Nuremberg, une petite ville de Bavière qui servait de siège au parti nazi, se tint pour la première fois d’octobre 1945 à novembre 1946, le premier tribunal de l’histoire chargé de juger les dignitaires du régime hitlérien après la victoire des alliés pendant la seconde guerre mondiale. Sur le banc des accusés on pouvait voir notamment le maréchal Von Keitel (celui-là même qui signa l’acte de reddition sans condition de l’Allemagne) le maréchal Herman Goering (commandant en chef de la Luftwaffe) Ribbentrop (ministre des affaires étrangères du Reich) Rudolph Hess (surnommé le criminel de la paix) le balafré Ernst Kaltenbrunner (chef de la Gestapo). Sur les 24 accusés, trois ne comparurent pas, douze furent condamnés à mort (dont Martin Bormann par contumace) sept furent condamnés à des peines de prison et trois autres furent acquittés. Pour la première fois dans l’histoire, ce tribunal précisa les notions de crime de guerre et génocide. A quoi s’ajoutera plus tard la notion de crime contre l’humanité.
Incontestablement, la Cour pénale internationale, une institution spécialisée des Nations Unies est l’héritière légitime du tribunal de Nuremberg. Sa création répond au souci constant de la communauté internationale de renforcer la protection des droits humains, de prévenir tout hécatombe en quelque lieu que ce soit mais surtout de châtier les grands criminels, ceux-là mêmes qui se seraient rendu coupables de massacres à grande échelle. Les premiers pensionnaires du tribunal de la Haye sont sans doute Slobodan Milosevic, le boucher de Belgrade qui s’est rendu célèbre dans la guerre de Bosnie, l’ancien président du Libéria, Charles Taylor et le chef de guerre congolais Jean Pierre Bemba. Pendant que ces bourreaux des peuples sont rattrapés par leurs crimes, le tribunal d’Arusha en Tanzanie connaît du génocide rwandais alors que les Khmers rouges de Pol Pot, Ieng Sarie et Khieu Sampan seront jugés par un tribunal spécial pour le génocide commis au Cambodge. L’intrépide envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU dans la fournaise bosniaque, Bernard Kouchner, vient d’enrichir l’arsenal juridique déjà existant en y ajoutant la notion de “devoir d’ingérence” pour arrête les massacres en protégeant les civils. Ce qu’on peut traduire par “droit d’ingérence humanitaire“.
Un concept que les forces françaises de l’opération “Licorne” et les troupes de l’ONUCI viennent d’appliquer concrètement sur le terrain et avec un grand succès en délogeant le loup de sa tanière de Cocody. N’eussent été les frappes chirurgicales faites par les forces de maintien de la paix, la guerre était en train de s’enliser en plein cœur d’Abidjan. Le dictateur retranché dans son bunker avec sa famille et ses proches et muni d’armes lourdes, résistait stoïquement à l’assaut des FRCI. Nul ne peut prévoir la suite d’un conflit qui perdure. Il fallait même craindre le risque d’un revirement de situation en faveur de Laurent Gbagbo car jusqu’à l’ultime minute rien n’était joué et aucun des deux camps ne pouvait crier victoire. A titre d’exemple malgré les bombardements intensifs de l’aviation alliée sur ses positions, Kadhafi plie mais ne rompt pas. Et la guerre est en train de s’enliser dans les sables mouvants du désert.
Quelques intellectuels malhonnêtes et à bout d’idée ont trouvé les moyens de critiquer l’intervention des forces impartiales, notamment celle de la France qu’ils accusent d’ingérence dans les affaires africaines. Ils ont même crié haro sur le colonialisme pendant que le premier ministre français, François Fillon annonçait à l’Assemblée le retour prochain au bercail de l’opération Licorne. On ne fait pas le bonheur d’un peuple contre son gré. Ont-ils seulement demandé au peuple ivoirien le calvaire qu’il vit depuis dix ans et tout cela par la faute d’un homme stupide désespérément accroché au pouvoir qu’il croyait de droit divin? Sans compter que ces derniers temps, aucun Abidjanais ne pouvait pointer dehors le bout du nez. Pénurie d’eau, de nourriture et de médicaments dans les hôpitaux, cadavres jonchant partout le sol, il était temps d’arrêter l’hécatombe. De plus, les Ivoiriens n’étant pas de grands migrants, le pays du vieux s’était vidé de ses habitants. Sachons raison garder parce que la guerre en Côte d’Ivoire n’est pas la guerre en Libye. Vérité au-delà des Pyrénées, mensonge en deçà. Au nom de l’assistance à un peuple en danger, il faut saluer l’action de la France et le génie de Bernard Kouchner. Toute autre considération est nulle et non avenue.
Mamadou Lamine DOUMBIA