consolider les acquis. Il s’agit principalement de traquer les bandits armés qui se sont terrés dans les grottes de l’Adrar des Ifoghas. L’ennemi est certes vaincu mais il n’est pas enterré. Le terrorisme est une pieuvre qui étale ses tentacules partout dans le monde. Et tous les stratèges vous le diront, on s’achemine vers une guerre d’usure. Demandez aux capitaines Diby Syllas, Amara Danfaga (paix à leur âme) et Malick Diallo. Ils ont fait la guerre du sable à l’aube de l’indépendance en affrontant l’hydre irrédentiste. Les légionnaires maliens à leur tour doivent réussir la pacification du pays.

  Mamadou Lamine Doumbia  

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