Roue libre : De la dynastie des Magyars à Nicolae Ceausescu Sarkozy

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Vendredi dernier à Grenoble, le président français Nicolas Sarkozy, toujours fidèle à lui-même, a tissé un amalgame terrible entre délinquance et immigration. Ce discours mussolinien est intervenu suite à la mort d’un braqueur flinqué par un policier. Nicolas Ceaucescu Sarkozy (de son vrai nom) disait en substance que «cinquante ans d’immigration insuffisamment régulée ont abouti à mettre en échec l’intégration». Et souhaité que la nationalité française soit retirée à certains délinquants d’origine étrangère. Des propos que l’on n’avait pas l’habitude d’entendre dans la bouche d’un homme se prévalant jusqu’alors de ses origines hongroises.

 

En effet, originaires du pays des Magyars, les ancêtres du président français se sont établis sur les bords du Darabe au IXème siècle. Aussi, tout comme beaucoup d’étrangers établis en France, lui aussi est fils d’immigrés. Ses ancêtres ne sont pas des Gaulois. Ils ne sont ni Clovis 1er ni Vercyngétory. Qu’un fils d’immigré se livre à la chasse aux sorcières, de De Gaulle à Chirac en passant par Pompidou, il n’y a que Sarkozy qui est adepte à des pratiques aussi xénophobes. Même son alter égo Nicolas Ceausescu, le génie malfaisant des Carpates ne s’est pas livré à un tel pogrom contre les Roms, ce peuple erratique d’Europe majoritaire en Roumanie. Seul le régime du maréchal Pétain a eu recours à la remise en cause de la nationalité comme politique d’ensemble.

 

En tout cas, face à ce discours de Tartaffe, partout l’indignation est telle que Sarkozy doit prier Dieu et maudire le pouvoir. Certains estiment que le président français ne sait plus quoi inventer pour reconquérir son électorat perdu. Pour d’autres «on a affaire à un président paniqué face à une affaire d’Etat dangereuse pour lui». Pour d’autres encore «ce président démagogue a définitivement franchi le seuil de l’acceptable». Mais pour conforter son camp, cela valait-il vraiment la peine d’épouser les thèss racistes du Front national sur la psychose de l’insécurité. La dérive droitière de Sarkozy a enfanté un monstre auquel tout le monde (Africains et républicains de l’Hexagone) veut trancher la tête. Mais tout cela n’est guère étonnant de la part d’un chef d’Etat récidiviste.

 

Sarkozy avait suscité le même tollé le 26 juillet 2007 à Dakar, à l’occasion de son premier déplacement en Afrique subsaharienne en évoquant ce qu’il appelle «le drame de l’Afrique». Dans ce discours, il disait en substance que «l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire» ou que «le paysan africain ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles». Réaction musclée du président sénégalais Abdoulaye Wade pour qui «celui qui a écrit ce discours, Henri Guaino (conseiller de Sarkozy) est en retard de cinquante ans».

 

Réaction tout aussi indignée de Ségolène Royal, alors première Secrétaire du PS et de Adam Ba Konaré qui a tenu à rediger un contre-discours pour rétablir la vérité dans les faits. Nous voilà tout bonnement renvoyés au temps des troglodytes ou de l’homme des cavernes. Ainsi fait, l’Africain incarnerait le mythe du bon sauvage, c’est-à-dire gentil, naif, ignare et crédule. Sans être raciste Rousseau le premier a magnifié l’homme à l’état de nature qui serait corrompu par la société. Sarko le Magyar n’est pas un disciple de Rousseau mais celui d’Arthur de Gobineau et des philosophes nazis allemands Hegel et Nietzsche qui ont denié à l’homme noir toute participation à l’histoire.

Quel cadeau empoisonné au moment même où la plupart des pays africains célèbre le cinquantenaire de leur indépendance. 161 après l’abolition définitive de l’esclavage en France, on se rend malheureusement compte que les relations franco-africaines sont toujours empreintes d’une bonne dose de mépris et d’humiliation. Les truands, les escrocs, les voyous ne sont pas seulement que d’origine étrangère.

 

Les casseurs des banlieue et les braqueurs des banques et des stations d’essence sont des Franiais bon teint. Comment un homme responsable peut voir la paille dans les yeux d’autrui et non la poudre dans ses propres yeux ? Parce que l’autre c’est l’insécurité, c’est la pagaille, c’est la crasse. On a entendu trop de refrains mais il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cette suprême humiliation, personne n’est prêt à l’oublier.

Mamadou Lamine DEMBELE

 

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